Un froid glacial s’empara de Leina. Le nom avait claqué dans l’air comme un coup de feu.
Ta mère.Elle resta figée, incapable de réagir. C’était impossible. Inimaginable. Sa mère était morte. C’était ce que son père lui avait toujours dit. Une femme brisée, disparue trop tôt, trop mystérieusement. Une ombre sans visage dans ses souvenirs d’enfance.— Tu dis n’importe quoi, Arslan. C’est impossible.— Non, souffla-t-il. Je ne suis pas sûr à cent pour cent. Mais si ce que Liam a dit est vrai… alors tout ce qu’on croit savoir est faux.Il s’agenouilla près du garde blessé, vérifia son pouls. Il était faible, mais encore là.Leina recula lentement. Tout en elle voulait crier, hurler, briser quelque chose. Elle sentait la panique la gagner, mais elle la repoussa d’un revers d’instinct. Pas maintenant. Pas devant lui.— Depuis combien de temps tu sais que c’est possible ? demanda-t-elle d’une voix tremblante.— DepuisLa nuit venait à peine de tomber, et déjà la tension s’épaississait comme un voile sur la demeure. Kael arpentait le couloir en silence, ses pas lourds trahissant la bataille qu’il menait intérieurement. Liora, assise près de la grande baie vitrée, observait la pluie qui s’abattait contre les vitres, comme si le ciel lui-même pleurait avec elle. Depuis leur retour de la confrontation avec les ennemis, un silence pesant avait remplacé les éclats de voix et les promesses passionnées. Kael n’avait cessé d’éviter son regard, comme si ses propres yeux étaient devenus des lames capables de le blesser plus profondément que n’importe quelle arme. — Kael…, murmura-t-elle enfin, la voix tremblante mais ferme. Tu ne peux pas continuer à fuir. Pas moi. Pas après tout ce qu’on a traversé. Il s’arrêta net, les poings serrés. Son dos large semblait prêt à se rompre sous le poids invisible qu’il portait. Après un moment, il tourna lentement la tête, et s
La pluie ne cessait pas. Elle tombait en rafales, comme si le ciel lui-même cherchait à effacer leurs traces. Kael tenait fermement la main de Liora, la tirant presque pour la faire avancer plus vite. Le souffle court, trempée jusqu’aux os, elle avait l’impression que ses jambes ne la porteraient plus. Mais la voix de Kael, grave et pleine d’une force qu’elle ne pensait pas possible, la poussait à continuer.— Ne t’arrête pas, Liora ! Il est juste derrière nous !Elle se retourna un instant. Dans l’obscurité déchirée par les éclairs, elle aperçut une silhouette : Varian, leur poursuivant avec une vitesse inquiétante. Malgré la pluie, malgré la douleur de son bras blessé, il avançait comme un prédateur, chaque pas résonnant comme une menace.Le cœur de Liora battait si fort qu’elle croyait qu’il allait exploser. Elle avait encore dans les oreilles la révélation de cet homme : « Je suis ton père ». Ces mots la hantaient, se mélangeant au fracas de la tempête
La pluie battait toujours contre les vitres, martelant le silence tendu de la pièce. L’intrus franchit lentement le seuil, ses bottes laissant une traînée d’eau sur le parquet. La silhouette, massive et sombre, semblait absorber toute la lumière autour de lui. Son visage se découvrit peu à peu sous l’éclat intermittent des éclairs : un homme aux traits durs, marqué par le temps et les cicatrices, ses yeux noirs transperçant Kael et Liora comme des lames.Liora sentit son cœur se serrer. Elle connaissait ce regard, elle l’avait déjà vu… dans ses cauchemars, dans les lettres de sa mère.— Toi… murmura-t-elle, la voix brisée.L’homme esquissa un sourire froid.— Alors tu m’as reconnue, petite. Comme ta mère, tu portes dans tes yeux la trace de ton vrai sang.Kael se plaça devant elle, son corps formant une barrière solide.— Ne t’avise pas de l’approcher, gronda-t-il.L’homme éclata d’un rire amer.— Toujours aussi
L’orage éclatait dehors, violent, comme pour marteler chaque silence qui s’installait entre Kael et Liora. Les éclairs illuminaient la pièce, révélant leurs visages crispés, leurs regards chargés de tout ce qu’ils n’avaient jamais dit. Liora, assise au bord du canapé, serrait toujours les lettres de sa mère dans ses mains tremblantes. Kael, lui, restait debout, droit, mais son corps tout entier vibrait d’une tension contenue.— Alors, parle, Kael… dis-moi ce que tu caches, ordonna-t-elle d’une voix basse mais ferme.Il inspira profondément, ferma les yeux un instant, puis se mit à marcher dans la pièce, comme un fauve enfermé dans une cage.— Tu veux la vérité, Liora ? Très bien… mais sache que cette vérité n’est pas un simple récit. Elle est une malédiction qui a commencé bien avant nous, et qui continue encore aujourd’hui.Il s’arrêta, se retourna vers elle. Ses yeux sombres brillaient d’un éclat douloureux.— Ton père… ton vrai père… n
Le silence de la nuit était lourd, presque suffocant. Kael fixait le plafond de la chambre d’hôtel qu’il avait louée à la hâte, incapable de trouver le sommeil. Chaque battement de son cœur résonnait comme un écho douloureux, rappelant les choix qu’il avait faits et ceux qu’il s’apprêtait à prendre. La présence de Liora hantait son esprit, son regard mêlant reproche, tendresse et colère ne cessait de revenir le hanter.Il se leva brusquement, traversa la pièce et ouvrit la fenêtre. L’air frais de la nuit s’engouffra, mais même ce souffle glacé ne parvint pas à apaiser l’incendie qui consumait son esprit. Au loin, la ville brillait, paisible, indifférente aux tempêtes intérieures qui l’assaillaient.— Je ne peux pas continuer comme ça… murmura-t-il pour lui-même.Ses poings se crispèrent sur le rebord de la fenêtre. L’heure des vérités approchait, il le savait. Mais était-il prêt à les affronter ? Était-il prêt à révéler à Liora ce qu’il avait toujours tu,
Le hangar résonnait des échos métalliques des bottes et des armes qui se mettaient en joue. La fumée, épaisse et suffocante, brouillait la vue, mais les projecteurs implacables rendaient chaque ombre tranchante, chaque respiration plus lourde. Kael, debout au milieu de ses compagnons, gardait son arme levée, mais son regard était fixé sur la silhouette de Moretti, dominant la scène depuis la passerelle métallique.— Toujours aussi prévisible, Kael, lança Moretti avec un sourire cruel. Tu crois tendre des pièges, mais c’est toujours moi qui écrase l’adversaire sous ses propres illusions.Kael ne broncha pas. Ses yeux étincelaient d’une rage froide.— Cette fois, tu t’es trompé d’ennemi, Moretti. Tu aurais dû apprendre à craindre les loups solitaires.Autour d’eux, les hommes armés se resserrèrent. Liora plaça instinctivement Selene derrière elle, son arme pointée vers la nuée d’adversaires. Armand, déjà accroupi, pianotait fébrilement sur sa tablet