Mon cœur fait un bond, une vague de froid me traverse comme un frisson venu du fond des entrailles.— Elle a dit quoi ? murmurai-je, la voix tremblante.Anouka hésite. Elle jette un regard furtif vers la sortie, comme si Elena allait surgir à tout moment. Puis, elle se lance, son ton soudain grave, presque solennel.— En gros, elle veut être avec Gabriel. Elle a décidé de lui parler aujourd’hui, de répondre à ses avances. En clair, pour lui, ce sera toi… ou elle. Et si j’ai bien compris ce que tu m’as confié, tout dépend de toi maintenant. C’est un drôle de retournement, non ? Pourquoi est-ce qu’il ne choisit pas, tout simplement ? Ah, c’est vrai… parce que toi aussi, tu dois choisir. Et le temps ne joue clairement pas en ta faveur, Alice. Si tu hésites trop longtemps, tu pourrais bien le perdre. Ou pire… les perdre tous les deux.Ses mots me frappent comme une gifle glacée. Je reste figée, incapable de formuler la moindre réponse. Anouka marque une pause, m’observe attentivement, pui
On a un cours pratique ce matin. On prend tous nos équipements et on se dirige vers la serre. Gabriel nous suit, s’intégrant au groupe avec une aisance naturelle. Toujours aussi charmant, il fait facilement rire les filles. Je demande discrètement à Alice ce qu'elle voulait me dire, mais elle regarde Gabriel, l'air de dire qu’il y a un intrus, que je devrais attendre.Arrivés à la serre, on reçoit la consigne de former un binôme. Gabriel me tire discrètement par la manche. Nadia me regarde partir avec lui et fait la moue, voyant sa binôme habituelle prise par un autre. Je demande à Angelo de se mettre avec elle. L'idée lui plaît et il s’approche d’elle. Nadia me fusille du regard, blessée par cette double trahison.L’exercice du jour : analyser un échantillon de sol. L’activité me plaît assez. Cette petite connexion avec la nature me fait du bien. Gabriel est à mes côtés, me laissant faire, amusé de me voir si concentrée, n’éprouvant aucun dégoût face aux vers et à la matière boueuse
Je reste blottie contre Gabriel, sa chaleur m’enveloppant, son cœur battant lentement contre mon oreille. L’arrière-cour est encore paisible, baignée dans une lumière pâle. Le ciel s’éclaircit peu à peu, et les premières lueurs de l’aube glissent à travers les branches dénudées comme des promesses discrètes. Le campus ne va pas tarder à s’animer, mais je n’ai aucune envie de bouger. Dans ses bras, le temps semble suspendu. Une bulle. Une parenthèse. Et pourtant, une petite voix se glisse dans un coin de mon esprit, douce mais insistante : « Et après ? » Gabriel caresse lentement mes cheveux, ses doigts effleurant ma nuque dans un geste qui me fait frissonner. Son souffle est calme, comme s’il savourait lui aussi cet instant qu’on ne veut pas voir finir. — On devrait peut-être y aller, murmure-t-il enfin, sa voix basse, teintée de regret. Je secoue doucement la tête, un sourire timide aux lèvres, le nez enfoui dans sa veste. — Pas encore. Il rit, un son chaud, profond, qui résonn
Moi et Gabriel, on reste là, ses mains chaudes sur ma taille, son regard plongé dans le mien, un mélange d’intensité, de surprise et d’une émotion que je n’arrive pas à nommer. Ses yeux bleus brillent sous la lumière pâle, mais il ne parle pas tout de suite. Le silence s’étire, presque insoutenable, et mon cœur s’accélère à nouveau, une peur sourde me serrant la gorge. Suis-je allée trop loin ? Ces mots – « Je t’aime » – lâchés dans un élan, pèsent soudain comme des pierres jetées dans un lac calme, leurs cercles s’élargissant dans l’air entre nous. - Tu attends ma réponse ? » demande-t-il, un sourire en coin, sa voix taquine brisant le silence. Je le regarde, désarçonnée, mes joues brûlantes.-Déjà… Bonjour, dit-il en riant doucement. Laisse-moi au moins reprendre mes esprits. Tu m’attires dans ce coin et tu m’attaques avec tes baisers ! » Je reste bouche bée, prise de court par son humour. Un rire m’échappe, nerveux, libérateur, comme si l’a
Une nouvelle semaine commence, et je suis là, bien trop tôt, les yeux lourds d’une nuit sans sommeil. Impossible de fermer l’œil, pas avec ce tourbillon dans ma tête. Gabriel. Son message, son silence, ses yeux bleus qui dansent dans mes rêves. J’arrive à l’université, le campus encore endormi, enveloppé d’une lumière pâle et froide. Les couloirs sont déserts, les bancs de la cour abandonnés. Je décide de me diriger vers la bibliothèque, espérant que l’odeur des livres et le calme apaiseront mes pensées. En chemin, mon téléphone vibre. Un message.« Salut, tu es matinale. On peut se voir dans l’arrière-cour ? »Mon cœur s’emballe, cogne contre mes côtes comme un oiseau affolé. Gabriel. Je ne m’attendais pas à le voir si tôt, pas après ce silence qui m’a rongée tout le week-end. Mes doigts tremblent en tapant une réponse rapide : « OK, j’arrive. » J’inspire profondément, mais l’air semble trop fin, trop rare. En marchant vers l’arrière-cour, chaque pas résonne comme un compte à rebours
Antoine est parti avec son père pour un voyage d’affaires, une escapade de deux semaines, pleine de réunions et de chiffres. Il m’a appelée avant de partir, sa voix chaude mais pressée, promettant de m’écrire dès qu’il pourrait. « Je fais ça pour nous, pour notre avenir », m’a-t-il dit, et j’ai hoché la tête à travers le téléphone, un sourire mécanique sur les lèvres. Une partie de moi se console avec cette idée – il travaille pour nous, pour cette vie qu’il imagine déjà. Mais une autre partie, plus silencieuse, plus traîtresse, se sent soulagée. Son absence, c’est un répit. Un espace pour respirer, pour démêler le chaos dans ma tête. Je ne veux pas qu’il voie ma confusion, qu’il devine ce trouble qui grandit en moi comme une plante qu’on n’a pas arrosée mais qui s’entête à pousser.Ce week-end, j’ai besoin de mes amies. Besoin de leur rire, de leur chaleur, de cette bulle qu’on crée ensemble. Je leur propose de passer la journée ensemble, et après un débat chaotique sur WhatsApp : ci