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Chapitre 34 — L’Offrande
Last Updated:
2025-06-16 17:22:58
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SANG SAUVAGE Chapitre 39 — Les Frères et la Flamme
ISABELLALe palais se referme sur les jours comme une main sur un secret.Il les garde. Il les sculpte. Et certains deviennent des pierres fondatrices.Aujourd’hui est l’un d’eux.Dès le matin, ils sont là.Pas tous ensemble. Mais un à un, comme appelés par une note que je n’entends pas mais qu’eux perçoivent.Je suis dans la cour intérieure, pieds nus sur les dalles chauffées par le soleil. Un livre sur les genoux. Les pages battent au rythme du vent. Le silence est paisible, pour une fois. Et il me surprend.— On ne lit pas en position de combat, dit une voix derrière moi.Je relève la tête.Lucien.Vêtu d’un pantalon noir et d’une tunique simple, il s’étire comme un fauve paresseux. Il s’approche, s’assoit à côté de moi, sans cérémonie, et m’arrache le livre des mains.— “Rituels des fondations premières”, lit-il à haute voix, faussement sérieux. Tu veux faire exploser les murs, maintenant ?— Pas encore, je souris.— Hm. Préviens-moi quand tu décides de le faire. Je veux être le p
SANG SAUVAGE Chapitre 38 — Le Sang et les Signes
ISABELLAJe ne dors plus de la même manière.Le sommeil vient, mais il ne me prend jamais tout à fait. Je reste en lisière. En veille. Comme si mon corps savait que quelque chose s’approche. Pas une menace, non. Mais un tournant. Une poussée souterraine dans les fondations du palais, un frémissement dans les murs, une tension dans les pierres.Je le sens dans mes os. Comme une mémoire oubliée qui cherche à revenir.Parfois, en pleine nuit, je m’éveille en sursaut. Le cœur battant. Le souffle court. Et dans ce silence lourd, j’entends… non, je devine… comme des mots murmurés trop bas pour être compris. Des phrases sans langue. Des appels sans voix.Je reste alors assise, longtemps, les draps remontés jusqu’à ma poitrine, les yeux fixés sur l’obscurité. Je n’ai pas peur. Mais je sais que quelque chose remue. Que le palais, dans ses profondeurs, respire différemment depuis que je suis là.Il est midi passé. Le soleil frappe haut, mais la lumière ne traverse jamais vraiment ces couloirs.
SANG SAUVAGE Chapitre 37 — Les Mains et les Murmures
ISABELLALe palais ne dort jamais tout à fait.Même aux premières heures, même quand les torches s’éteignent une à une et que les grands corridors de pierre se couvrent d’un voile de silence, il y a toujours un pas, un souffle, un froissement d’étoffe quelque part. Un garde qui change de tour, une servante qui rallume un feu, un conseiller en mal de sommeil. Le palais veille, comme une bête gigantesque aux mille yeux entrouverts.Je m’y réveille lentement.Mon corps est encore lourd de la nuit passée. Mes cuisses portent les traces de leur passage et non pas des douleurs, mais cette étrange fatigue délicieuse, cette tension douce entre les jambes, cette chaleur résiduelle qui me rappelle, dans chaque geste, ce que j’ai vécu.Je suis seule dans ma chambre. Ils sont partis à l’aube, appelés par les tâches du jour. Ils ne m’ont pas réveillée. Ils m’ont laissée là, dans les draps froissés, la peau nue, couverte d’un voile d’odeur et de souvenir.Quand je me lève, mes pieds frôlent un sol
SANG SAUVAGE Chapitre 36 — Les Peaux et les Promesses
ISABELLALe silence est un baume sur ma peau.Un silence doux, vibrant, vivant chargé de tout ce que nous avons traversé, de tout ce que nous n’avons pas encore dit. L’aube enlace la forêt, la recouvre d’un voile diaphane. Chaque branche semble s’éveiller avec précaution, chaque feuille frémir d’un souffle ancien. La terre respire.Et moi aussi.Je suis debout, enveloppée dans cette grande fourrure que j’ai tirée à moi comme on tire une protection contre le monde. Mais je n’ai plus froid. La chaleur vient de l’intérieur maintenant. De ma peau encore imprégnée de leurs caresses. De mon ventre apaisé. De mon cœur qui bat, doucement, sans panique.Je ferme les yeux un instant, laisse le vent effleurer mes joues, mordre ma gorge, soulever mes cheveux. Il y a dans l’air une odeur de mousse, de cendre et de bois humide. Mais aussi, en filigrane, l’écho de leurs odeurs à eux. L’odeur de la nuit partagée.Et soudain, je sens une présence.Je me retourne.Lucien est là.Il est nu, magnifique d
SANG SAUVAGE Chapitre 35 — L’Aube et les Hommes
IsabellaL’aube filtre à peine à travers les interstices de l’abri, des lueurs pâles glissent sur les fourrures et les corps nus. La forêt respire autour de nous, et dans ce souffle ancien, je me réveille.Je n’ai pas froid.Je n’ai plus peur.Je suis lovée dans un nid de chaleur, de muscles et de cœurs battants.Mes paupières s’ouvrent lentement. Et je les vois.Mes hommes.Mes gardiens.Mes amants.Chacun d’eux est là, paisible, endormi, abandonné au silence comme un guerrier au repos après la bataille la plus douce.Je tourne la tête. Mon regard s’attarde sur Ivan, le premier.Il est couché sur le côté, son bras passé autour de mes hanches comme une chaîne protectrice. Son visage est apaisé, presque juvénile dans le sommeil. Ses sourcils, pourtant si souvent froncés dans la tension, sont lissés. Ses cils épais ombrent ses pommettes hautes. Une légère barbe couvre sa mâchoire carrée, sombre et dense, et ses lèvres entrouvertes laissent passer une respiration tranquille.Il a la forc
SANG SAUVAGE Chapitre 34 — L’Offrande
IsabellaLa nuit a avancé.Je suis dans l’abri qu’ils ont préparé, fait de bois et de tissus épais, un cocon au milieu de la forêt. Le feu crépite encore, répandant des reflets dorés sur les parois, sur ma peau. Je suis assise sur les fourrures, la cape glissée de mes épaules, offerte au silence, à la chaleur.Je suis propre. Purifiée. Mais je ne dors pas.Je suis vivante. Entière.Et je sens leur présence. Comme une vague lente. Un frisson au fond du ventre. Mon cœur s’ouvre. Mon corps se réveille. Pas dans la peur. Pas dans l’angoisse. Mais dans une attente brûlante et douce.Ils entrent un à un.Ivan. Lucien. Mikhaïl. Ezra.Leurs regards sont graves. Aucuns mots ne troublent le silence.Ils sont là pour moi.Pas pour posséder.Pour partager.Je ne bouge pas.Je n’ai pas peur.Ce n’est pas un assaut.Ce n’est pas une obligation.C’est une offrande.Ma volonté.Mon désir.Ils attendent. Qu’un geste vienne de moi. Qu’un regard autorise.Je me lève.Mes pas sont sûrs. Ma nudité ne m’ef
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