Chapitre 58 — La nuit avant la guerreRAVENJe n’ai pas dormi.Je n’ai même pas essayé.La nuit m’a paru interminable, étirée comme une corde prête à se rompre.Chaque tic-tac invisible est une provocation.Chaque silence me dit : ils arrivent.La Haute Société ne prévient jamais deux fois. Le message reçu hier… c’était plus qu’une alerte.C’était une promesse de sang.Je me redresse, le dos nu dans l’obscurité de la chambre.Isis dort encore.Roulée dans les draps comme dans un cocon fragile, elle semble intouchable, comme si la guerre ne pouvait pas franchir cette barrière de tissu.Ses cheveux sont éparpillés sur l’oreiller, son souffle est paisible, mais je sais que la tempête ne l’épargnera pas.J’ai envie de la toucher, de la réveiller, de lui dire que je ne laisserai personne l’approcher.Mais je préfère la regarder, la graver dans ma mémoire comme on grave une prière sur une lame avant la bataille.Je me lève, en silence.La froideur du parquet me ramène à la réalité : je ne p
Chapitre 57 — L’étau se resserre RAVENLe silence s’est épaissi, pesant, presque étouffant dans la pénombre de l’appartement.Je tiens le téléphone entre mes doigts, le sceau rouge flamboyant sur l’écran comme une sentence irrévocable.Pas un mot, juste ce symbole qui me coupe le souffle, qui scelle notre destin.Je le pose sur la table avec précaution, mais son poids écrase l’air autour de nous.— Ils savent que tu existes.Je prononce ces mots d’une voix froide, tranchante, comme une lame qui fend l’ombre.Je sens son regard chercher le mien, chargé de mille questions et d’une peur qu’elle tente désespérément de dissimuler.— Qui ?Sa voix tremble, un souffle fragile dans ce silence lourd.Je relève lentement les yeux vers elle, observant ses traits tendus dans la lumière tamisée, ses ombres mouvantes.— La Haute Société.— La Haute Société ?Ses mots résonnent comme un murmure cassé, une peur qui s’immisce et vole sa force.Je serre sa main, sentant son pouls rapide, désordonné, b
Chapitre 56 — Chair et cendresISISLe silence de l’appartement me frappe comme une vague après la tempête.Il est presque irréel, comme si le monde entier avait retenu son souffle.Je n’ai plus de forces. Mes jambes tremblent à peine la porte refermée derrière nous.Je reste là, les paumes encore humides, le cœur battant trop vite, comme si la confrontation au cabinet m’avait laissée vide, écorchée.Raven est juste derrière moi, immobile.Je sens sa présence avant même de le voir : une chaleur glacée, un souffle de nuit qui me colle à la peau.Une main posée sur le chambranle, il me regarde comme un prédateur qui se retient de bondir.Ses yeux, sombres comme deux gouffres, brûlent d’un éclat que je n’arrive pas à déchiffrer.Je fais quelques pas vers le salon, mais je sens ce regard sur ma nuque, tranchant, insistant.Je me retourne.Et ce que je vois me coupe le souffle : ce n’est pas seulement du désir.C’est autre chose, plus profond, plus brut.Un besoin de prouver que nous somme
Chapitre 55 — Face aux prédateursISISLa ville file derrière la vitre de la voiture, grise et lourde comme un ciel d’orage.Raven conduit vite, une main posée sur le volant, l’autre crispée sur l’accoudoir. Son profil est dur, fermé.Je ne parle pas.J’ai peur que le simple fait d’ouvrir la bouche fissure ce silence qui nous protège.Mon ventre est un nœud.Je sens encore la chaleur de ses mains, la force de son corps contre le mien cette nuit, mais tout ça paraît déjà loin.Maintenant, il n’y a plus que le froid du monde réel. Le cabinet. Le jugement. Ces inconnus en costume qui décident si je suis crédible ou pas, si ma parole vaut quelque chose.— Tu trembles.Sa voix me tire de mes pensées.Il tourne un instant la tête vers moi. Ses yeux noirs me fixent, profonds.— Je suis là. Tu m’entends ? Je ne les laisserai pas te toucher.Je hoche la tête, incapable de répondre.J’aimerais croire que ça suffit. Que sa présence est un rempart.RAVENElle est pâle. Trop pâle.Chaque seconde m
Chapitre 54 — La riposte du sang et du feuISISJe croyais pouvoir respirer encore un peu.Après la nuit, après le feu de ses mains et de ses lèvres, je pensais que le matin aurait le goût de paix.Mais non.Le mail du cabinet pèse encore dans ma poitrine, comme une pierre.Chaque mot me rappelle que je ne suis qu’un pion dans leur jeu, une proie qu’ils veulent dépecer.Je regarde Raven.Il est déjà debout, en jean noir, torse nu, ses cheveux épars sur ses épaules.Il ne parle pas. Il tourne dans la pièce comme une tempête silencieuse.Ses yeux sombres fixent l’écran de mon téléphone avec une intensité presque animale.— Ils osent.Sa voix n’est plus un murmure. C’est un grondement.Je le vois attraper son manteau, son portable.Je devine ce qu’il va faire avant même qu’il n’ouvre la bouche.— Raven, attends…— Non. On ne va pas les laisser te piétiner une seconde de plus.RAVENLe mail tourne dans ma tête comme un poison.Remettre son témoignage en cause.Ils croient pouvoir salir sa
Chapitre 53 — Le retour du froid---ISISLe bourdonnement du téléphone déchire le silence comme une lame.Un son sec, métallique, presque cruel.Je ferme les yeux un instant, espérant que ça s’arrête, que le monde me laisse encore quelques secondes dans ce cocon fragile.Mais non. Ça continue. Insistant.Comme un doigt qui appuie sur une blessure encore ouverte.Je sens mes muscles se crisper, comme si mon corps tout entier savait que ce qui m’attend derrière cet écran n’est pas une bonne nouvelle.Je veux ignorer, repousser.Mais la vibration persiste, obstinée.Tu ne peux pas fuir.Je me redresse lentement, avec cette lourdeur qui n’est pas de la fatigue mais de l’angoisse.Chaque geste est difficile, comme si mes os avaient pris le poids de toutes les heures écoulées depuis l’audition.J’attrape le téléphone.Un mail.Une ligne. « Urgent suite à l’audition… »Mes doigts tremblent.Mon ventre se serre jusqu’à me donner la nausée.Je sens la chaleur de Raven encore imprimée sur ma