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Chapitre 2

Penulis: Caro Duhamel
Sur la route du restaurant, Émeline a relaté les événements de la journée à Tatiana.

Après avoir écouté attentivement son amie, cette dernière a frappé le volant avec exaspération, « Tu es folle ! Pourquoi tu l'as pas giflé en pleine gueule ? Tu es son épouse légitime ! Comment ose-t-il chouchouter une autre femme sous ton nez ? C'est insupportable ! Je soutiens ton divorce. Prends-lui la moitié de sa fortune ! »

Avocate, Tatiana ne se contentait pas de lui apporter son soutien moral, elle passerait à l'action pour défendre l'intérêt de ses proches.

Mais pour Émeline, ce n'était pas un choix facile.

Étaient-ils vraiment arrivés au point de s'affronter devant un tribunal ? Et Pablo ? Comment le petit vivrait-il la chose ?

Perdue dans ses pensées, Émeline fixait la pluie qui ruisselait sur la vitre.

Au début, c'était elle qui avait été éblouie par les charmes de Gaétan, elle qui avait tenu absolument à l'épouser. Elle avait cru, naïve et passionnée, qu'à force de dévouement et de sacrifice, il finirait par reconnaître sa valeur, et l'aimer en retour.

Mais la réalité lui avait infligé une gifle cinglante.

Cependant, elle n'avait à s'en prendre qu'à elle-même : aveugle, et peut-être trop présomptueuse à l'égard de ses capacités à changer les autres. Elle l'admettrait, et elle changerait.

Après un long silence, elle s'est tournée vers son amie, « Merci, Tatiana. Mais je ne veux que la garde de Pablo. »

Inquiète, Tatiana a objecté immédiatement, « Pablo est l'unique héritier des Leblanc. Obtenir l'accord de Gaétan la-dessus ne sera pas simple. »

« Mais je pense que si. »

S'il n'aimait pas Émeline, comment pourrait-il chérir l'enfant qu'elle lui avait donné ? Il devait rêver de tout son cœur fonder une nouvelle famille avec sa chère Roxane.

Le restaurant est enfin apparu dans leurs champs de vision. Mais avant même qu'elles ne descendent, Émeline a aperçu la silhouette grand et svelte de Gaétan.

La pluie avait cessé. Gaétan et Roxane tenaient chacun une main de Pablo, riant et bavardant dans une ambiance chaleureuse, comme une vraie famille : un père charmant au regard tendre, une mère élégante et rayonnante, un enfant magnifique et espiègle.

Ils formaient un tableau parfait, et cette scène était d'une harmonie à laquelle elle n'avait jamais accédé avec Gaétan et Pablo.

Une pensée absurde a traversé l'esprit d'Émeline, « Et si c'était moi, l'intruse de la famille ? »

Elle a eu soudainement peur de pénétrer dans le restaurant, en présence de ces trois.

« Ce petit traître de Pablo ! » a grondé Tatiana entre ses dents en l'entraînant à l'intérieur, « Allez, ne te laisse pas faire. »

L'établissement était agencé avec élégance, des jolies plantes vertes diverses et variées servant de séparations naturelles, alliant intimité et fraîcheur.

Tatiana a guidé discrètement Émeline vers une table avoisinant celle de Gaétan.

La voix innocente de l'enfant leur est rapidement parvenue, « Papa, je peux prendre des cuisses de canard ? »

Gaétan n'a pas accepté tout de suite. Il se souvenait qu'Émeline les interdisait à Pablo, dont l'estomac fragile ne supportait pas ce genre de nourriture grasse.

Voyant son hésitation, Pablo, dont les yeux bleus ont pétillé de malice, s'est tourné vers Roxane :

« Tata Rox, je veux vraiment des cuisses de canard ! »

Roxane a pris sa défense avec douceur, « Gaétan, je sais que ce n'est pas très sain, mais une exception de temps en temps ne peut pas faire de mal. Les enfants ont besoin de découvrir, on ne peut pas tout leur refuser. »

Convaincu, Gaétan a acquiescé. Au fond, il trouvait effectivement qu'Émeline exagérait dans sa prudence, surtout pour un petit garçon.

Pablo a exulté, « Tata Rox, tu es la meilleure ! Je t'aime plus que tout. Maman, elle, elle m'énerve toujours à tout interdire. J'aimerais tellement que tu sois ma mère. »

Roxane lui a gentiment tapoté le nez, « Un gentil garçon ne parle pas ainsi de sa maman, tu sais. Elle ne veut que ton bien. »

Pablo s'est rengorgé, se confiait avec sincérité, « Mais c'est la vérité ! La maîtresse dit qu'il faut toujours être honnête. Maman, elle m'empêche de faire du basket, du foot, de monter à poney, de faire de la boxe, du vélo, de l'escrime, et même du skateboard ! »

Roxane a affiché une expression de tendre résignation, pinçant doucement le nez de l'enfant.

« D'accord, je comprends. Mais tu es un petit homme, alors ne sois pas fâché contre ta maman. C'est parce qu'elle t'aime très fort. »

Pablo a poussé un soupir maniéré, l'air chagriné. « Si seulement maman pouvait être comme toi. Je ne me fâcherais plus jamais contre elle. »

Soudain, ses yeux se sont illuminés. Avec l'innocence de son âge, il a demandé : « Tata Rox… tu pourrais être ma maman ? »

« Quoi ? » Roxane a jeté un regard furtif à Gaétan.

Ce dernier la regardait toujours avec douceur, sans aucune ombre de désapprobation.

Rassurée, Roxane a répondu, et son sourire s'est élargi : « On ne dit pas des choses comme ça, mon chéri. »

Pablo, le visage candide, a insisté, « Pourquoi pas ? Papa et moi, on t'aime beaucoup. Tu ne veux pas ? »

Le visage d'Émeline est devenu d'une pâleur spectrale. À cet instant, une bombe a semblé exploser dans son esprit. Les mots innocents de son fils étaient autant de lames qui transperçaient son cœur, le laissant déchiré et saignant.

Elle a tenté de se raisonner : ce n'était qu'un enfant, il ne mesurait pas la portée de ses paroles. Elle s'est forcée d'être indulgente, en tant que mère. Mais impossible de retenir les larmes qui ruisselaient sur ses joues.

À l'approche de l'accouchement de Pablo, Gaétan, ivre, avait poussé Émeline. Elle était tombée, provoquant une hémorragie.

À ce moment critique, avant de perdre connaissance, elle avait supplié le médecin de sauver son enfant, plutôt qu'elle.

Et voilà le fils pour lequel elle avait frôlé la mort ?

Né prématuré, Pablo avait passé un mois en couveuse. Son corps fragile, faiblement immunisé, attrapait un rhume au moindre courant d'air, une diarrhée pour un aliment trop froid. Il enchaînait les petits maux et les grandes maladies.

Bien sûr, ces fragilités pouvaient s'atténuer avec le temps. Mais Pablo souffrait surtout d'un trouble de la coagulation.

Les symptômes ? Saignements anormaux, difficulté à cicatriser.

La moindre égratignure pouvait laisser des bleus ou des hématomes, une petite coupure saignait pendant des heures.

Et Pablo, en tant que petit garçon turbulent, qui courait sans précaution, n'avait pas conscience du danger. Alors, par peur qu'il ne se blesse en jouant, elle lui interdisait les sports dangereux. Ou alors, uniquement sous sa surveillance et avec des protections adaptées.

Était-elle trop prudente ? Était-elle trop protectrice ? Avait-elle eu tort d'avoir agi ainsi ?

À ce moment-là, Tatiana, en entendant les mêmes mots, a serré fermement sa main pour la rassurer, « Ce n'est pas ta faute. Tu n'as rien fait de mal. C'est ce petit ingrat qui manque de cœur. »

Émeline a esquissé un sourire douloureux, « Tatiana… partons d'ici. »

Ce soir-là, elle n'est pas rentrée chez elle, elle a suivi Tatiana pour dormir chez cette dernière. Après un bain chaud, elle a pris le verre de vin que Tatiana lui tendait.

Leurs verres se sont entrechoqués dans un tintement cristallin.

« Merci. Vraiment », a dit Émeline tout en fixant son amie.

« Arrête donc tes remerciements, sinon je te gronde ! » Tatiana a levé un poing, feignant l'agacement.

« Alors, trinquons simplement ! »

Émeline a vidé son verre d'un trait, Tatiana n'a même pas eu le temps de l'empêcher.

« Doucement ! Tu vas finir ivre. »

« Tant mieux si je serai ivre. L'ivresse chasse les soucis. » Émeline s'est resservie sans hésiter.

Tatiana comprenait sa douleur : constatant de ses propres yeux la double trahison de son mari et de son fils en un jour… Mieux valait qu'elle extériorise ses mauvaises humeurs, sinon elles auraient nui à sa santé mentale.

Elle s'est alors assise près d'Émeline pour lui demander doucement : « Tu veux toujours la garde de Pablo ? »
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