Ismène se trouvait maintenant seule face à cette nouvelle vie, dans ce village qui n’avait rien de son monde. Elle n’était plus la servante fidèle, ni la jeune femme séduite et trompée par un homme qu’elle pensait aimer. Non. Elle était devenue une veuve, seule avec un enfant à naître et un passé qu’elle ne devait jamais révéler.Les premiers jours, elle se contenta d’observer les habitants. La simplicité de leur vie semblait presque une revanche sur le luxe et la corruption qu’elle avait laissés derrière elle. Mais, dans le silence de ses nouvelles habitudes, Ismène sentait l’étrangeté de son existence. Chaque regard de travers, chaque question qui restait sans réponse, chaque moment où elle était seule avec ses pensées l’envahissait d’une angoisse nouvelle. Le poids de son secret, son isolement volontaire, l’inquiétait. Et pourtant, c’était ce secret, cette fausse histoire de veuve, qui la maintenait en vie. Sans cela, elle aurait été réduite à une ombre dans la nuit, oubliée de tou
Les gardes marchaient d’un pas lourd, encadrant Ismène d’une manière presque menaçante, comme si leur simple présence suffisait à rendre son départ irrévocable. La lumière du jour déclinait à l’horizon, teintant le ciel de nuances orangées, mais l’ombre qui s’étendait sur la ville semblait bien plus profonde pour Ismène. Elle regardait autour d’elle, observant les rues qu’elle avait parcourues tant de fois, les ruelles qu’elle avait arpentées, le palais majestueux qui était désormais derrière elle. Tout cela lui semblait désormais aussi lointain que des souvenirs d’une vie passée.Elle avait quitté sa cellule, elle avait quitté Kael, elle avait quitté cette vie d’avant, mais à quel prix ? Son cœur battait dans sa poitrine, lourd et inébranlable, à mesure qu’elle avançait vers son incertain futur. Un avenir sans retour, sans certitudes. Les hommes qui l’accompagnaient étaient comme des spectres qui la suivaient, des chaînes invisibles qui l’empêchaient de se libérer totalement.Elle n’
Naïla, silencieuse, attendait la réaction d'Ismène. Les mots qu'elle venait de dire pendaient lourdement dans l'air, imprégnant chaque recoin de la salle d'une tension palpable. Ismène, les yeux fixés sur le parchemin, se sentait comme paralysée, incapable de bouger, de respirer même. Son esprit tournait à toute vitesse, cherchant une issue, une solution, mais tout semblait inatteignable.Elle baissa la tête, incapable de soutenir le regard de Naïla. Elle savait qu’elle était à l’absolu point de rupture, qu’il ne restait que quelques secondes avant que tout ne bascule, avant que son sort ne soit définitivement scellé.— Je… je ne voulais pas que ça aille si loin, Princesse, souffla Ismène, sa voix tremblante. Je n’ai jamais voulu vous nuire.Naïla la regarda, le visage marqué par une expression froide mais presque... calculatrice. Elle se leva lentement, ses mains posées sur son ventre arrondi, comme si chaque geste avait une signification plus profonde, un poids invisible qui pesait
Les jours qui suivirent la visite de Naïla étaient une lente agonie pour Ismène. Chaque heure semblait s’étirer, chaque minute un combat silencieux contre la peur et l’incertitude. Son ventre, désormais un peu plus visible, semblait se faire écho des tourments qui la déchiraient. Elle savait que Naïla ne la laisserait pas partir aussi facilement.Les gardes la surveillaient plus que jamais, et même les servantes qui passaient près de sa cellule jetaient des regards furtifs, comme si elles étaient toutes devenues des témoins d’un drame qui se déroulait en silence. Le regard d’Ismène se perdait souvent dans le vide, cherchant des réponses, cherchant une échappatoire qu’elle savait pourtant incertaine.Un matin, alors qu’elle tentait de prendre un peu d’air près de la petite fenêtre de sa cellule, la porte s’ouvrit brusquement. Elle se redressa, le cœur battant. Elle n’eut même pas le temps de faire un mouvement que les gardes étaient déjà là, la saisissant fermement. L’un d’eux la pouss
Naïla hocha la tête, son regard perçant ne quittant pas celui de Kael.— Oui, et ce n’est même pas tout. Elle ne connaît même pas l’auteur de cette grossesse, puis certaines de mes objets ont été retrouvé dans ses affaires ajouta-t-elle, un sourire cruel se dessinant sur son visage.Les mots de Naïla frappèrent Kael comme un coup de poignard. L’idée qu’Ismène ait été victime d’un autre homme, d’une autre situation qu’il n’avait pas su détecter, l’assombrit. Il tourna ses yeux vers Ismène, cherchant une réponse dans son regard, mais elle ne leva pas les yeux. Ses lèvres étaient serrées, et une ombre de honte planait sur son visage.Ismène voulait parler. Elle voulait se défendre, dire la vérité. Son cœur battait fort dans sa poitrine
La nuit était noire lorsque Ismène prit le chemin étroit menant à l'extérieur du palais. Elle avançait d’un pas rapide, son cœur battant à tout rompre, son esprit pris entre l’angoisse de l’inconnu et l’espoir d’un avenir sans chaînes. Le vent léger lui fouettait le visage, mais il ne pouvait effacer la tension qui l’étreignait.Elle savait que la fuite n’allait pas être facile. Chaque pas qu’elle faisait la rapprochait du danger. La vieille femme, son guide discret, lui avait assuré que tout se passerait bien, mais au fond d’elle, Ismène savait que la traque allait bientôt commencer. Elle n’était qu’une simple servante, une ombre dans un monde où chaque faux mouvement pouvait être fatale.Alors qu'elle atteignait enfin la porte dérobée, un cri de garde perça le si