Point de vue : Alex Le sang battait contre mes tempes, en rythme avec le fracas de la bataille. Chaque coup de griffe, chaque hurlement résonnait dans ma poitrine comme une onde de choc. Dharma et moi étions en symbiose. Lui la puissance, moi la précision. Ensemble, nous tailladions les rangs ennemis comme une lame noire dans l'obscurité. Mais je le sentais. Quelque chose clochait. Un battement manquait dans la mélodie. Un pilier était en train de vaciller. — Rayan... souffla Dharma, ses pensées entremêlées aux miennes. Il faiblit. Mon regard balaya la zone. Je le vis, là-bas, soutenu par Lina. Humain, vacillant, le visage pâle, la main crispée sur son épaule. Sa morsure... — On doit le protéger. Je bondis, repoussant un lycan d’un coup de patte. Mais avant que je n’aie pu atteindre mon frère, une ombre imposante s’interposa dans la mêlée. Un rugissement fendit l’air. Il fit reculer même les lycans les plus audacieux. Tous levèrent la tête. Et là, il apparut. Mon père. Daryl
Point de vue : Rayan Tout tournait. Chaque respiration devenait un effort. Le goût du sang emplissait ma gueule, mais je ne savais plus s’il s’agissait du mien ou de celui des lycans. La morsure... Elle pulsait. Une chaleur sourde, désagréable, avait pris racine dans mon épaule, mais ce n’était pas encore insupportable. Un malaise rampant, plutôt qu’une douleur. Comme si un poison lent s’infiltrait dans mes os, goutte à goutte. Karma, d’ordinaire si vif, grondait à peine. Son silence m’alarmait plus que n’importe quelle blessure. Il n’avait pas disparu. Mais je le sentais... différent. Distrait. Comme s’il écoutait autre chose. Comme s’il luttait pour rester centré. Je secouai la tête. Il ne fallait pas faiblir. Pas maintenant. Le champ de bataille n’avait pas ralenti. Alex, sous sa forme de Dharma, bondissait de plus en plus loin de moi. Negan était une masse mouvante de crocs et de griffes. Les lycans reculaient lentement, mais ils restaient dangereux. Et moi... je commençai
Point de vue : Rayan Tout allait trop vite. Un instant, je dansais avec Lina, bercé par l’illusion d’un moment de paix. La musique, les rires, les feux dansants… tout semblait irréel, figé dans une bulle qui ne demandait qu’à éclater. Et elle éclata. Un frisson remonta le long de mon échine. Pas de vent. Pas un bruit. Un silence surnaturel s’était abattu sur la fête, si discret que seul un cœur lié à la terre pouvait le percevoir. Karma se redressa aussitôt en moi, silencieux, tendu comme un arc. — Quelque chose approche, murmura-t-il. Ce n’est pas naturel. Mes yeux balayèrent la place. Les villageois dansaient toujours, riant, insouciants. Alex, plus loin, échangeait quelques mots avec Daryl et Rose. Negan discutait avec des anciens de sa meute. Tout semblait... normal. Mais ce n’était qu’une façade. Je relâchai doucement la main de Lina, qui me regarda avec inquiétude. Mon expression devait suffire : elle hocha la tête sans rien dire et recula vers la lisière du cercle de fe
Point de vue de Rayan Le froid me mordait la peau, bien que la chaleur de la foule et des torches allumées pour le festival créait un cocon rassurant. Pourtant, je n’entendais plus les rires, ni la musique enivrante. Mon regard restait figé sur cette forme mouvante, tapie dans l’ombre entre les arbres. Elle n’avait rien de naturel. Elle se déplaçait avec une grâce prédatrice, trop fluide pour appartenir à un simple loup ou à un chasseur curieux. Je me redressai lentement, le souffle ralenti, chaque muscle prêt à réagir. Je ne voulais pas alerter les autres. Pas encore. Je l’ai vu, murmurai-je intérieurement. Et ce n’est pas humain. Mon instinct d’Alpha, que j’avais pourtant renié, hurlait dans mes veines. C’était là, tapi dans les ténèbres, quelque chose de dangereux. Je fis un pas en avant, prêt à bondir s’il le fallait, mais la silhouette disparut soudainement. Avalée par les bois. — Rayan ? Je me retournai brusquement. Lina s’était approchée, une expression inquiète sur le v
Point de vue de Rayan Le rire de Negan m’avait toujours fait penser à celui d’un ogre qu’on aurait surpris en pleine taverne. Franc, bruyant, un peu trop, mais rassurant malgré tout. Ça faisait des années qu’on ne s’était pas vus, et pourtant, l’aisance entre nous revenait sans effort. Il parlait fort, buvait comme un trou et donnait des accolades capables de te déboîter l’épaule. — Sérieusement, t’as pris du plomb dans les muscles depuis la dernière fois, me lança-t-il en tapant sur mon dos comme s’il essayait d’en extraire le diable. — C’est ce que les responsabilités font, rétorquai-je en grimaçant. Ou alors c’est les coups de lune. Il éclata de rire, secouant sa chope. On s’était éloignés légèrement du cœur du festival pour discuter en cercle plus restreint. Quelques anciens de sa meute nous avaient rejoints, ainsi que deux ou trois vieux camarades à moi… et à Alex. Des têtes familières, des sourires fatigués, mais sincères. — Alors c’est vrai, t’as laissé le trône pour ton
Point de vue d’Alex L’ambiance du festival me frappait de plein fouet à chaque pas que je faisais. Les lanternes rouges suspendues au-dessus de nous teintaient les visages d’une lueur chaude, presque irréelle. La musique, les cris d’enfants, les rires étouffés… tout aurait dû m’apaiser. Mais je restais tendu. Je marchais lentement entre les étals, observant les miens. Des regards glissaient encore vers Rayan. Certains portaient du mépris, d’autres de la curiosité, mais trop peu affichaient de la reconnaissance. Pourtant… mon frère était là. Droit. Présent. Il n’avait fui ni les responsabilités, ni les murmures. Et ça, peu ici en étaient capables. Je l’aperçus de loin. Rayan, en pleine danse avec Lina. Elle était magnifique, comme toujours, mais ce n’est pas ce qui attira mon attention. C’était lui. Son regard. Il n’avait jamais paru aussi serein. Et malgré les langues acérées, il affichait un calme qui imposait le respect. Je sentis un mélange étrange en moi : de la fierté, oui… ma