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chapitre 4

last update Last Updated: 2025-05-12 19:57:22

Il s’approcha d’elle, un sourire moqueur accroché aux lèvres.

— La petite dame n’a pas froid aux yeux, lança-t-il en plantant son regard dans le sien.

Ils étaient si proches qu’elle sentait son souffle contre sa peau, ce qui lui donna un léger frisson glacé. Cet homme n’avait rien d’ordinaire. Il était instable, imprévisible. Un instant sérieux, l’instant d’après sarcastique. Et pourtant, elle refusait d’avoir peur. Du moins, c’est ce qu’elle se répétait.

Ce qui lui glaçait véritablement le sang, c’était le revolver qu’il tenait dans sa main. Il jouait avec comme s’il s’agissait d’un jouet, testant ses limites, cherchant à voir si son audace était réelle ou feinte.

Il effleura sa joue avec l’arme. Le contact du métal froid sur sa peau la fit tressaillir, mais elle garda un visage impassible. Dans son métier, elle avait appris à masquer toute émotion. Toujours garder la tête haute, même dans les pires situations.

Elle le fixa avec intensité.

— Tue-moi si tu veux, mais je ne bougerai pas d’ici, déclara-t-elle d’une voix ferme.

Yasinkov se contenta de sourire, rangea son arme et alla s’asseoir. Il s’alluma un joint, semblant réfléchir à sa proposition.

— Tu veux intégrer mon business, c’est ça ? demanda-t-il, un rictus moqueur sur les lèvres.

— Ouais.

— Pourquoi ?

— J’ai mes raisons.

— Tu peux parler, fit-il en l’observant de haut en bas.

— Je veux la tête de ce clébard de Sergeï, ça te va ?

— Sergeï, hein ?

— T’as un problème avec ça ?

— L’ennemi de mon ennemi est mon ami, répondit-il calmement.

— Je t’offre mes services, et toi, tu m’aides à le liquider.

— Pourquoi tant de haine envers lui ? demanda-t-il, amusé.

— Ce fils de pute est responsable de la mort de mes parents. C’est tout ce que t’as besoin de savoir.

— Une assoiffée de vengeance... J’aime ça.

— J’appelle ça rendre justice.

Il la regarda avec insistance, un sourire pervers étirant ses lèvres.

— Dommage, t’es plutôt bonne. J’te sauterais bien, mais j’suis un homme généreux. Alors tu iras avec les putes. Bienvenue dans le bizness.

Ses paroles la dégoutèrent. Elle serra les poings.

— Tu me prends pour qui ? Je suis là pour vendre, pas pour me vendre !

Sa voix s’était élevée. Trop. D’un bond, Yasinkov se leva, la plaqua contre le mur et serra son cou entre ses mains.

— Écoute-moi bien, sale pute, souffla-t-il, calme mais glacial. Tu parles pas comme ça. T’es dans le réseau de trafic sexuel maintenant. J’me fous de ton avis.

Il la relâcha brusquement. Elle le fixa, la haine brûlant dans ses yeux.

Il caressa sa joue.

— La prochaine fois, renseigne-toi sur qui tu as affaire, chuchota-t-il, narquois.

— Zinschenko, Markov ! hurla-t-il. Emmenez cette pute dans son dortoir. Et habillez-la salement.

— Oui, chef.

Mais elle ne comptait pas se laisser faire.

Lorsque l’un des hommes tenta de l’attraper, elle lui asséna un violent coup de pied dans l’entrejambe. Il hurla. Le second s’approcha, elle fonça vers une batte de baseball à proximité, la saisit et frappa sa cible en plein crâne. Puis, sans hésiter, elle assomma le premier qui tentait de se relever.

Yasinkov, installé comme un roi, observait la scène. Stupéfait, peut-être. Amusé, sûrement.

Elle se tenait droite, prête à tout. Même à mourir.

— Tu veux pas bouger ? Alors déshabille-toi ici, devant moi, lâcha-t-il, se léchant les babines.

— T’as cru que c’était un cirque ? grogna-t-elle, avant de s’interrompre en voyant son regard noir.

— Ferme ta gueule, ordonna-t-il en se levant.

Et soudain, un coup violent. Son poing s’abattit sur son nez. Elle chancela, le sang coulant lentement. Mais elle ne broncha pas. Aucune plainte. Aucune larme.

Deux autres hommes arrivèrent. Plus massifs, plus brutaux. Cette fois, elle ne put rien faire. Ligotée, humiliée, elle tenta malgré tout de garder la tête haute. Avant de quitter la pièce, elle jeta un dernier regard à Yasinkov. Pas une émotion sur son visage.

1/4 d'heure plus tard

L’endroit était plongé dans l’obscurité. Elle n’arrivait pas à distinguer les pièces, et les deux hommes qui l’entouraient marchaient vite, sans lui laisser le temps de reprendre son souffle. Son bras la lançait à cause des cordes. Elle était fatiguée. Épuisée. Mais une chose était certaine : sa vengeance serait terrible.

Ils la jetèrent finalement dans une petite pièce, une sorte de cave. Une lumière s’alluma, révélant l’état déplorable du lieu. Des saletés partout. Des rats grouillaient dans un coin. Le dégoût la submergea.

— Mets ça, ordonna l’un des hommes en lui balançant une robe au visage.

— Dans tes rêves, répliqua-t-elle avec mépris.

— N’essaie pas de jouer à la maline, grogna-t-il.

— Tu peux toujours crever, répondit-elle, lui renvoyant la robe.

— Pas grave, je vais te l’enfiler moi-même, susurra-t-il en se léchant les lèvres.

À cette menace, elle recula, le regard noir.

— C’est bon. Détache-moi, je vais la mettre, ta putain de robe.

— Très bien, ma poule, répondit-il avec un sourire mauvais, en s’exécutant.

— Vous attendez quoi pour sortir ? lança-t-elle une fois libre.

— On reste devant la porte. Quand t’as fini, fais-le nous savoir, intervint l’autre.

— Tu sais que t’es plutôt bonne ? Je t’aurais bien ken là, maintenant, ajouta le premier en posant ses mains autour de sa taille.

Un frisson de haine lui traversa l’échine.

Markov arrive, coupa brusquement son complice. < le boss a donné un ordre >.

— J’en ai pas fini avec toi, prévint-il dans un clin d'œil.

— Va te faire foutre, lâcha-t-elle en lui crachant au visage.

— Sale pute, grogna-t-il en s’essuyant, avant de lui coller une gifle monumentale.

Sa joue la brûlait, à tel point qu’elle eut l’impression qu’on la lui avait arrachée. Les deux hommes sortirent enfin, la laissant seule. Elle n’avait pas le choix. Alors, elle enfila la robe.

C'était une horreur. Une robe noire, courte à en pleurer. Elle lui arrivait à peine sous les fesses. Elle avait honte, tellement honte. Elle se sentait nue. Vulnérable. Exposée. Ce décolleté indécent, cette coupe obscène… Elle se répugnait.

Une paire de talons noirs l’attendait. Des escarpins qu’elle chaussa, à contrecœur. Puis, elle toqua à la porte.

Markov était là, la reluquant sans retenue. Elle bouillonnait de rage. Elle avait l’impression d’être réduite à un objet, une simple chose.

Son complice revint, la ligota de nouveau. Elle serra les dents. Puis, ils la conduisirent dans une chambre. Une belle chambre, trop belle pour l’enfer dans lequel elle se trouvait. Sans un mot, ils l’y enfermèrent, la laissant seule.

Vingt minutes plus tard

Elle avait attendu. Vingt longues minutes. Seule. Attachée. À bout.

Quand la porte s’ouvrit enfin, ce fut pour laisser entrer un homme au physique répugnant. Il était vieux — la soixantaine bien entamée —, bedonnant, suant, dégoulinant de suffisance. Chaque pas qu’il faisait était accompagné d’un grognement, chaque regard qu’il posait sur elle était un viol silencieux.

— Salut, poupée ! lança-t-il d’un ton faussement joyeux. Moi c’est Petrovich. J’ai payé pour passer du bon temps avec toi. Tu m’as coûté cher pour le peu de temps que j’ai, mais je ne regrette rien. Le chef avait raison : t’es vraiment trop bonne.

Avant qu’elle ne puisse réagir, il s’approcha et l’embrassa dans le cou. Elle se redressa aussitôt, furieuse, et lui asséna un coup de pied violent entre les jambes.

— Dégage ! hurla-t-elle.

Il recula en riant, comme excité par sa résistance.

— Agressive… putain, tu m’excites encore plus, grogna-t-il en retirant son tee-shirt, puis en défaisant sa ceinture. On va s’amuser. D’abord, je vais t’attacher, ça sera plus excitant.

Il sortit une cravate qu’il utilisa pour l’attacher, liant ses bras et ses jambes avec une facilité déconcertante.

Elle lutta de toutes ses forces. Mais attachée ainsi, elle n’avait aucune chance. Bientôt, elle se retrouva à nouveau sans défense, prisonnière dans une chambre qui sentait l’humiliation et la peur. Petrovich se tenait devant elle, presque nu, débordant de vulgarité. Ses paroles étaient sales. Son regard était encore pire. Il se retrouvait bientôt en simple boxer. Son souffle chaud et infect se faisait de plus en plus proche.

Elle garda le visage fermé, figé, même si à l’intérieur, elle était en lambeaux. Une seule envie la tenait debout : les tuer. Lui, Petrovich, et cet enfoiré de Yasinkov. Les tuer tous les deux.

Il n’arrêtait pas. Il parlait, touchait, riait, commentait, comme si elle n’était qu’un objet offert à sa luxure. Il semblait même s’exciter de ses cris, de ses insultes, de ses refus.

— Putain, t’es une vraie fauve, susurra-t-il en posant ses mains sur sa poitrine.

Elle hurla.

— Dégage ! Je vais te tuer ! hurla-t-elle, le frappant du front de toutes ses forces.

Il recula à peine, hilare.

— T’es une sauvage, hein ? Moi aussi, t’inquiète pas, souffla-t-il en lui arrachant son soutien-gorge.

Elle se débattait, criait, pleurait en silence. Elle sentait la honte l’envahir. Une honte collante, douloureuse. Ses yeux la brûlaient mais les larmes refusaient de couler. Elle devait rester forte. Elle n’avait pas le droit de craquer, pas maintenant.

Petrovich se pencha sur elle, prêt à franchir l’irréparable. Elle ferma les yeux, le cœur au bord de l’explosion, quand soudain :

BOUM ! BOUM !

Des coups de feu. Ou des coups dans la porte.

*

Elle ouvrit lentement les yeux, clignant plusieurs fois, cherchant à comprendre ce qui l’entourait. Elle n’était plus dans la chambre précédente. Non, c’était une autre pièce, aux murs ternes, à l’air étouffant. Une question lui traversa l’esprit, urgente, violente : Que faisait-elle ici ?

Elle tenta de fermer les yeux, espérant raviver sa mémoire, mais rien ne venait, si ce n’est l’image glaçante de Petrovich. Cet homme… Ce monstre. Elle se revit, allongée, ligotée, sous lui. Il allait… et puis, plus rien. Le vide.

Avait-elle été sauvée ? Était-ce Dieu qui avait entendu ses prières ? Cela lui semblait improbable. Qui, dans ce monde cruel, se serait soucié d’elle au point de l’arracher à ce cauchemar ?

Une douleur sourde lui vrilla le crâne. Tout son corps semblait crier. Elle avait faim, soif, froid. Sa vision était floue, ses pensées confuses. La faiblesse s’infiltrait dans ses os. C’est alors qu’elle entendit la porte s’ouvrir. Une silhouette masculine s’approcha, floue, menaçante.

— Oh ! Réponds-moi quand je te parle ! lança-t-il brusquement avant de lui asséner une gifle.

Le choc la réveilla complètement. Ses yeux s’ouvrirent en grand, cherchant à distinguer l’homme.

— Hein ?! balbutia-t-elle, encore sonnée.

— Je te cause, là, répéta-t-il, plus durement encore.

Elle grimaça.

— Ne crie pas, putain… grogna-t-elle en essayant de retrouver ses esprits.

— Tu te rappelles de quoi ? demanda-t-il en soufflant bruyamment.

— D’un gros porc couché sur moi… par ta faute, répondit-elle, livide, les souvenirs remontant à la surface.

— Et le reste ?

— Rien.

Il acquiesça d’un air sombre.

— T’es tombée dans les pommes.

— Ah. Lâcha-t-elle, abasourdie.

Il la fixa intensément. Elle osa alors poser la question qui la hantait.

— Est-ce qu’il m’a… vraiment violée ?

Un silence tendu s’installa, puis :

— Non. Je l’ai tué, répondit-il avec un froncement de sourcils.

Elle soupira, soulagée. Un poids s’était levé de ses épaules. Elle baissa les yeux vers ses vêtements, puis releva la tête.

— Qui m’a changée ?

— Moi, répondit-il sans gêne.

— Mais pourquoi ? Je pouvais le faire seule, rétorqua-t-elle, blessée dans sa pudeur.

— Ne commence pas. Déjà que je t’ai empêchée de finir ton boulot… alors, ferme-la, grogna-t-il.

Ses mots la laissèrent sans voix. Elle resta figée, incapable de répondre.

Il reprit, plus froid encore :

— Demain à huit heures, je veux que tu ramènes ton sale nez ici.

— Pourquoi ? demanda-t-elle, méfiante.

— Putain, mais quelle casse-couilles… Allez, dégage ! cria-t-il, furieux.

Elle ne se fit pas prier. Malgré la douleur, elle se leva, vacillante, et quitta cette pièce lugubre sans se retourner. Chaque pas lui arrachait un gémissement, mais elle tint bon. Une fois dehors, elle prit la direction de chez elle, le cœur lourd.

Ça commence bien…

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