Pendant ce temps, dans la chambre voisine, Noah tentait de s’endormir.
Mais quelque chose le tracassait.
Il se tourna et se retourna dans son lit, incapable de trouver le sommeil.
Finalement, il se leva.
— Où tu vas ? chuchota Liam, les yeux mi-clos.
— J’ai soif, répondit Noah à voix basse.
Liam fronça les sourcils.
— Maman ne veut pas qu’on sorte après le coucher.
— Je vais juste boire un verre d’eau, insista Noah avant de sortir discrètement de la chambre.
Le couloir était plongé dans l’obscurité, mais il connaissait le chemin par cœur.
Il avançait prudemment vers la cuisine quand il passa devant la chambre de sa mère.
Il s’arrêta net.
Des sanglots.
Il sentit son cœur se serrer.
Intrigué, il s’approcha de la porte et colla son oreille contre le bois.
Il pouvait entendre sa mère parler, mais sa voix était étouffée par ses pleurs.
Noah fronça les sourcils.
Pourquoi pleurait-elle ?
Il se recula lentement et retourna en courant dans sa chambre.
— Liam ! Réveille-toi !
Liam ouvrit un œil, grognon.
— Qu’est-ce qui se passe ?
— Maman pleure…
Liam se redressa immédiatement.
— Quoi ?
— Elle pleure dans sa chambre…
Liam pinça les lèvres.
— Tu crois que c’est à cause de nous ?
— Je ne sais pas… mais je ne l’ai jamais entendue pleurer comme ça.
Liam baissa la tête, l’air soucieux.
— Ce n’est pas la première fois… murmura-t-il.
Noah se tourna vers lui, surpris.
— Comment ça ?
Liam hésita un instant avant de soupirer.
— Parfois, après qu’elle nous ait bordés, je me lève aussi la nuit… Et plusieurs fois, j’ai entendu maman pleurer.
Noah écarquilla les yeux.
— Pourquoi tu ne m’as jamais rien dit ?!
Liam haussa les épaules, mal à l’aise.
— Je ne voulais pas t’inquiéter…
Un silence s’installa entre eux.
Puis Noah murmura :
— Et si c’était papa qui lui manque ?
Liam réfléchit un instant avant de hocher lentement la tête.
— Peut-être… Ou peut-être qu’il y a autre chose.
Noah croisa les bras, frustré.
— On doit faire quelque chose.
Liam hocha la tête.
— Oui… Mais quoi ?
Noah se leva et se mit à faire les cent pas dans la chambre.
Puis un sourire éclaira son visage.
— Et si on lui trouvait un papa ?
Liam arqua un sourcil.
— Quoi ?
— Si elle est triste parce qu’elle est seule, alors on doit lui trouver quelqu’un.
Liam réfléchit, puis son sourire s’élargit.
— Comme une mission secrète ?
Noah acquiesça.
— Opération : Trouver un papa pour maman.
Liam rit doucement et tendit sa main.
— On le fait ensemble ?
Noah posa sa main sur celle de son frère.
— Évidemment.
Les jumeaux échangèrent un regard complice.
Ils ne savaient pas encore comment, mais ils allaient redonner le sourire à leur mère.
Minuit venait de sonner dans la vaste demeure des Lancaster.
Les lumières tamisées du salon projetaient des ombres élégantes sur les murs, et un silence pesant régnait dans la pièce luxueusement décorée.
Installée sur un canapé en velours ivoire, une femme attendait patiemment, un verre de vin rouge à la main.
Sa robe de chambre en soie glissait sur sa peau parfaite, et ses longs cheveux noirs tombaient en cascade sur ses épaules.
Son regard, fixé sur la grande porte d’entrée, était empreint d’une étrange sérénité.
Mais ce calme n’était qu’une façade.
Elle n’attendait pas son mari par amour.
Non, cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait plus aucune illusion sur leur mariage.
Elle savait exactement où il était, avec qui, et ce qu’il faisait.
Et pourtant, elle ne ressentait plus rien.
Plus de colère.
Plus de tristesse.
Juste une lassitude profonde.
Enfin, le bruit d’un moteur se fit entendre.
Une berline noire s’immobilisa devant la villa.
Quelques secondes plus tard, la porte d’entrée s’ouvrit, et une silhouette masculine pénétra dans la pièce.
L’homme jeta négligemment ses clés sur la table en verre et retira sa veste avec lassitude.
Adrien Lancaster.
PDG d’un puissant empire, craint et respecté dans le monde des affaires.
Son charisme froid et son autorité naturelle faisaient trembler ses employés, mais ici, dans cette maison, il n’était qu’un mari absent.
Il était grand, élancé, toujours impeccable dans ses costumes hors de prix.
Mais ce soir, il portait encore sur lui l’odeur d’un parfum qui n’était pas le sien.
Une fragrance sucrée, entêtante, qui ne pouvait appartenir qu’à une autre femme.
— Tu es encore debout ? demanda-t-il d’une voix lasse en défaisant le premier bouton de sa chemise.
Son ton était distant, presque indifférent, comme si sa présence le dérangeait.
La femme esquissa un sourire feint et se leva lentement, posant son verre de vin sur la table basse.
Elle s’approcha avec une grâce étudiée, son regard planté dans le sien.
— Je t’attendais, Adrien.
L’homme arqua un sourcil, comme surpris par ses mots.
— Pourquoi ?
Sa voix était méfiante. Il savait qu’elle ne l’attendait jamais pour le simple plaisir de le voir.
Elle effleura légèrement son bras, un geste doux mais sans affection.
— Demain, c’est l’anniversaire d’une amie. Je voulais que tu me donnes un peu d’argent.
Un rictus apparut brièvement sur le visage d’Adrien.
Sans un mot, il glissa la main dans sa poche et en sortit une carte de crédit noire.
Il la lui tendit sans même la regarder dans les yeux.
— Ça suffira même pour dix fêtes d’anniversaire.
Son ton était glacial, dénué de toute chaleur conjugale.
Puis, sans attendre une quelconque réponse, il la contourna et se dirigea vers l’escalier.
La femme serra discrètement les dents, fixant la carte dans sa main.
Son sourire s’évanouit lentement, laissant place à une expression dure et vide.
Elle ne fit pas un pas pour le retenir.
Elle ne dit rien.
Car au fond, elle savait.
Elle savait qu’elle n’était qu’une présence décorative dans sa vie.
Elle savait que son rôle se limitait à sourire lors des événements mondains, à apparaître parfaite aux yeux du monde, et à dépenser l’argent qu’il lui jetait sans même un regard.
Mais ce n’était pas la vie dont elle avait rêvé.
Si sa famille ne lui avait pas imposé ce mariage, jamais elle ne se serait retrouvée ici.
Elle regarda Adrien disparaître à l’étage, ses pas résonnant dans le silence de la villa.
Puis, elle baissa les yeux sur la carte noire dans sa main et la fit tourner entre ses doigts.
Un rire amer franchit ses lèvres.
— Pathétique, murmura-t-elle.
Elle jeta un dernier regard à l’escalier avant de s’enfoncer dans l’obscurité du salon.
Dans cette maison, dans ce mariage, ils étaient tous les deux des étrangers.
Après le départ de leur père, Adrien quitta lentement la salle de réunion, le visage fermé, les mains enfoncées dans les poches de son pantalon. Elias, qui n’avait pas dit un mot depuis la fin de l’échange avec leur père, le suivit d’un pas rapide, son regard brûlant d’incompréhension.Dès qu’ils furent dans le couloir, Elias accéléra, le cœur battant. Lorsqu’ils franchirent la porte du bureau d’Adrien, il referma la porte derrière eux avec une certaine violence, puis se précipita vers son frère, le saisissant fermement par les épaules.— Peux-tu me dire ce que tu es en train de fabriquer ? lança-t-il, la voix tremblante de colère.Adrien resta impassible. Il baissa les yeux vers les mains de son frère, les repoussa avec calme. Sans répondre, il contourna Elias, s’installa nonchalamment dans son fauteuil en cuir, puis ouvrit le tiroir de son bureau.Il en sortit une enveloppe épaisse qu’il jeta sans ménagement sur le bureau.— Voici, dit-il sèchement. Les documents sont là. Il y a tou
Ce soir-là, Adrien rentra plus tôt que d’habitude. Lorsqu’il franchit le seuil de la maison, il tomba nez à nez avec Clara, sur le point de sortir. Elle-même sembla surprise de le voir à cette heure-là.Avec un sourire teinté d'ironie, elle le dévisagea avant de faire un pas vers la porte.— Je savais que tu étais bizarre aujourd’hui, dit-elle en jetant un coup d’œil à sa montre. Il n’est même pas encore neuf heures, Adrien. Tu es sûr que tout va bien ?Adrien la fixa. Son regard n’avait rien à voir avec celui qu’il arborait habituellement. Il était chargé de quelque chose peut-être de honte, peut-être de culpabilité.— Oui, je vais bien. Tu sors ? demanda-t-il.— Ouais. Une fête avec mes ami6s ce soir.— D’accord, répondit-il en la dépassant sans un mot de plus.Clara resta un instant figée, les sourcils froncés, le suivant du regard tandis qu’il montait les escaliers. D’un geste machinal, elle repoussa une mèche de cheveux derrière son épaule avant de finalement quitter la maison.A
Camille observa Sofia avec attention. Son amie était crispée, son regard perdu dans le vide, et ses mains tremblaient légèrement. Elle n’était pas seulement en colère. Non, elle était bouleversée.— Sofia, où sont les garçons ? demanda Camille d’une voix douce, mais ferme.Sofia détourna le regard avant de répondre d’un ton sec :— Dans leur chambre.Camille haussa un sourcil.— Attends… Tu es fâchée contre eux ?Sofia serra la mâchoire et se redressa brusquement, croisant les bras comme pour se protéger.— Pourquoi je ne le serais pas ? J’ai le droit d’être en colère contre eux !Camille secoua la tête, abasourdie.— Mais Sofia… Ce ne sont que des enfants ! Ils n’ont que trois ans !— C’est justement ça le problème ! répliqua Sofia, la voix tremblante d’émotion. Ils n’ont que trois ans et pourtant, ils réfléchissent plus qu’un adulte ! Qui leur a donné la permission de partir comme ça ? De traverser la ville seuls ? Tu te rends compte des dangers qu’ils ont courus ?Camille s’approch
Sofia ne disait plus un mot. Son visage était fermé, son regard distant. Lorsqu’ils arrivèrent à la maison, elle enleva son manteau, se dirigea vers la cuisine et prépara le dîner en silence. Pas un seul regard vers ses fils, pas une parole échappée de ses lèvres. Elle était là, mais en même temps absente, enfermée dans sa déception et sa colère.Les jumeaux s’installèrent sagement à table, jetant de rapides coups d'œil vers leur mère qui s’activait devant les fourneaux. L’ambiance était lourde, pesante. Ils savaient qu’ils avaient franchi une limite, qu’ils avaient blessé Sofia, mais ils ne savaient pas comment arranger les choses.Quelques minutes plus tard, elle posa deux assiettes devant eux sans un mot. Le repas était servi, mais le silence pesait comme une chape de plomb. Habituellement, Sofia discutait avec eux, leur demandait comment s’était passée leur journée, racontait quelques anecdotes, plaisantait même parfois. Mais ce soir-là, rien. Juste le bruit des couverts cognant c
Elle inspira profondément, essayant de maintenir le contrôle. Quand elle parla à nouveau, sa voix était froide et tranchante, la dureté du moment l'enveloppant.Sofia fixa intensément ses enfants, son regard glacial plongeant dans le leur. Elle pouvait sentir la colère et la confusion bouillir en elle, mais une question persistait : quel père étaient-ils allés voir ? Leurs mensonges ne faisaient plus sens, et son instinct maternel la poussait à obtenir la vérité.Elle s’approcha d’eux, ses bras croisés sur sa poitrine, ses yeux brillant d’une colère qu’elle ne pouvait plus contenir.— Quel père êtes-vous allés voir ? demanda-t-elle d’une voix froide et autoritaire.Liam se mordit la lèvre inférieure, évitant le regard de sa mère. Noah, lui, ne pouvait plus supporter la pression. La vérité s’échappa de ses lèvres, brisée par la honte et la peur de la réaction de sa mère.— Adrien Lancaster, murmura-t-il, les yeux baissés.Sofia sentit son cœur s'arrêter un instant. Un choc violent trav
Après le départ d’Elias, Adrien resta un moment immobile derrière son bureau, le regard perdu dans le vide. Son frère avait soulevé trop de questions auxquelles il refusait de répondre. Il n’avait pas besoin de complications dans sa vie, et encore moins d’enfants surgissant de nulle part pour bouleverser son existence parfaitement contrôlée.Il poussa un profond soupir et se passa une main sur le visage avant de se lever brusquement. Son regard sombre se posa sur la baie vitrée qui offrait une vue imprenable sur la ville.— Merde…Sa mâchoire se contracta alors qu’il repensait à ces deux enfants. Ils lui ressemblaient, certes, mais cela ne signifiait rien. Il y avait des milliers de personnes dans ce monde avec des traits similaires. Et cette Sofia… Pourquoi maintenant ? Pourquoi n’était-elle jamais venue avant s’il était vraiment leur père ?Non. Il ne voulait pas entrer dans ce jeu. Il avait été clair avec eux.“Je ne suis pas votre père.”Ces mots avaient résonné dans son bureau co