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Chapitre 5 – Le verdict de la Lune

Author: Velvet aura
last update Last Updated: 2025-09-04 07:33:50

L’aube se leva, pâle et glaciale, sur Silverpine. Les tambours avaient cessé depuis longtemps, mais le silence pesait encore sur la meute comme une chape de plomb. J’avais à peine dormi dans la cellule humide, le dos meurtri par la pierre, les yeux gonflés d’avoir trop pleuré.

La porte s’ouvrit brusquement. Deux gardes entrèrent et m’ordonnèrent de me lever. Mes jambes tremblaient, mais je me redressai malgré tout. Mes mains, engourdies, picotaient encore d’une chaleur sourde. Je les serrai contre ma poitrine, comme pour étouffer cette lumière que je ne comprenais pas.

On me traîna hors de la prison vers la clairière des Anciens. La meute entière s’était rassemblée, un cercle de visages tendus et de murmures étouffés. Certains me fixaient avec haine, d’autres avec peur, quelques-uns avec une curiosité avide qui me glaça plus encore.

Je fus poussée au centre, là où se dressait la Pierre des Ancêtres. Le Conseil des Anciens se tenait déjà en demi-cercle, sombre et sévère. Eldric, leur chef, leva la main pour imposer le silence.

— Cette nuit, déclara-t-il d’une voix qui portait jusqu’aux arbres, la Lune a montré un signe inconnu. Une lumière née d’une oméga. Une lumière que nous n’avions jamais vue. Aujourd’hui, nous devons décider si cette enfant est une bénédiction… ou un danger.

Un frisson parcourut la foule.

Theron, le Bêta, fit un pas en avant, son regard chargé de mépris.

— Elle est un danger. Vous l’avez tous vu. Son pouvoir trouble nos esprits. Les ennemis s’en empareront pour nous anéantir. La seule solution est l’exil.

Des acclamations fusèrent, mais d’autres voix s’élevèrent, plus hésitantes.

— Et si elle pouvait nous aider ?

— Une guérisseuse… ça pourrait sauver des vies…

Mon cœur battait à tout rompre. J’avais envie de crier que je ne voulais faire de mal à personne, que je n’avais rien choisi. Mais aucun mot ne franchit ma gorge nouée.

Eldric me fixa de ses yeux gris.

— Lyra de Silverpine. Tu prétends ne pas comprendre ton pouvoir. Mais nous ne pouvons pas juger sans preuve. Tu vas nous le montrer. Ici, devant la meute.

Je reculai, paniquée.

— Je… je ne sais pas comment. Je ne contrôle rien !

Un sourire froid étira ses lèvres ridées.

— Alors la Lune choisira pour toi.

Il fit signe. Deux guerriers s’avancèrent, traînant un loup blessé. Son flanc était zébré d’une plaie profonde, encore saignante. Je reconnus l’un des chasseurs tombé la veille lors d’un entraînement. Ses gémissements me transpercèrent le cœur.

— Approche, ordonna Eldric. Guéris-le.

La foule retint son souffle. Tous les regards s’accrochèrent à moi. Mes mains tremblaient. Je secouai la tête.

— Je ne peux pas… je ne veux pas…

Theron gronda.

— Refuser, c’est avouer que tu es une fraude. Ou pire, que tu nous caches quelque chose.

Je fermai les yeux, submergée par la panique. Quand je les rouvris, le chasseur blessé me regardait, ses yeux embués de douleur. Il n’avait rien demandé, lui non plus.

Mon cœur se serra. Lentement, j’avançai, chaque pas résonnant comme une marche vers la potence. Je m’agenouillai près de lui. Mes doigts tremblaient lorsque je posai la main sur sa plaie.

Au début, rien. Puis la chaleur jaillit, plus forte qu’auparavant. Mes paumes s’illuminèrent, argentées, la lumière se répandit sur la blessure. La chair se referma sous mes yeux, le sang cessa de couler. Le souffle du chasseur se calma, ses yeux s’écarquillèrent d’étonnement.

Un silence stupéfait s’abattit sur la clairière. Puis les murmures explosèrent.

— Elle l’a guéri !

— Par la Lune…

— C’est impossible…

Je retirai ma main, haletante, vidée de mes forces. Le chasseur se redressa, la plaie disparue. Il balbutia quelques mots de gratitude, mais recula aussitôt comme s’il avait peur que ma lumière l’empoisonne.

Je baissai les yeux, honteuse, tandis que la foule se divisait. Les uns criaient que j’étais une sorcière. Les autres réclamaient que je sois protégée comme une relique.

Eldric leva la main pour calmer les clameurs.

— Vous avez vu. Ce pouvoir est réel. La Lune a marqué cette enfant. La question est simple : allons-nous la garder… ou la bannir ?

Theron s’avança encore, ses crocs découverts.

— La garder, c’est condamner la meute. Les ennemis sentiront ce pouvoir, ils viendront.

Une voix s’éleva, forte et impérieuse.

— Et la bannir, c’est perdre une force que la Lune elle-même nous offre.

C’était Caius. L’Alpha.

Tous se turent aussitôt. Son regard sombre glissa sur moi, dur et brûlant à la fois.

— Elle m’appartient, dit-il enfin. Et je décide de son sort.

Un frisson parcourut la foule. Les murmures reprirent, plus houleux que jamais.

Moi, j’étais figée. Ses mots résonnaient dans mon crâne. Elle m’appartient.

Pas mon âme sœur. Pas ma compagne. Non. Un fardeau, une possession.

Et dans mes veines, la douleur pulsa plus fort que la lumière.

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