Chapitre 7
La tension était palpable dans la pièce, un poids lourd qui se suspendait entre eux. Livia, les poings serrés, ses yeux lancés avec une intensité que même Caïn ne pouvait ignorer, s’approcha de lui. Il était là, calme, presque détaché, une lueur de défi dans son regard. Mais elle n’avait pas de temps pour ses jeux. Pas cette fois. Elle avait des questions. Des réponses qu’elle voulait arrachées.
« Tu sais ce que je veux savoir. » Sa voix n’était qu’un murmure glacé, mais chaque mot portait la morsure de sa colère. « Pourquoi a-t-il fait ça ? Pourquoi m’a-t-il trahie ? »
Caïn la regarda longuement, sans répondre immédiatement. Il savait où cela menait, mais il n’était pas pressé de lui donner ce qu’elle voulait. Livia, cependant, ne se laissa pas faire. Elle n’avait pas la patience de jouer. Pas après tout ce qu’elle avait vécu, après tout ce qu’il lui avait coûté.
« Pourquoi m’as-tu sauvée, Caïn ? » demanda-t-elle, les mots tombant comme des pierres. « Pourquoi avoir pris un risque pour une étrangère ? Quel jeu joues-tu ? »
Il ne répondit pas tout de suite. Puis, un sourire froid se dessina sur ses lèvres. « Tu veux des réponses ? Je te les donnerai. » Ses mots étaient comme du poison, glissant lentement dans l’air. « Mais tout a un prix. Tu n’as rien sans offrir quelque chose en retour. »
Elle le regarda, déconcertée. « Qu’est-ce que tu veux de moi ? » La colère montait en elle à chaque seconde. Comment osait-il la traiter ainsi, comme une marchandise dans un marché aux esclaves ?
« Ce que je veux ? » Il se pencha légèrement, son regard se faisant plus perçant. « J’ai besoin de toi, Livia. Et j’ai besoin de toi pour détruire celui qui t’a fait ça. Ton ex-compagnon. »
Elle resta là, figée, ses pensées se heurtant comme des vagues contre un rocher. Caïn la manipulerait, comme il manipulait tout le monde. Il savait exactement où il voulait la conduire, savait exactement comment la faire se plier à ses désirs.
Mais cette fois, il y avait quelque chose dans ses paroles qui attira son attention. De l’adrénaline, de la vengeance, de la brûlure. Ce qu’il proposait n’était pas seulement une chance de détruire celui qui l’avait trahie, mais aussi de revenir à son propre pouvoir. Il savait ce qu’elle ressentait, il savait que son besoin de vengeance surpassait tout.
« Tu veux que je t’aide à détruire l’homme qui m’a tout pris ? » demanda-t-elle lentement, son cœur battant plus fort. « Tu veux que je devienne ta complice dans ce jeu, ta pièce sur l’échiquier ? »
« Je veux plus que ça. » Caïn se leva, se rapprochant d’elle, ses yeux fixant les siens avec une intensité qui ne laissait aucune place à l’hésitation. « Je veux que tu m’aides à abattre ce bâtard, à lui faire regretter ce qu’il t’a fait. Et en retour, je t’aiderai à le détruire. Entièrement. Je te rendrai tout ce qu’il t’a pris, et plus encore. »
Livia sentit son cœur battre plus vite à l’idée de se venger, de voir la tête de cet homme tombée à ses pieds. Mais une part d’elle, la part qui avait survécu à tant de trahisons, s’interrogeait encore. Elle se souvenait trop bien de ce qu’elle avait été avant d’être rejetée, avant que la haine ne l’envahisse, avant que tout ce qu’elle ait connu ne parte en ruines.
« Et si je t’aide ? » Elle ne le quittait pas des yeux. « Que deviendrai-je ? Que deviendrai-je, Caïn ? Serai-je juste une marionnette entre tes mains ? »
Il se stoppa net, un éclat étrange dans ses yeux, presque imperceptible. « Non, Livia. Tu ne seras pas une marionnette. Tu seras mon égal. Et si tu choisis de m’aider, si tu choisis de te battre pour ce que tu veux, alors tu seras libérée. Libérée de ce que cet homme t’a fait. Et libérée de ta propre faiblesse. »
La proposition, aussi sombre et dangereuse qu’elle fût, appuyait là où ça faisait mal. Elle se battait, elle se battait pour ne pas être une victime. Elle voulait détruire tout ce qui l’avait brisée. Et pourtant, une peur sourde grandissait en elle à mesure qu’elle comprenait qu’accepter cette offre, c’était accepter d’abandonner tout contrôle. Accepter de devenir ce qu’elle avait toujours redouté : une machine à tuer.
« Tu veux que je devienne comme toi », dit-elle enfin, la voix un peu tremblante malgré elle. « C’est ça, ton plan ? »
« Je veux que tu deviennes plus forte. Que tu prennes ce que tu mérites. Oui, ça veut dire te salir, ça veut dire renier une part de toi. Mais la question, Livia, c’est : qu’es-tu prête à sacrifier pour obtenir ce que tu désires le plus ? »
Il la regarda longuement, presque avec défi, attendant sa réaction. Livia, elle, luttait contre cette rage qui la dévorait. Caïn avait raison sur un point : elle avait été brisée. Mais qu’était-elle prête à faire pour se venger ? Jusqu’où irait-elle pour récupérer ce qui lui avait été pris ?
« Et si je refuse ? » Elle se força à demander, bien que son cœur sache déjà la réponse.
« Tu mourras. Pas tout de suite, mais tu mourras. Tu n’as pas d’autre issue, Livia. » Son ton ne laissait aucune place à la discussion. « Mais tu peux choisir d’être plus que ça. Tu peux choisir de devenir plus forte que lui, plus forte que moi, plus forte que tout ce que ce monde a tenté de te faire endurer. Choisis, Livia. Fais ton choix. »
Un silence lourd s’installa entre eux. Livia ferma les yeux un instant, se battant contre elle-même. L’idée de pactiser avec lui, de rejoindre cette guerre, de devenir une alliée de Caïn… Tout cela lui semblait à la fois horrifiant et irrésistible. Mais la vengeance brûlait en elle. Elle savait que, si elle ne faisait rien, elle resterait faible, brisée à jamais. Si elle acceptait, elle aurait la chance de revenir dans la lutte, d’être quelqu’un de plus grand, de plus fort.
Finalement, elle prit une grande inspiration. « D’accord. »
« Tu es sage », répondit-il, ses yeux brillaient d’une satisfaction glacée. « Et tu feras exactement ce que je te dis. Si tu veux ta vengeance, c’est à ce prix-là que tu la recevras. »
Elle se tourna, laissant derrière elle la peur et la confusion. Elle n’avait plus de doute maintenant. Elle ferait ce qu’il fallait pour se venger. Elle choisirait la guerre, la puissance, et tout ce qu’il fallait sacrifier. Parce qu’au fond, ce n’était pas Caïn qui la briserait. C’était le monde entier.
Chapitre 50Le crépuscule se posait doucement sur le camp, une lueur dorée enveloppant la terre, comme pour adoucir les cicatrices laissées par tant de batailles. Livia se tenait au sommet d’une petite butte qui surplombait la meute, le regard tourné vers l’horizon. Elle repensait à tout ce qu’elle avait traversé : les trahisons, les combats, les nuits de doute et de solitude, et pourtant, en chaque souvenir, elle trouvait désormais une fierté inébranlable. Son passé, qui avait jadis été source de douleur, était devenu le socle de sa force.« Regarde, Caïn, » dit-elle d’une voix basse, emplie d’une émotion à la fois douce et résolue, alors qu’il se joignait à elle sur la butte. Ils contemplaient ensemble le camp qui s’étendait en contrebas, là où les flammes des torches dansaient encore, animant les visages fatigués mais fiers de leurs frères et sœurs de la meute. « Tout ce que j’ai vécu m’a conduite ici. J’ai laissé derrière moi la peur, la honte et la douleur. Aujourd’hui, je regar
Chapitre 49Les dernières lueurs du crépuscule s’effaçaient lentement, laissant place à une obscurité parsemée d’étoiles timides. Dans le calme qui succéda à la tourmente de la bataille, Caïn et Livia se retrouvèrent seuls sur le perron de la grande tente, là où la meute, épuisée mais victorieuse, se rassemblait en silence. Ils avaient traversé tant d’épreuves, et dans le tumulte des combats, une vérité s’était imposée à eux comme un éclair dans la nuit : ils étaient faits pour être ensemble.Caïn regarda Livia d’un air qui trahissait enfin ce qu’il avait toujours pensé en secret. Ses yeux, d’un noir profond, se posèrent sur elle avec une tendresse inattendue. « Livia, » commença-t-il d’une voix basse, chargée d’émotion, « je t’ai toujours vue… pas simplement comme une arme, ni comme un outil que l’on pouvait utiliser pour remporter une victoire. Tu es bien plus que cela. Depuis le début, tu as été mon égale, mon partenaire. Je ne t’ai jamais considérée comme une simple pièce intercha
Chapitre 48La tension qui planait sur la meute n’avait jamais été aussi palpable que ce soir-là. La nuit, épaisse et imprévisible, s’était abattue sur eux comme un présage funeste. Un danger imprévu, surgissant des ténèbres, menaçait leur fragile équilibre. Des rumeurs de mouvements ennemis s’étaient répandues rapidement, portant avec elles l’ombre d’une attaque qui pourrait tout anéantir. Dans ce tumulte, Caïn et Livia se tenaient côte à côte, prêts à défendre ce qu’ils avaient bâti ensemble, conscients que l’avenir de leur meute en dépendait.« Tu as entendu ? » demanda Livia en chuchotant, le regard fixé sur l’obscurité mouvante à la lisière du camp. Sa voix portait une urgence mêlée d’appréhension, tandis que son cœur battait la chamade.« Oui, » répondit Caïn d’un ton calme mais résolu. « Nos éclaireurs confirment qu’un groupe ennemi se rassemble. Ils veulent frapper avant que nous ne puissions nous organiser. »La certitude dans la voix de Caïn insufflait à Livia une force qu’e
Chapitre 47La lumière douce du matin baignait le camp, comme pour marquer le début d’une nouvelle ère, et pourtant, chaque rayon semblait raconter les cicatrices laissées par la lutte acharnée. Sous le règne de Caïn et Livia, la meute avait enfin trouvé sa voie. Les anciens conflits, les batailles sanglantes et les trahisons du passé semblaient s’évanouir dans le fracas des cris victorieux et dans le murmure apaisant des loups unis. Dans ce nouvel ordre, chaque membre sentait que quelque chose avait changé. La dominance de la meute s’était affirmée, non par la force brutale seule, mais par la vision partagée et le respect mutuel qui avaient émergé des cendres de la guerre.Livia se tenait aux côtés de Caïn, dans le centre du camp, où les feux de joie éclairaient la nuit et où les visages, autrefois méfiants, se paraient désormais de sourires sincères et de regards emplis d’espoir. Elle avait longtemps erré, se demandant si la paix pouvait vraiment exister après tant de sang versé, ap
Chapitre 46La nuit était tombée sur le camp, mais la lueur des torches illuminait les visages fiers et déterminés des membres de la meute. Ce soir-là, tout avait été préparé pour sceller une union qui marquerait un tournant dans l’histoire de leur monde. Livia se tenait droite, le regard empreint d’une force nouvelle, aux côtés de Caïn. Autour d’eux, les murmures s’élevaient, puis se faisaient plus forts, comme pour annoncer que la cérémonie allait débuter.La scène était simple, mais chargée de symboles. Au centre d’un cercle formé par les guerriers et les anciens, un autel de pierre avait été dressé. Des symboles anciens, gravés avec soin, racontaient l’histoire de la meute, ses victoires et ses tragédies. Livia se rappelait les jours sombres où on l’avait traitée comme une ennemie, une traîtresse, et tout cela lui semblait maintenant lointain. Ce soir, elle était ici pour affirmer sa place, pour montrer que le cœur d’une louve peut être forgé dans la douleur et la lutte pour deven
Chapitre 45La nuit était encore fraîche lorsqu’elle se réveilla. Le soleil n’était pas encore levé, mais la lueur grise du matin commençait déjà à envahir la pièce. Livia se leva lentement, le cœur lourd de ses pensées. Elle avait passé des heures à tourner dans son esprit, cherchant des réponses, se battant contre ses propres doutes. Mais la clarté qu’elle espérait ne venait pas. Les questions se bousculaient encore dans sa tête, trop nombreuses pour être ignorées. Et pourtant, au fond d’elle-même, il y en avait une qui se distinguait de toutes les autres, une question qui, bien qu’angoissante, semblait trouver une réponse chaque fois qu’elle posait son regard sur Caïn.Elle avait compris quelque chose pendant cette longue nuit de réflexion : elle ne voulait plus fuir. Plus de fuite devant ce qu’elle ressentait, devant ce qu’elle pourrait devenir. Plus de peur de perdre une partie d’elle-même en s’ouvrant à un autre. Oui, elle avait des peurs, des incertitudes, mais cela faisait par
Chapitre 44Livia se tenait dans l’ombre d’un arbre, les yeux fixés sur la meute en train de s’organiser autour du feu. Il y avait un calme étrange dans l’air, une sorte de paix fragile qui semblait prête à se briser à tout instant. Elle n’arrivait pas à se concentrer sur ce qu’ils faisaient. Son esprit était ailleurs, perdu dans un tourbillon de doutes et de questions. Caïn l’avait laissée à la tête de la meute, lui avait confié des responsabilités et un rôle qui l’effrayait autant qu’il la poussait à se dépasser. Mais au fond, un sentiment persistait, insidieux et lourd : pouvait-elle vraiment accepter tout ce qu’il représentait ? Pouvait-elle l’aimer après tout ce qu’ils avaient traversé ?Elle ferma les yeux, respirant profondément. La brise de la nuit était douce, presque réconfortante. Et pourtant, une angoisse grandissait en elle. Caïn. Il avait été son ennemi, puis son allié, et à présent, il était presque devenu sa seule constante. Il l’avait vue dans ses pires moments, l’ava
Chapitre 43Livia se tenait au bord de la forêt, l’air frais de la nuit caressant sa peau. Elle avait traversé de nombreux défis, mais aucun n’avait été aussi lourd que celui qu’elle allait maintenant affronter : le retour à la meute. Elle savait ce que cela signifiait. Elle n’était plus la jeune femme perdue, celle qui avait fui son passé, qui s’était battue pour un avenir incertain. Non. Aujourd’hui, elle était Livia, l’Alpha, celle qui avait survécu à tout, y compris à ses propres doutes. Mais malgré tout ce qu’elle avait traversé, une petite voix en elle hésitait. Était-elle vraiment prête à faire face à ce qui l’attendait ? À être ce qu’ils attendaient d’elle ?Derrière elle, Caïn se tenait silencieux, une présence calme mais imposante, comme une ombre qui la suivait sans jamais la quitter. Il n’avait pas dit un mot depuis leur départ de la cache où elle avait affronté Lukas. Il avait respecté son silence, lui donnant l’espace nécessaire pour digérer la victoire, pour comprendre
Chapitre 42Le vent soufflait fort contre la fenêtre, secouant les volets de bois dans un rythme désordonné. Livia était toujours attachée à la vieille chaise, ses poignets endoloris par les cordes rugueuses qui les liaient. La pièce était sombre, froide, à peine éclairée par un rayon de lune qui passait à travers les volets entrouverts. Lukas n’était plus là, et pourtant l’atmosphère restait lourde de menace. Elle sentait une pression dans sa poitrine, une inquiétude sourde, mais elle ne pouvait pas se permettre d’avoir peur.Elle serra les dents. Tout ce qu’elle avait vécu, tout ce qu’elle avait traversé, la manière dont elle s’était battue pour être là, à ce moment précis, ne serait pas gâchée par la peur d’un homme comme Lukas. Il l’avait sous-estimée, et maintenant, c’était à son tour de se tromper.Il avait cru qu’il pourrait l’user, l’affaiblir, lui rappeler sa place dans ce monde où les plus forts gouvernaient. Mais il n’avait pas compris. Livia avait déjà fait face à bien pir