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chapitre : 7

last update Última atualização: 2025-10-13 17:05:49

• ஜ • ❈ • ஜ •

Le numéro était enregistré dans son téléphone depuis une semaine. Chaque fois qu'Elara ouvrait ses contacts, son doigt hésitait au-dessus du nom : Guy Marchand. C'était une frontière à franchir, un saut dans le vide dont elle pressentait qu'il n'y aurait pas de retour possible. Elle avait passé ces jours dans un état de suspension étrange, accomplissant ses tâches au Velours Pourpre avec une précision d'automate, évitant le regard lourd de reproches et d'inquiétude de Marius.

Ce qui l'avait finalement décidée, ce n'était pas l'appel du luxe ou la promesse d'un salaire mirifique. C'était la peur de rester figée à jamais dans cette vie étriquée, à polir des verres pour des inconnus en regardant passer sa jeunesse par la fenêtre embuée d'un restaurant. La peur de la peur elle-même.

Elle composa le numéro, un soir, dans le silence de son appartement. La sonnerie n'avait retenti qu'une seule fois.

— « Marchand. » Sa voix était identique à celle qu'elle connaissait, calme et immédiatement reconnaissable, même à travers le filtre électronique.

— « C'est Elara Vance. »

Un léger silence. Elle l'imaginait sourire, ce sourire de prédateur qui sait sa proche au bout du fil.

— « Elara. Je commençais à penser que ma carte avait fini à la poubelle. »

— « J'ai réfléchi à votre offre. »

— « Et ? »

Elle inspira profondément, serrant le téléphone.

—« Je l'accepte. »

Il n'y eut ni triomphe ni surprise dans sa voix, seulement une satisfaction tranquille.

—« Bien. Soyez demain matin, neuf heures, à l'adresse suivante. » Il lui donna une adresse dans le quartier d'affaires, un lieu dont le nom seul évoquait le verre, l'acier et le pouvoir. « Demandez mon assistant, Luca. Il s'occupera de vous. »

La connexion fut coupée. Elara resta assise sur son lit, le téléphone encore collé à son oreille, le cœur battant comme si elle venait de signer un pacte avec le diable. Peut-être était-ce le cas.

Le lendemain, à 8h55, elle se tenait devant une tour de verre qui semblait gratter le ciel bas et gris de la ville. Le hall d'entrée était un canyon de marbre poli, où le clic-clac précipité des talons hauts et le murmure feutré des conversations d'affaires se répercutaient en échos. Des hommes et des femmes en tenue sévère la dévisagèrent avec une curiosité non dissimulée alors qu'elle se dirigeait vers la réception, mal à l'aise dans sa robe simple.

L'assistant, Luca, était un homme jeune, mince, vêtu d'un costume qui semblait peint sur sa peau. Ses yeux noirs et vifs l'évaluèrent en une seconde, enregistrant chaque détail de son apparence avec une froideur qui la fit se sentir nue.

— « Mademoiselle Vance. Suivez-moi. »

Ils prirent un ascenseur silencieux dont les parois étaient en laiton et en cuir, qui monta si vite que ses oreilles se bouchèrent. Le bureau de Guy Marchand occupait tout un étage. Les portes vitrées coulissèrent sans un bruit, révélant un espace d'une austérité luxueuse. Les murs étaient en béton ciré, les meubles en bois sombre et métal chromé. De vastes baies vitrées offraient une vue à couper le souffle sur la ville, transformant les habitants en fourmis affairées. L'air sentait le cuir neuf et… l'argent. Une odeur propre, coupante.

Guy Marchand n'était pas assis à son bureau. Il se tenait près de la fenêtre, un verre d'eau à la main, contemplant son royaume. Il se retourna à leur entrée.

— « Elara. Bienvenue. »

Il ne lui serra pas la main. Son regard, aujourd'hui, était différent. Ce n'était plus le regard du client intrigué, ni celui du séducteur jouant un jeu dangereux. C'était le regard d'un patron. Évaluateur. Exigeant.

— « Luca va vous donner les documents à signer. Votre nouveau contrat. Vos nouvelles fonctions commenceront officiellement lundi. » Il fit un geste vague de la main. « Vous sement mon assistante personnelle. Votre tâche sera d'apprendre. Tout. »

Elara signa les documents que Luca lui tendit sur une tablette en verre, les yeux à peine capables de se fixer sur les lignes de texte serré. Les chiffres de son salaire étaient si élevés qu'ils en perdaient leur sens.

— « Pourquoi moi ? » demanda-t-elle soudain, levant les yeux vers lui alors que Luca quittait la pièce.

Marchand s'approcha, s'arrêtant à une distance qui n'était ni intime ni professionnelle, mais précisément calculée pour intimider.

—« Parce que vous n'avez pas peur de me regarder dans les yeux. Même quand vous devriez. Parce que vous êtes intelligente et que vous savez vous taire. Et parce que… » Il fit une pause, laissant son regard errer sur son visage. « … vous avez une soif que le Velours Pourpre ne pourra jamais étancher. Je vous offre l'océan, Elara. À vous de décider si vous savez nager. »

Il lui fit faire le tour de l'étage. Chaque pièce révélait une nouvelle facette de son empire. Une salle de réunion avec un écran tactile occupant tout un mur. Un salon privé où des bouteilles de spiritueux rares scintillaient comme des joyaux. Une bibliothèque remplie de livres d'art et d'économie, qui semblaient tous neufs, comme des accessoires.

Partout, des hommes comme Luca, efficaces et silencieux, vaquaient à leurs occupations. Mais elle vit aussi d'autres types d'hommes. Des individus plus larges, au visage fermé, aux regards qui balayaient les couloirs avec une vigilance de soldat. Ils ne portaient pas de costumes aussi chers, mais leurs vestes semblaient un peu trop larges aux épaules. Quand l'un d'eux croisa son regard, il n'y eut aucune curiosité, seulement une évaluation froide, presque mécanique. C'était la première fois qu'elle voyait, en chair et en os, les gardes du corps, les sentinelles de son monde souterrain.

À la fin de la visite, Marchand s'arrêta devant une porte discrète.

—« Votre bureau. »

C'était une pièce plus petite, mais d'une élégance épurée. Un bureau en acajou, un ordinateur dernier cri, et… une vue imprenable.

—« Personne ne vous demandera de servir du café ici, Elara, dit-il depuis le cadre de la porte. On vous demandera de penser. D'anticiper. Et de vous taire. »

Alors qu'il s'apprêtait à partir, il ajouta :

—« Ce soir, dîner. 20 heures. Luca vous communiquera l'adresse. Habillez-vous… en conséquence. »

Elara resta seule dans son nouveau bureau. Elle s'approcha de la fenêtre et posa ses mains sur la vitre froide. La ville s'étalait à ses pieds, immense, bruyante, indifférente. Elle avait obtenu ce qu'elle voulait. Elle avait quitté l'ombre du restaurant pour entrer dans la lumière crue du pouvoir.

Mais alors qu'elle observait les voitures minuscules glisser comme des scarabées sur les artères de la ville, une pensée glacée traversa son esprit. La vue depuis le sommet était vertigineuse. Et elle venait de comprendre que la chute serait bien plus longue et plus douloureuse que tout ce qu'elle avait pu imaginer. Elle avait franchi le miroir, et le monde luxueux et intimidant de Guy Marchand n'était pas une récompense. C'était la cage la plus dorée et la plus solide qui soit.

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Último capítulo

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  • sous le velours    chapitre : 48

    • ஜ • ❈ • ஜ •Les semaines qui suivirent la menace furent un supplice raffiné pour Guy. La peur n'était plus une émotion ponctuelle, mais un brouillard toxique dans lequel il vivait en permanence. Chaque ombre portée, chaque inconnu croisé dans la rue, chaque sonnerie de téléphone un peu trop stridente était un électrochoc. Il voyait le ventre d'Elara s'arrondir imperceptiblement, et cette beauté pure était souillée par l'idée qu'un danger rôdait, visant cette vie naissante.Ses nuits étaient peuplées de cauchemars où il redevenait l'homme du container, où ses mains se couvraient de boue et de sang pour protéger les siens. Il se réveillait en sursaut, le cœur battant à tout rompre, et regardait Elara dormir paisiblement à ses côtés. La tentation de céder à ses habitudes, de plonger tête baissée dans les ténèbres pour en finir rapidement, était un poison doux-amer qui coulait dans ses veines. "Quelques appels", lui soufflait une voix intérieure, sinistre et familière. "Quelques pressio

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