LOGINLe royaume ne tient plus que par un fil.
Pas un fil d’acier. Non, un vieux morceau de corde rongé par les années. Une armée inexistante, des garnisons mal payées, des capitaines corrompus. Si une guerre éclatait demain, je ne tiendrais pas une semaine. Et mes ennemis le savent. [Notification : Menace externe détectée – Escarmouches signalées au nord.] [Statut militaire : 13% opérationnel.] Treize pour cent. Un chiffre qui ferait rire… si ce n’était pas mon royaume en jeu. Je suis dans la cour du château, face aux soldats. Ou du moins, à ce qu’il en reste : une cinquantaine d’hommes aux armures rouillées, aux visages fatigués, à l’allure d’anciens héros déchus. Le commandant en poste, un vétéran nommé Ardan, s’approche. Il boite, mais son regard est aussi tranchant qu’une lame. — Vous avez demandé une inspection, Majesté ? Eh bien, la voilà. Triste spectacle. — Combien d’entre eux peuvent encore se battre ? Il regarde les rangs, puis me fixe droit dans les yeux. — En vrai ? Une dizaine. Les autres sont là pour l’apparence. Mais ils ont faim, peur… et aucun moral. [Notification : Opportunité de réforme – Amélioration militaire disponible.] Je fais glisser le menu mentalement. Une branche de l’arbre technologique s’illumine : “Doctrine militaire – Refonte des unités de base”. Coût : 8 points. J’en ai 17. Je valide. [Connaissance acquise : Formation militaire moderne – Niveau 1.] [Effets : Nouvelles tactiques disponibles, discipline améliorée, besoin d’un instructeur qualifié pour application.] Parfait. Il me faut des résultats visibles. Des soldats capables. Une force d’élite. — Commandant Ardan, combien de vétérans encore fidèles avons-nous, peu importe leur état ? — Une trentaine. Dispersés. Certains retraités. D’autres blessés ou à la retraite anticipée. — Rappelez-les. Offrez-leur le poste d’instructeurs. Nourriture, logement et un salaire triple. Ils n’auront pas à se battre… juste à forger la nouvelle armée. Il écarquille les yeux. — Triple salaire ? Vous êtes sûr ? — Ce n’est pas une dépense. C’est un investissement. Et dites-leur que le roi leur doit une dette. Qu’il est temps de faire renaître l’honneur de l’uniforme. [Notification : +6 Points de Renommée – Initiative stratégique saluée par les soldats.] --- Trois jours plus tard, le terrain d’entraînement vibre sous les cris et les chocs. Des exercices nouveaux. Des tactiques modernes : formation en ligne, manœuvres coordonnées, entraînement au bâton, discipline mentale. Je regarde les premiers groupes se former, encadrés par des vétérans aux voix rauques mais aux gestes précis. Ardan me rejoint, un léger sourire aux lèvres. — Ils reprennent vie, Majesté. Pour la première fois depuis des années, je vois de vrais soldats. Pas des ombres. Je hoche la tête. Mais ce n’est qu’un début. — Il nous faut des armes. Des vraies. Pas des épées émoussées et des lances vermoulues. J’ai besoin d’un atelier. Et d’un forgeron digne de ce nom. Il réfléchit. — Il y a bien une vieille famille d’armuriers, les Varn. Bannie sous le précédent règne. Trop indépendante. Trop innovante. Parfait. Juste ce qu’il me faut. — Faites-les venir. S’ils veulent reprendre du service, qu’ils sachent que leur génie est désormais une vertu, pas un crime. --- Ce soir-là, je reste éveillé tard, les yeux rivés à l’écran du Système. [Options débloquées :] • “Standardisation des armes” – Coût : 5 points • “Début de recherche : Poudre noire rudimentaire” – Coût : 10 points • “Formation des officiers – Niveau 1” – Coût : 7 points Je respire profondément. Chaque point compte. Mais je ne peux pas tout faire en même temps. Pas encore. Alors, je choisis la base. Les fondations. Je valide la standardisation des armes. [Notification : Connaissance acquise – Production en série rudimentaire débloquée.] Un jour, j’aurai des mousquets. De l’artillerie. Des tactiques que ce monde ne comprend même pas encore. Mais pour l’instant… je veux des soldats. De vrais. Loyaux. Efficaces. La guerre approche. Pas une guerre ouverte. Pas encore. Mais une guerre d’influence, de préparation. Et quand elle éclatera, ils ne se battront pas pour un roi. Ils se battront pour une idée.La semaine qui précéda le procès fut une période d'activité fébrile à Eryndale. Une immense estrade avait été érigée sur la Grande Place d'Armes, face au palais, là même où les héros de l'Alne avaient été honorés. Ce ne serait pas un procès secret dans une salle obscure, mais un jugement public, devant le peuple et les nobles de Frostmar. Rolland voulait que la justice soit non seulement rendue, mais vue de tous. C'était la première grande mise en application de la nouvelle loi du royaume, et elle devait être irréprochable.Ulrich, s'appuyant sur ses nouvelles connaissances en "Gouvernance et État de Droit", avait organisé la cour. Elle serait présidée par le plus ancien et le plus respecté des magistrats du royaume, Lord Cadvan, un homme dont l'intégrité était légendaire. Il serait assisté d'un jury composé de douze pairs, une sélection minutieuse de nobles de tous les duchés – y compris Lord Harlon pour le Nord et un baron mineur mais respecté de l'Est recommandé par le Duc River –,
La Grande Salle du Trône du palais d'Eryndale n'avait pas connu une telle affluence depuis le couronnement du grand-père de Rolland. Chaque recoin de la vaste pièce était rempli. Sur les bancs de chêne sculpté étaient assis des dizaines de nobles, grands et petits, venus des quatre coins du royaume. C'était une mosaïque humaine qui reflétait l'état fracturé de Frostmar : les visages burinés et méfiants des seigneurs du Nord, menés par un Lord Harlon à l'air grave ; les nobles du Sud, anciennement vassaux de Lagerfeld, à l'attitude soumise mais aux regards fuyants, cherchant à jauger la clémence du nouveau maître ; les barons de l'Ouest, plus confiants depuis la stabilisation de leur province ; et les fidèles de la première heure, les seigneurs des terres centrales, qui arboraient un air de triomphe discret.Mais tous les regards convergeaient vers une seule section de l'assemblée. Assis non pas avec les autres nobles mais sur une estrade légèrement surélevée à la droite du trône, se t
La guerre était finie. Les bannières de la rébellion avaient été abaissées, les épées remises au fourreau, mais le silence qui s'était abattu sur Frostmar n'était pas encore celui de la paix. C'était le silence lourd d'un chantier, celui d'un royaume brisé à reconstruire. Pour Rolland, la fin des combats ne signifiait pas le repos, mais le début d'un travail encore plus colossal : transformer sa conquête militaire en une paix durable.Son premier acte de roi unificateur fut la convocation d'un Grand Conseil à Eryndale. Ce ne serait pas une simple réunion de ses alliés, mais un rassemblement de tous les seigneurs de Frostmar : les fidèles de la première heure, les barons opportunistes du Sud qui avaient changé d'allégeance, les nobles fiers et méfiants du Nord menés par Lord Harlon, et, bien sûr, le plus puissant d'entre eux, le Duc Joshua River de l'Est. C'était un pari audacieux. Mettre autant d'anciens ennemis et de nouveaux alliés aux ambitions divergentes dans une même pièce pouva
La forteresse de Vannyr, cœur sombre du pouvoir d'Ivar Frost, était autrefois un symbole de la force brute et de l'esprit indomptable du Nord. Ses murailles de granit noir, taillées à même la montagne, semblaient capables de défier les siècles. Mais en cette fin d'automne, un silence pesant, plus inquiétant que le fracas des armes, s'était abattu sur la citadelle. C'était le silence de la peur, de la méfiance et de la fin imminente d'un règne.Ivar Frost, le Loup du Nord, arpentait la grande salle de sa forteresse comme un animal en cage. Les nouvelles désastreuses s'étaient succédé, chaque message porté par un cavalier loyaliste de plus en plus rare étant un nouveau clou dans le cercueil de ses ambitions. La trahison de Harlon, la chute de Harsfell, la défection en cascade de ses bannerets… Il était passé en quelques semaines du statut de roi autoproclamé du Nord à celui de chef de guerre paria, assiégé dans sa propre capitale par ceux qui lui avaient autrefois juré fidélité.Les "ma
Pendant que Rolland et ses conseillers remodelaient le destin du Sud et négociaient la reddition des secrets de Karl Lagerfeld, au Nord, la situation devenait de plus en plus volatile. Ivar Frost, retranché dans sa forteresse de Vannyr, sentait les murs de sa propre autorité se fissurer. La défaite écrasante de son allié Lagerfeld l'avait laissé seul et exposé. Le blocus économique du Duc River commençait à mordre, créant des pénuries sur certains biens essentiels et attisant le mécontentement de ses bannerets.Lord Harlon, le noble nordique qui avait secrètement pris contact avec la couronne, était un homme patient et rusé. Il savait qu'une confrontation directe avec Ivar Frost serait un suicide. Le Duc du Nord, bien qu'affaibli, était toujours un guerrier redoutable et paranoïaque, entouré d'une garde personnelle fanatiquement loyale, les "Gladiateurs du Givre". Harlon et ses alliés devaient agir avec la subtilité d'une avalanche qui se prépare, invisible jusqu'à ce qu'il soit trop
Les jours s'écoulèrent, rythmés par le flux incessant des rapports et des décisions. Le Sud se stabilisait peu à peu sous la poigne de fer mais juste des administrateurs d'Ulrich. Au Nord, les graines de la sédition semées par Lord Harlon et ses alliés commençaient à germer dans le sol gelé de la méfiance, isolant chaque jour un peu plus Ivar Frost dans sa forteresse de Vannyr. Mais c'est à Eryndale même que se jouaient deux des scènes les plus cruciales pour l'avenir du royaume.La première eut lieu dans le secret des forges royales. Maître Volrik Varn, suivant les instructions codées de Rolland, avait réussi à rassembler les trois composants de la "poudre du tonnerre" : du salpêtre purifié à grand-peine, du charbon de saule finement broyé, et du soufre ramené des régions volcaniques de l'extrême Nord. Dans un enclos sécurisé à l'écart de tout bâtiment, sous le regard anxieux de ses deux meilleurs apprentis, il procéda au premier test.Il déposa une petite quantité du mélange grisâtr