Chapitre 1

Je suis extrêmement sexy dans ma petite robe noire, un make-up sobre avec un rouge à lèvre rouge – parce que le rouge c'est hyper sensuel – mes cheveux tirés en chignon, un collier en or avec les boucles d'oreilles assorties portant mes initiales "NRV", des talons aiguilles d'environ dix centimètres au pied pas du tout adaptés à la marche ni la danse. Je me pouponne encore un peu dans les toilettes de la boîte de nuit avant de retourner sur la piste. Cette fille dans le miroir, devant moi, est si belle, c'est à elle que j'ai toujours voulu ressembler. Je vérifie que je n'ai rien de coincer entre les dents. Mon string me rentre profondément dans les fesses c'est inconfortable mais c'est le prix à payer pour avoir du sex-appeal, je tire dessus pour laisser passer l'air. Un bonbon à la menthe contre la mauvaise haleine et je peux retourner sur le dancefloor.

Vouaa !

De l'eau est versée sur moi.

Putain c'est froid, je sors du lit, je suis déboussolée. Comment ai-je atterri dans ma chambre ? Et pourquoi suis-je toute nue ? Je n'arrive pas à tenir debout, j'ai très mal à la tête et des courbatures partout. Je rampe jusqu'à la salle de bain. J'ai l‘impression d'avoir du sable sur le corps, ma bouche est vaseuse et j'ai une très mauvaise haleine – saloperie de gueule de bois. Je me glisse sous la douche, n'arrivant pas à tenir debout, j'ouvre le robinet et m'assois par terre laissant l'eau chaude couler sur moi les yeux à demi ouvert.

La petite douche que j'ai prise m'a donné de la force. Je sors de la douche et me dirige vers le lavabo pour me brosser les dents et nettoyer mes cheveux. Devant mon miroir, je ne me reconnais pas, alors là pas du tout. Il y'a deux smileys, un triste et un souriant, qui vienne d'apparaître sur chacun de mes poignets. WHAT THE FUCK ? Des tatouages ? Mon père va me tuer, j'ai toujours voulu en avoir mais il a toujours désapprouvé, le plus terrible c'est que je n'ai aucun souvenir d'avoir fait ces tatouages. En y réfléchissant bien, il ne peut pas les voir de toute façon.

Je m'habille rapidement et sors de la douche retrouvée ma mère qui m'attend de pied ferme.

• C'est bon, tu es prête ? Me dit-elle.
• Prête pour quoi ? Lui réponds-je.
• Tu as oublié que nous devons te créer un compte en banque pour ton inscription à l'INP-HB.
• Je ne veux pas étudier à l'INP-HB, je veux devenir designer et mannequin.
• Tchrr, dizaï-quoi ! manne-quoi ! Faut te lever vite on va partir, avant que ton père ne revienne.

Mon père est super fier de moi. Sa fille unique va comme lui étudier à l'Institut National Polytechnique Félix Houphouët-Boigny. Si j'avais le choix je serais restée à Babi me pavaner dans Cocody. Mais bon je dois faire la volonté de monsieur mon père.

***

Premier jour de cours et je suis super à la bourre, c'est difficile de se retrouver au milieu de cette multitude de galeries qui se ressemblent toutes, en plus il n'y a pas de panneaux pour se situer.

Je suis en Classe Préparatoire Commerciale, et je ne sais vraiment pas quel chemin prendre pour me rendre en cours, j’aurai dû écouter papa et venir une semaine avant le début des cours mais bon je me plaisais tellement à Abidjan que j’avais oublié ma vie étudiante.

Heureusement je croise une fille avec qui j'ai discuté le jour de l'inscription

• Hey ! Salut, lui dis-je.
• Rétorque-t-elle.
• Excuse-moi, ce matin je dois me rendre en Amphi D pour faire cours. Mais je sais pas c'est où.
• Ah bon ! Moi aussi je fais cours là-bas, allons ensemble, hier un parrain m'a montré le chemin.
• Ah merci.

Sincèrement le cours ne m'était pas d'un très grand intérêt, j'ai passé presque deux heures à mâter les gens dans la salle. J'ai repéré deux beaux gosses, de véritables canons.

Je crois que je vais me plaire ici finalement.

Subitement, je sens comme un malaise. Ma tête tourne, mon corps est devenu lourd et ma vision trouble. Je me lève et me dirige vers la sortie, je me suis abaissée pour ne pas être vue par le prof. Arrivée hors de l'amphithéâtre, je sens mon petit déjeuner remonter dans ma bouche, je cours vers les toilettes et vomis par terre devant la porte.

• Ma fille ça va ? Me demande un monsieur qui était debout à quelques mètres de là, certainement le vigile.
• Oui je v... Et un autre vomissement survient.

Le monsieur donne l'alerte.

Le professeur accompagné de quelques étudiants sort et me demande ce qui ne va pas. Je balbutie en tentant de lui répondre puis à mon grand désarroi, je m'écroule sur le sol froid et humide.