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Chapitre 4

C’est déjà le matin. Cette fois-ci aucun rêve érotique. Pas de suée nocturne, rien. J'ai l'impression d'avoir trouvé la paix. C'est certainement le sentiment de sécurité que Cindy me procure. Elle a 22 ans et se débrouille très bien. Elle est actrice et mannequin en plus de préparer un BTS en informatique, elle fait du bénévolat à la maternelle du quartier. C'est une fille très dynamique. Et son père, mon oncle, la soutient dans tout ce qu'elle entreprend. Contrairement au mien qui m'a tracé une ligne directrice de vie qui est censé me conduire où il veut et surtout quand il le voudra. Je le déteste.

Une semaine que je suis chez Cindy et elle ne me laisse pas sortir toute seule sous prétexte que je risque fortement d'essayer d'avorter. Ce qui est vrai. C'est mon anniversaire aujourd'hui, mes parents pensent que je suis à Yamoussoukro et je ne sais pas s'ils voudront y aller pour me voir. Je suis stressée à l'idée qu’ils apprennent que je ne suis plus à l'école. Que diront-ils ? Merde ! Je suis foutue.

Pour me remonter le moral, Cindy propose de faire un petit tour à Burger King et de finir la soirée en boîte. Toute excitée j'accepte.

Après quelques minutes dans les embouteillages, je m'endors.

L'arrêt du moteur me réveille, j'ouvre les yeux et nous sommes devant chez mes parents. En panique, je refuse de descendre de la voiture. Cindy m'y oblige. Comment mon père va réagir en apprenant que je suis enceinte ? Je n'aurai pas dû suivre Cindy dans cette embuscade. Nous pénétrons dans la parcelle, il est vingt heures et aucune lumière n'est allumée. Cindy décide que nous allons entrer dans la maison par la porte arrière. Nous faisons le tour de la maison et arrivons à la piscine, les lumières s'allument.

  • JOYEUX A-NNI-VER-SAIRE ! S'écrie tout le monde en applaudissant.
  • Merci, merci. Dis-je toute émue et joyeuse de retrouver tout le monde.

Apparemment Cindy à préparer cette fête dans mon dos bien avant d'apprendre ma grossesse et avait dit aux parents qu'elle irait me chercher à Yamoussoukro puisque nous sommes un samedi. Il m'est extrêmement difficile de me réjouir, de fêter mon dix-septième anniversaire sachant que je porte une vie en moi.

À vingt-deux heures nous coupons le gâteau puis les parents s'en vont et nous laisse faire la fête. Nous ne sommes plus qu'entre jeunes étudiants. Il y'a quelques amis de Cindy et beaucoup de mes amies du Lycée Sainte-Marie ainsi que des amis d'amies. Des garçons viennent me voir et disent avoir un cadeau pour moi. Une compilation de vidéos qu'apparemment je leurs avais demandés de faire. Tout le monde se réunit sous la grande paillote, je sors le vidéo projecteur et ils lancent leur vidéo.

C'était pendant le Bal Des Bacheliers. J'avais trop bu, alors je suis allée vomir dans les toilettes, un gars que je ne connais pas est entré pour me filmer. Je lui ravis sa caméra. Je suis sortie des toilettes et me dirigeait vers la piste de danse. Après quelques pas de danse, je sortais prendre l'air à l'extérieur de la maison. Yoann, Paul et Jordan y discutaient. Ils étaient au Lycée Classique et toutes les filles voulaient sortir avec eux. J’allai les voir et leur proposa une partie à quatre. Évidemment ils ne pouvaient pas dire non. On s'installa dans l'une des chambres de la maison. Ils ne voulaient pas être filmé et je leurs dis que me filmer en train de faire l'amour avec plus d'un homme était mon fantasme le plus fou. Ou ils acceptaient ou on ne baisait pas. Ils acceptèrent. Je retirai ma robe couleur sang et m'allongea sur le lit nue comme un ver.

C’est là que là que la vidéo s’arrête. Tout le monde me regarde étonner, choqué, c’était incompréhensible, les garçons rigolaient, ce n’était qu’un jeu pour eux.

Le souvenir de cette nuit ne me revenait pas mais j’avais mal à la tête comme si un marteau l’avait fracassé. Je ne suis plus que douleur, colère, tristesse, humiliation et honte. Un cocktail Molotov qui explose en moi.

Je suis vide et je me sens sale.

Une sale pute qui se filme faisant l'amour avec trois types !

Une sale traînée qui perd sa virginité dans une partouze !

Je vais devenir aux yeux de tout le monde celle qui est tombé enceinte au cours d'une partouze qu'elle a encouragé.

Je refuse d'avoir cette image. Je refuse de vivre avec cette erreur sur la conscience. Je me saisis du couteau avec lequel mon gâteau fût coupé, me tranches les veines de chaque poignet puis me jette dans la piscine.

Je sens mes poumons se remplir d’eau.

Je sens la vie me quitter.

Je ne résiste pas.

C'EST LA FIN.

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