Le ciel était d’un bleu d’encre, parsemé d’étoiles scintillantes. La pleine lune baignait le lac d’une lumière opaline, faisant miroiter la surface de l’eau comme une mer de diamants. Tout était calme, sauf le cœur de Luna, qui battait trop vite.Kaelen l’avait invitée à une escapade sous prétexte de diplomatie, mais rien dans son regard n’avait de politique. Lorsqu’elle s’était approchée de la barque amarrée sur la rive, il l’y attendait déjà, vêtu d’un manteau d’argent bordé de fourrure blanche. Ses yeux clairs brillaient dans la nuit.— Monte avec moi, avait-il murmuré. Je veux te montrer un endroit… que seuls les Dieux connaissent.Elle avait hésité. Juste un instant. Puis, elle avait posé le pied dans la barque.La traversée avait été silencieuse, bercée par le clapotis de l’eau et le frottement du bois contre la rame. Kaelen, assis en face d’elle, ne détachait pas ses yeux de son visage. Il ne parlait pas. Il observait.Quand ils accostèrent sur une petite île perdue au milieu
Le crépuscule jetait ses dernières lueurs sur Elorya, peignant les murs de pierre du château d’une couleur chaude, presque irréelle. Luna s’était retirée sur le balcon principal, observant les tentes installées au loin, où les guerriers Sëyrkars préparaient leur départ. L’air était lourd d’une promesse fragile.Kaelen Thorne se tenait à ses côtés, silhouette imposante drapée de blanc et d’argent. Son regard d’acier était fixé sur l’horizon, mais il revint rapidement à elle, les yeux brûlants d’une intensité qu’elle ne pouvait ignorer.« Le temps vient où nos guerriers doivent retourner à Naärvand, » déclara-t-il d’une voix basse et contrôlée.Luna hocha la tête. « Oui. Mais une partie de ton peuple reste. »Il sourit, un sourire dur, mais non dénué d’une certaine admiration.« Les enfants et les femmes. Ils trouveront ici la protection qu’ils ne peuvent plus avoir là-bas, du moins pour l’hiver. »« Et en échange ? » demanda-t-elle en croisant ses bras.Kaelen s’approcha, effleurant la
Le vent mordait la peau comme une lame acérée. Le ciel s’était couvert d’un voile d’acier, lourd de promesses orageuses. Depuis les remparts d’Elorya, Luna observait les silhouettes qui s’approchaient lentement de la frontière. Une colonne parfaitement ordonnée, drapée de manteaux bleus et argent, avançant sans un mot, comme si le froid n’avait aucune emprise sur eux.Les Sëyrkars étaient arrivés.— Ils sont exactement comme dans les anciens contes… souffla Nyra, la sentinelle postée à ses côtés. Glacés. Inflexibles. Inhumains.Mais Luna ne répondit pas. Ses yeux restaient fixés sur celui qui marchait en tête, le seul sans capuche. Kaelen Thorne. Grand, presque irréel, ses cheveux d’argent flottaient dans la brise gelée. Il avançait comme un roi venu réclamer ce qui lui revenait, le regard planté droit devant lui, jusqu’à ce qu’il croise celui de la louve.Un frisson la traversa. Pas de peur. Pas vraiment.De défi.⸻La salle du Conseil avait été vidée de tout excès. Ni or, ni draperi
La porte s’était refermée doucement derrière lui, laissant la chambre baignée d’une lumière lunaire tamisée. Luna était là, debout, immobile, le regard brûlant d’une attente qu’elle n’avait plus osé avouer.Drakos s’approcha lentement, chaque pas mesuré, son torse nu laissant apparaître les muscles tendus par des semaines d’angoisse et de veille. Leurs regards s’accrochèrent, électriques, chargés de ce poids insupportable qu’ils avaient porté seuls trop longtemps.Sans un mot, il tendit la main, effleurant sa joue du bout des doigts. Elle frissonna, mais ne recula pas. Au contraire, elle se pencha vers lui, ses lèvres effleurant les siennes dans un souffle brûlant.Le baiser s’enflamma instantanément, profond, sauvage, libérateur. Il y avait dans ce contact la promesse de ne plus jamais fuir, de se battre ensemble, contre la douleur et le silence.Les mains de Drakos glissèrent sous le t-shirt de Luna, parcourant sa peau avec une urgence contenue. Elle enlaça son cou, serrant comme po
Le retour au domaine fut silencieux. Aucun mot n’avait été échangé depuis qu’ils avaient quitté le champ de bataille. Les arbres semblaient penchés sur leur passage, comme s’ils eux-mêmes portaient le deuil de Kael.Luna, elle, avançait mécaniquement, comme si son corps n’était plus qu’une coquille vide. Chaque pas la ramenait un peu plus vers une réalité qu’elle refusait d’affronter.Kael n’était plus là.Elle ne voulait pas encore y croire. Son esprit continuait à le chercher, dans les ombres, dans les parfums de forêt, dans les battements de son cœur. Mais ce lien-là… s’était éteint.Drakos, lui, marchait derrière, son regard posé sur elle avec une inquiétude mêlée de culpabilité. Il sentait son odeur changer, se ternir. C’était comme si la lumière intérieure de Luna avait été soufflée. Et il ne savait pas comment la rallumer.⸻Le retour au domaineLorsqu’ils franchirent la limite du territoire, quelques membres de la meute sortirent de l’orée des bois, visiblement alertés par les
Le vent hurlait au sommet de la colline sacrée, balayant les herbes hautes comme des lames acérées. Le ciel, couleur cendre, semblait suspendu dans une attente muette. Chaque pas que Luna faisait résonnait comme un tambour de guerre contre la terre humide. À ses côtés, Kael et Drakos avançaient en silence, leur lien plus serré que jamais, plus fragile aussi.Ils savaient.Tous les trois savaient que cette bataille ne les laisserait pas intacts.Au loin, dans le cœur noir du cercle de pierres antiques, une silhouette les attendait. La Prêtresse. Drapée de voiles sombres qui flottaient comme des ombres vivantes autour d’elle, elle les regardait approcher avec un sourire calme, presque maternel.— “Je vous attendais,” murmura-t-elle, sa voix portée par le vent, douce et cruelle.Kael s’interposa le premier, sa posture droite, fière. Il savait ce qu’il faisait. Il l’avait décidé depuis Maelis. Il ne voulait pas fuir, ni survivre à tout prix. Il voulait choisir. Offrir quelque chose. Faire