Point de vue : Rayan Je ne savais plus depuis combien de temps j’étais là. Prisonnier de mon propre corps. Tout était flou. Parfois noir. Parfois brûlant. Un feu rampant sous ma peau, comme si mes os s’étaient mis à vibrer au rythme d’un tambour ancien. Il y avait des cris, des murmures, des souvenirs qui n’étaient pas les miens. Un vide, puis un grondement. Une promesse de ruine, tapie sous la surface. Et puis… un souffle. Pas le mien. Celui de Lina. Son odeur. Son pouls. Son énergie. C’est ce qui m’a ramené. J’ai ouvert les yeux. La lumière du matin s’est frayée un chemin jusqu’à moi à travers les interstices du bois. Mon regard a accroché chaque particule de poussière suspendue dans l’air, chaque craquement dans les murs, chaque bruissement de feuille à l’extérieur. Je voyais tout. J’entendais tout. Trop fort. Trop précis. Le silence, lui, était devenu bruyant. Je clignai des yeux, une fois, deux fois, et je vis son visage. Lina. Elle était là, penchée au-dessus de moi,
Point de vue : Lina Le matin s’étirait lentement sur le village, glissant ses premières lumières entre les toits et les arbres avec une douceur trompeuse. Le calme ambiant avait quelque chose d’artificiel. Trop propre. Trop poli. Depuis deux jours que Rayan était allongé dans ce lit, brûlant de fièvre, tout le monde se taisait. Ce n’était pas du respect. C’était du silence… pesant. Calculé. Je m’étais encore endormie sur le sol, à demi appuyée contre le bord du lit. Mon poignet portait la marque de sa poigne, de la veille. Il m’avait attrapée avec une force surhumaine, puis ses yeux avaient changé… pour un instant seulement. Il ne s’était pas réveillé depuis. Pas un mot. Pas un souffle clair. Quand j’ouvris les yeux, je vis que le soleil avait déjà grimpé haut dans le ciel. Une chaleur moite collait à ma peau. Je me redressai en silence et vérifiai son front. Toujours brûlant. Toujours tendu. Les battements de son cœur, eux, gardaient cette régularité étrange. Comme une mélodie ét
Point de vue : Lina Cela faisait deux jours. Deux jours que Rayan n'avait pas ouvert les yeux. Deux jours que son corps brûlait d’une fièvre que rien ne semblait pouvoir apaiser. Couché sur la couche de fourrure que je renouvelais sans cesse, il était pris de tremblements violents, de soubresauts inquiétants, et son souffle rauque se perdait dans la pénombre. Il transpirait comme s’il luttait contre quelque chose d’invisible. Et peut-être était-ce exactement cela. Je ne l'avais pas quitté. Pas une seule nuit. Je dormais à ses côtés, veillant son sommeil agité, la paume posée sur son torse pour sentir battre ce cœur que j’aimais tant. Un cœur qui battait aujourd’hui à une cadence... étrangère. Ni plus rapide ni plus lente. Simplement différente. Comme s’il résonnait dans un monde qui n’était plus tout à fait le nôtre. Les anciens restaient silencieux. Leur absence autour de la tente suffisait à alourdir l’air. Et les murmures dans la meute enflaient. Il avait été mordu — tout l
Point de vue : Alex Le sang battait contre mes tempes, en rythme avec le fracas de la bataille. Chaque coup de griffe, chaque hurlement résonnait dans ma poitrine comme une onde de choc. Dharma et moi étions en symbiose. Lui la puissance, moi la précision. Ensemble, nous tailladions les rangs ennemis comme une lame noire dans l'obscurité. Mais je le sentais. Quelque chose clochait. Un battement manquait dans la mélodie. Un pilier était en train de vaciller. — Rayan... souffla Dharma, ses pensées entremêlées aux miennes. Il faiblit. Mon regard balaya la zone. Je le vis, là-bas, soutenu par Lina. Humain, vacillant, le visage pâle, la main crispée sur son épaule. Sa morsure... — On doit le protéger. Je bondis, repoussant un lycan d’un coup de patte. Mais avant que je n’aie pu atteindre mon frère, une ombre imposante s’interposa dans la mêlée. Un rugissement fendit l’air. Il fit reculer même les lycans les plus audacieux. Tous levèrent la tête. Et là, il apparut. Mon père. Daryl
Point de vue : Rayan Tout tournait. Chaque respiration devenait un effort. Le goût du sang emplissait ma gueule, mais je ne savais plus s’il s’agissait du mien ou de celui des lycans. La morsure... Elle pulsait. Une chaleur sourde, désagréable, avait pris racine dans mon épaule, mais ce n’était pas encore insupportable. Un malaise rampant, plutôt qu’une douleur. Comme si un poison lent s’infiltrait dans mes os, goutte à goutte. Karma, d’ordinaire si vif, grondait à peine. Son silence m’alarmait plus que n’importe quelle blessure. Il n’avait pas disparu. Mais je le sentais... différent. Distrait. Comme s’il écoutait autre chose. Comme s’il luttait pour rester centré. Je secouai la tête. Il ne fallait pas faiblir. Pas maintenant. Le champ de bataille n’avait pas ralenti. Alex, sous sa forme de Dharma, bondissait de plus en plus loin de moi. Negan était une masse mouvante de crocs et de griffes. Les lycans reculaient lentement, mais ils restaient dangereux. Et moi... je commençai
Point de vue : Rayan Tout allait trop vite. Un instant, je dansais avec Lina, bercé par l’illusion d’un moment de paix. La musique, les rires, les feux dansants… tout semblait irréel, figé dans une bulle qui ne demandait qu’à éclater. Et elle éclata. Un frisson remonta le long de mon échine. Pas de vent. Pas un bruit. Un silence surnaturel s’était abattu sur la fête, si discret que seul un cœur lié à la terre pouvait le percevoir. Karma se redressa aussitôt en moi, silencieux, tendu comme un arc. — Quelque chose approche, murmura-t-il. Ce n’est pas naturel. Mes yeux balayèrent la place. Les villageois dansaient toujours, riant, insouciants. Alex, plus loin, échangeait quelques mots avec Daryl et Rose. Negan discutait avec des anciens de sa meute. Tout semblait... normal. Mais ce n’était qu’une façade. Je relâchai doucement la main de Lina, qui me regarda avec inquiétude. Mon expression devait suffire : elle hocha la tête sans rien dire et recula vers la lisière du cercle de fe