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Chapitre 3

Author: JI Xiaonuan
À peine Élodie avait-elle terminé sa phrase que le secrétaire personnel de Victor a déboulé, hors d'haleine.

Victor était réputé pour garder son sang-froid en toutes circonstances, même face aux pires catastrophes.

Même quand elle venait de parler de rompre leurs fiançailles, il n'avait pas cillé, mais à cet instant, ses pupilles se sont contractées et son visage s'est crispé d'inquiétude.

Élodie savait ce qui se passait : la nouvelle de la tentative de suicide de Sophie venait d'arriver.

Voyant Victor sur le point de filer avec une mine défaite, Élodie lui a carrément barré la route.

« M. Moreau, notre conversation n'est pas terminée. »

« Pousse-toi. »

Le ton de Victor était glacial, chargé d'une menace à peine voilée.

Cette femme n'était pour lui qu'un pion utile pour amadouer sa famille et sa grand-mère, il n'avait jamais ressenti la moindre affection pour elle.

Il pouvait bien épouser Élodie, mais si Sophie était en danger ce soir, il ne laisserait pas passer ça.

Élodie n'avait visiblement aucune intention de s'écarter. Elle a demandé : « Vous êtes si pressé, serait-ce pour courir retrouver Mlle Laurent ? »

À ces mots, la voix de Victor s'est teintée d'un mépris cinglant : « Qu'en penses-tu ? Sophie a tenté de se suicider à cause de toi. Je te préviens, je peux te donner le titre de Mme Moreau, mais n'espère rien de plus ! »

En entendant Victor, Élodie a trouvé la situation risible.

Elle n'avait jamais rien fait contre Sophie, ni contre qui que ce soit d'ailleurs, mais Victor et Sophie lui avaient porté le coup le plus cruel !

Ils avaient même fait d'elle le dommage collatéral de leur histoire d'amour.

Élodie a haussé le ton : « Victor Moreau, c'est notre soirée de fiançailles aujourd'hui. Si tu franchis cette porte pour retrouver Sophie, considère nos fiançailles comme annulées ! »

La voix d'Élodie n'était pas très forte, mais suffisante pour que tous les invités proches l'entendent.

Les flashs des photographes crépitaient, éclairant alternativement leurs deux visages.

Victor a plissé les yeux d'un air menaçant : « Me menacer de rompre ? Élodie Mercier, tu te surestimes gravement ! »

Sur ces mots, Victor l'a simplement contournée pour s'en aller.

Il ne croyait pas une seconde qu'Élodie aurait les tripes de rompre avec la famille Moreau !

Voyant Victor s'éloigner, Élodie s'est avancée avec dignité vers l'estrade et a adressé un léger sourire aux invités : « Aujourd'hui, le PDG du groupe Moreau a préféré Mlle Laurent à nos fiançailles. Je lui accorde ce qu'il souhaite. À partir de maintenant, Victor Moreau et moi suivrons chacun notre propre chemin, sans plus aucun lien entre nous ! »

À ces mots, Colette, qui papotait encore avec d'autres dames de la haute société un instant plus tôt, a changé d'expression comme si on l'avait giflée, laissant tomber sa coupe de champagne.

Quoi ? Rompre les fiançailles ? Cette Élodie avait-elle perdu la raison ?!

Pendant ce temps, dans la voiture : « M. Moreau, si Mlle Mercier est sérieuse à propos de cette rupture, pour Madame votre grand-mère... »

Rompre les fiançailles ? Victor a laissé échapper un rire sans joie.

La famille Mercier crevait d'envie de marier Élodie aux Moreau, et Élodie elle-même n'avait pas hésité à se déguiser en Sophie pour lui plaire. Maintenant qu'elle touchait enfin au but, il ne pouvait croire qu'Élodie voudrait renoncer, encore moins que les Mercier lui permettraient une telle absurdité.

« Dites à Mme Mercier de faire tenir sa fille tranquille. Si elle ne veut pas du titre de Mme Moreau, d'autres se bousculeront pour l'obtenir. »

Sans l'insistance de sa grand-mère qui réclamait une petite-belle-fille à cor et à cri, il n'aurait jamais précipité ces fiançailles.

« M. Moreau, alors... ces fiançailles sont vraiment annulées ? »

Victor a répondu sèchement : « Les Mercier me sont encore utiles, ces fiançailles auront lieu comme prévu. »

« Mais vous venez de... »

« Les fiançailles se feront, mais je dois rappeler aux Mercier quelle est leur place. »

« Devrions-nous envoyer quelqu'un s'expliquer avec Mlle Mercier ? »

« Pas la peine. »

À l'évocation d'Élodie, un éclair de dégoût et d'agacement a traversé le regard de Victor : « De toute façon, elle viendra ramper à mes pieds pour s'excuser d'ici demain. Ce genre de numéro, j'en ai vu des dizaines. »

Ces trois derniers mois, Élodie n'avait cessé de lui courir après, s'informant de ses moindres préférences, connaissant son emploi du temps sur le bout des doigts, se précipitant chez sa grand-mère pour la servir et la brosser dans le sens du poil.

C'était franchement répugnant.

Sans l'intérêt de sa grand-mère pour Élodie, et si les Mercier n'avaient pas une certaine utilité, jamais il n'aurait envisagé de se fiancer avec une femme de ce genre.

Cette fois, si Élodie pensait jouer à la difficile lors de leurs fiançailles, il ne céderait pas d'un pouce.

Le soir, au manoir Mercier, Élodie venait à peine de descendre de la voiture que celle de Colette s'est arrêtée en trombe juste derrière.

Colette en est sortie comme une furie : « Mademoiselle Élodie ! Tu as complètement perdu la tête ? Comment as-tu osé parler de rompre les fiançailles devant tout ce monde ? Tu es tombée sur la tête ou quoi ?! »

Élodie l'a royalement ignorée, continuant à marcher tout en retirant ses bijoux un à un.

Pauline, voyant Élodie rentrer si tôt, a demandé avec étonnement : « Mademoiselle ? N'était-ce pas votre soirée de fiançailles avec M. Moreau aujourd'hui ? Comment se fait-il que vous soyez déjà de retour ? »

Élodie ne lui a pas répondu, filant directement vers son dressing. Elle a arraché le collier de perles de son cou, balancé sa robe de soirée, et jeté dans un carton tous les vêtements qui ressemblaient au style de Sophie.

« Mademoiselle ! Mais qu'est-ce que vous faites... »

Pauline est restée bouche bée.

Élodie a jeté un coup d'œil à la rangée de parfums sur l'étagère. C'étaient tous des parfums que Sophie affectionnait.

Dans un fracas de verre brisé, Élodie les a tous envoyés valser au sol.

Pauline a sursauté, complètement dépassée.

« Pauline, laissez-moi passer. »

La voix glaciale d'Élodie a claqué, et avant que Pauline puisse réagir, Élodie l'a contournée avec son carton pour descendre l'escalier.

Dans l'arrière-cour du manoir, Élodie a vidé le contenu du carton dans un grand baril en fer.

Après y avoir versé de l'essence et jeté une allumette, des flammes ont jailli furieusement du baril.

Contemplant le brasier qui dévorait ses affaires, le regard d'Élodie était de glace.

Le destin lui offrait une seconde chance. Cette fois, elle refusait catégoriquement d'être l'ombre de Sophie.

Sur cette pensée, Élodie a sorti son portable et appelé sa meilleure amie, Lucie Lemoine.

« Lucie, j'ai besoin que le journal de ta famille publie un scoop, de ceux qui deviennent viraux en une heure. Je paierai ce qu'il faut. »

« Hein ? Tu n'étais pas censée te fiancer avec Victor ce soir ? Tu n'as pas besoin d'être si excitée au point de le crier sur tous les toits ! »

« J'ai changé d'avis. »

« Changé d'avis sur quoi ? Tu regrettes de ne pas avoir annoncé vos fiançailles à la terre entière plus tôt ? »

« Je veux dire que j'annule tout. »

« Annuler ? Arrête ton char ! Toi, la dernière personne à vouloir rompre ! C'est de Victor Moreau qu'on parle, celui que tu as léché comme un toutou pendant trois mois ! »

Le silence au bout du fil a finalement fait comprendre à Lucie que c'était sérieux : « Tu... tu ne déconnes pas ? »

Le lendemain, la nouvelle de la rupture des fiançailles par l'héritière Mercier a mis le feu à la toile.

Les discussions faisaient rage sur les réseaux. Qui à Clairbois ne savait pas qu'Élodie Mercier était dingue du PDG Victor Moreau ?

Et pourtant, le jour même des fiançailles, Élodie avait tout plaqué à la dernière minute, transformant la soirée en farce grotesque, écrasant la réputation des Moreau dans la boue.

« L'héritière Mercier révèle que le PDG Victor Moreau souffre d'impuissance. Pour éviter les frustrations dans leur future vie conjugale, elle a rompu leurs fiançailles. Elle présente ses excuses à la famille Moreau pour ce désagrément ! »

Dans un salon privé, Raphaël Saunier se marrait en fixant son écran : « Victor, c'est vrai ou pas ? Tu as des problèmes au lit ? Première nouvelle ! Laisse-moi voir ce que tu as dans le pantalon ! »

Voyant Raphaël tendre la main avec un sourire narquois, Victor l'a repoussé brutalement, le visage sombre comme un orage : « Quel journal ? »

« Tu demandes lequel ? Celui des Lemoine, évidemment ! Tu n'as pas idée du nombre de médias qu'ils ont mobilisés. On dit qu'ils ont tiré cent mille exemplaires avec l'article en une. Maintenant, toute la planète sait que le grand Victor Moreau est en panne. Ça cartonne, numéro un des tendances. Tu veux voir par toi-même ? »

Raphaël a collé son téléphone sous le nez de Victor, dont le visage s'assombrissait de seconde en seconde. Il a serré son verre à le briser, les yeux chargés d'une fureur glaciale : « C'est Élodie qui a monté ce coup ? »

« Qui d'autre ? L'héritière Mercier et l'héritière Lemoine sont comme cul et chemise depuis la maternelle. Tu as dû faire quelque chose d'impardonnable, sinon, vu comme elle te mangeait des yeux, comment pourrait-elle te démolir publiquement ? »

À ce moment, Paul, le secrétaire de Victor, est entré précipitamment dans le salon : « M. Moreau... »

Victor, le visage noir de rage, a coupé : « Vous l'avez trouvée ? Où est Élodie Mercier ? »

« Il semblerait qu'elle soit... juste à côté. »

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