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Chapitre 7: Le Piège

Autor: Sidi_mosth
last update Última actualización: 2025-08-21 20:51:29

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Le plan était simple.

Trop simple, même.

Piéger Inès. Lui tendre une rumeur inventée. Une fausse information, lâchée dans une conversation anodine, et observer. Attendre. Voir si elle la faisait circuler.

Mathis s’en était chargé, avec un calme presque chirurgical. Dans la cour, devant deux élèves de première friands de ragots, il avait murmuré comme par accident :

— Léna pense quitter le lycée. Elle va porter plainte pour harcèlement.

Juste ça. Une phrase. Jetée comme une allumette dans une forêt sèche.

Et deux jours plus tard… le feu avait pris.

Partout dans les couloirs, dans les chuchotements, dans les regards trop appuyés, la rumeur circulait :

« Tu sais qu’elle veut porter plainte ? »

« Elle s’est fait harceler, apparemment. »

« Elle va se barrer du lycée. »

C’était elle. C’était forcément Inès.

Elle seule avait pu faire circuler cette fausse info aussi vite, aussi précisément. Elle seule avait entendu Mathis ce jour-là.

Léna aurait dû se sentir soulagée. Leur piège avait fonctionné. Ils tenaient enfin une preuve concrète qu’Inès agissait en coulisses.

Mais au lieu de la joie… c’est une angoisse froide qui l’envahit.

Quelque chose n’allait pas.

Quelque chose clochait.

Car au cœur de cette rumeur, il y avait une autre nuance, un mot qu’ils n’avaient jamais prononcé :

“Elle couche avec Mathis.”

Cette phrase-là, personne ne l’avait soufflée. Personne, sauf une personne encore plus proche. Quelqu’un qui aurait tout intérêt à semer la confusion.

Et ce nom s’imposa à elle comme une lame dans la poitrine.

Elias.

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Elle le retrouva après les cours, dans un couloir désert, à l’étage des salles de langues. Il était seul, appuyé contre un mur, les bras croisés, casque sur les oreilles. Il sursauta en la voyant arriver.

— Léna ?

Elle ne répondit pas. S’approcha. Lentement. Chaque pas résonnait comme un écho de colère retenue.

— Tu savais ?

Il baissa les yeux, évita son regard.

— Je ne voulais pas que ça aille aussi loin…

Elle sentit son souffle s’accélérer. Elle ne voulait pas hurler. Pas cette fois. Elle voulait comprendre. Savoir jusqu’où il était allé. Et pourquoi.

— Tu étais au courant depuis le début ? Tu savais qu’Inès me faisait passer pour une manipulatrice ?

Il hocha la tête, presque honteux.

— Elle m’a dit que tu jouais avec moi. Que tu couchais avec Mathis.

Un vertige. Léna recula. Le cœur au bord des lèvres.

— Tu l’as crue ? Tu as cru ses mensonges ?

Il ne répondit pas tout de suite. Son silence valait mille aveux.

— Tu ne m’as jamais vraiment fait confiance non plus… murmura-t-il.

Léna sentit une part d’elle se briser. Un fragment de ce qu’elle avait protégé jusque-là : l’illusion que, quelque part, Elias aurait pu être son allié. Quelqu’un de bien. Quelqu’un de vrai.

Mais il n’avait vu qu’une version d’elle. Celle façonnée par les doutes. Par Inès. Par les rumeurs.

— Tu t’es fait manipuler, Elias. Et au lieu de me parler, tu m’as laissée tomber. Pire, tu m’as trahie.

Il s’approcha, une main tendue. Mais elle recula, glaciale.

— C’est trop tard.

Et elle tourna les talons.

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Elle retrouva Mathis à la sortie du lycée. Il l’attendait près du portail, les mains dans les poches, le regard inquiet.

— Alors ?

— C’était lui aussi, dit-elle d’une voix blanche. Il a tout su. Il a laissé faire. Et peut-être qu’il a aidé.

Mathis hocha la tête, sans surprise.

— Je m’en doutais.

Léna le regarda, bouleversée.

— Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’ils me détestent autant ? Je n’ai rien fait.

Mathis soupira, longuement. Puis dit :

— Tu es arrivée dans un monde où les gens se bouffent entre eux pour exister. Toi, tu es différente. Tu refuses le jeu. Et c’est ça qu’ils détestent.

Ils marchèrent ensemble jusqu’à la rue. Le ciel devenait gris, menaçant. Un orage approchait.

— Tu crois qu’on peut la faire tomber ? demanda-t-elle.

Mathis s’arrêta. Il la fixa droit dans les yeux.

— Pas seuls.

— Alors quoi ? On abandonne ?

Il sourit, amer.

— Non. On change les règles.

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Ce soir-là, ils mirent au point un plan plus audacieux.

Finis les pièges subtils. Ils allaient forcer Inès à se dévoiler. La pousser à commettre une erreur.

Léna créa un faux compte sur une appli de messagerie utilisée par les élèves du lycée. Un profil anonyme. Une image de profil floue. Et un seul message, envoyé à Inès, depuis ce compte :

> « Je sais tout. Et j’ai des preuves. Si tu veux qu’on se parle avant que ça explose, retrouve-moi demain derrière le gymnase. 12h15. »

Elle ne signa pas. Elle ne précisa rien. Juste un piège, tendu à l’aveugle.

Mais si Inès mordait à l’hameçon… alors ils sauraient.

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Le lendemain, 12h10.

Mathis attendait à l’angle du bâtiment, caché derrière un vieux conteneur rouillé. Léna, elle, observait de l’intérieur du gymnase, par une fenêtre entrouverte.

Et à 12h15 pile… elle arriva.

Inès.

Seule. Casque vissé sur les oreilles. Elle regardait autour d’elle, nerveuse. Pas comme d’habitude. Elle n’était pas venue en reine du bal. Elle était venue en proie.

Mathis s’avança, discrètement, déguisé sous une capuche sombre. Il tenait un téléphone en mode enregistrement.

— Salut Inès.

Elle sursauta. Le regarda avec méfiance.

— Qu’est-ce que tu veux ?

— Je sais ce que tu fais. Je sais que c’est toi qui harcèles Léna. Que tu as tout balancé sur elle. Les messages. Les photos. Les rumeurs.

Inès pâlit.

— Tu… tu n’as aucune preuve.

— Non ? sourit Mathis. Alors pourquoi t’es venue ?

Elle ouvrit la bouche. La referma. Puis lâcha, en s’énervant :

— Parce que je voulais comprendre. Qui m’envoie des menaces ? Qui fouille dans mes affaires ?

— Tu as peur ? Ça ne te plaît plus quand c’est toi la cible ?

Elle recula, furieuse.

— Léna est une garce. Elle se fait passer pour une victime, mais elle joue avec vous deux depuis le début. Avec toi, avec Elias.

Mathis haussa un sourcil.

— Donc tu avoues.

Elle se mordit la lèvre.

— Je ne dirai plus rien sans avocat.

Il éclata de rire.

— Ce n’est pas un tribunal ici, Inès. Mais tu viens peut-être de signer ta fin.

Il mit fin à l’enregistrement. Inès avait mordu à l’hameçon.

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Léna écouta l’enregistrement une heure plus tard. Chaque mot d’Inès résonnait comme une confirmation : c’était bien elle. Elle avait tout orchestré. La rumeur, les messages, la manipulation d’Elias.

Et pourtant, au lieu d’éprouver de la victoire, Léna sentit une étrange tristesse l’envahir.

Inès l’avait détruite non pas par haine… mais par jalousie. Par obsession. Parce qu’elle croyait qu’Elias lui appartenait. Parce qu’elle voulait effacer ce qui ne rentrait pas dans son monde.

— Et Elias ? murmura Léna. Il faisait partie de tout ça ?

Mathis hocha lentement la tête.

— Il n’a pas envoyé de message. Mais il savait. Il a laissé faire.

Elle ferma les yeux. La gorge nouée.

— Je ne lui pardonnerai pas.

— Tu n’as pas à le faire.

Elle se leva, inspira profondément. Ce n’était plus le moment de pleurer. Ce n’était plus le moment d’attendre.

C’était le moment d’agir.

Ce soir-là, Léna posta un message anonyme sur le forum du lycée. Accompagné d’un extrait de l’enregistrement d’Inès.

> « À tous ceux qui jugent sans savoir : écoutez ça. Parfois, la victime n’est pas celle qu’on croit. »

Le message fit l’effet d’une bombe.

En une heure, il avait été partagé plus de cent fois. En deux heures, le nom d’Inès revenait dans chaque conversation. Et Elias… perdit son aura. Brutalement.

Le masque était tombé.

Mais Léna le savait.

Ce n’était que le début.

Car ce qu’elle ignorait encore… c’est qu’Inès n’agissait pas seule. Et que dans l’ombre, une autre silhouette se tenait prête. Une silhouette plus ancienne. Plus méthodique. Plus dangereuse.

Et cette fois, ce n’était plus une simple jalousie adolescente.

C’était une guerre. Une vraie.

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