Chapitre 2

Je suis rentrée à la maison pour ranger les affaires que Valentin avait laissées chez nous.

Depuis trois mois, j'avais passé la plupart de mon temps à chercher ses traces le long de ses routes de patrouille, revenant rarement à la maison. Et chaque fois, à part la cuisine et le lit de la chambre, je n'avais pratiquement touché à rien.

Mais quand j'ai ouvert le coffre-fort, je suis restée figée sur place. Plus de la moitié de l'argent avait disparu, et plusieurs de mes bijoux précieux s'étaient aussi volatilisés, dont le collier en coquillage lunaire que ma mère, aujourd'hui décédée, m'avait offert.

Mon corps s'est mis à trembler. Comprenant tout, j'ai éclaté d'un rire en larmes.

Pendant ces trois mois, pour chercher Valentin, j'avais bravé le vent et la pluie, avais dormi dans des grottes avec les équipes de secours, avais mangé des herbes sauvages et avais été au bord de l'effondrement mental. À chaque instant, j'avais tenté de le contacter par notre lien mental, espérant une réponse… mais en vain.

Mais lui, il était rentré pour me voler !

J'ai activé les enregistrements de surveillance et suis tombée sur les images du dernier mois :

Dès le troisième jour de sa disparition, Valentin était revenu, le bras autour des épaules de Mélodie, pour entrer dans notre chambre.

Peu après, ils étaient ressortis, des pièces d'or à la main, Mélodie arborant mon collier autour du cou. Elle avait lancé à Valentin, d'un air suffisant : « Béatrice a pas mal de belles choses, cette matérialiste… Pas étonnant que tu veuilles te débarrasser d'elle. Elle a dû te harceler pour que tu lui offres tous ces bijoux. »

Puis, feignant la colère, elle avait ajouté : « Tu as tout dépensé pour elle… Tu m'as oubliée, moi, ta meilleure amie. »

Valentin avait fait sauter une pièce d'or dans sa main : « Pour me faire pardonner, aujourd'hui, tu choisis ce que tu veux. Promis, ce sera encore mieux que les babioles de Béatrice. »

Et deux nuits plus tard, Valentin était revenu, enlaçant Mélodie, pour passer la nuit dans notre lit.

Je regardais ces images, les larmes coulant sans que je m'en rende compte. Non pas pour Valentin, mais pour moi-même, pour toutes ces années de sacrifices.

En tant que fille unique de l'Alpha de la Meute de Plaines de l'Est, après mon union avec Valentin, j'avais géré son clan avec dévouement, noué des alliances commerciales avec les Plaines de l'Est, endossé mes devoirs de Luna tout en assumant une partie des tâches de l'Alpha… Tout ça pour que Valentin puisse vivre dans l'insouciance et la débauche.

Et maintenant ? C'était moi qu'il accuse d'être matérialiste ?

Une douleur a déchiré ma poitrine.

Ces derniers temps, une douleur sourde rongeait mon corps et mon esprit. Je croyais que c'était la peine d'avoir perdu Valentin… mais en réalité, c'était le lien de couple qui me signalait sa trahison.

Pendant que je le cherchais comme une folle aux quatre coins du monde, lui, que faisait-il ? Lui et Mélodie passaient leurs nuits chez nous, dans notre maison. Mélodie enfilait mes pyjamas, partageait mon lit avec mon compagnon !

En voyant leurs échanges intimes, j'ai serré les dents si fort que ma lèvre s'est mise à saigner. Je refusais de pleurer. Cet homme ne méritait pas mes larmes.

C'était alors que mon téléphone a sonné. Je n'avais pas la tête à répondre, mais l'appel insistait, encore et encore.

Quand j'ai vu le nom sur l'écran, j'ai hésité une seconde avant de décrocher.

« Lambert. Qu'est-ce qu'il y a ? »

« Il y a quelque chose que tu dois voir. »

Il m'a envoyé immédiatement une vidéo. On y voyait Valentin et Mélodie dans un bar, partageant le même verre, leurs lèvres presque collées, leurs regards enlacés comme du miel filant.

« Valentin n'est pas mort », a déclaré Lambert.

« Je sais », ma voix tremblait en prononçant ces mots.

« Alors pourquoi… » Il s'est interrompu, puis a éclaté de rire, comme s'il venait de comprendre.

Lambert, le plus jeune fils du grand-père de Valentin, était son oncle à peine plus âgé que lui. Alpha comme Valentin, il avait quitté la meute après l'accession au pouvoir de ce dernier pour voyager.

Quand j'avais appris qu'il avait fondé sa propre meute, nos contacts étaient devenus encore plus rares.

Après la « disparition » de Valentin, je l'avais contacté pour demander son aide. Par égard pour les liens familiaux, il avait accepté de chercher avec moi. Je lui devais une faveur… Et aujourd'hui, c'était lui qui me révélait le premier que Valentin était vivant.

« Lambert, si tu es libre… viens aux funérailles de Valentin après-demain. »

« Je ne manquerai ça pour rien au monde. »