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Les rumeurs

Penulis: Lili33
last update Terakhir Diperbarui: 2025-07-29 00:37:01

La nuit avait déposé son manteau sombre sur le manoir, mais malgré le feu crépitant dans la cheminée, un frisson glacé ne cessait de parcourir mon échine. Mes pensées revenaient sans cesse à l’après-midi, à cet instant où un inconnu m’avait sauvée d’une mort certaine. Son visage, marqué par la dureté de la vie, ses yeux d’un vert profond, semblaient hantés d’une colère contenue.

Je me tenais à la fenêtre du petit salon, observant la pluie fine danser sur les vitres, lorsque la porte s’ouvrit doucement. Émilie Beaumont fit son entrée, son sourire éclatant illuminant la pièce.

— Te voilà enfin, lança-t-elle avec un clin d’œil. Tu semblais perdue dans tes pensées depuis des heures.

Je lui fis un faible sourire, hésitant à lui confier mes tourments. Mais sa présence familière était une invitation à la confidence.

— Il y a quelque chose… un homme. Aujourd’hui, il m’a sauvée, expliquai-je d’une voix tremblante. Une calèche s’était emballée, et il m’a tirée hors du danger au dernier moment.

Émilie plissa les yeux, intriguée.

— Un homme ? Quel genre d’homme ?

— Il travaille sur les docks, je crois. Un docker. Il avait ce regard… si intense, si dur.

Elle hocha la tête, puis se pencha vers moi, baissant la voix comme pour partager un secret.

— Léna, tu parles de Noah Blackwood. Tout Bristol murmure son nom, mais pas en bien.

Je me redressai, surprise.

— Noah Blackwood ? Que lui reproche-t-on ?

— Oh, de tout et de rien, répondit-elle avec un soupir. On dit qu’il est bagarreur, que ses fréquentations sont douteuses, que sa vie est pleine d’ombres. Certains parlent même de dettes qu’il n’arrive pas à honorer, et il y a des rumeurs… des histoires de contrebande et de vols. Mais rien n’a jamais été prouvé.

Je baissai les yeux, cherchant à chasser l’image qu’Émilie venait d’évoquer. Pourtant, chaque mot ravivait cette étrange fascination que j’éprouvais.

— Tu sais, continua Émilie, tu n’es pas la première à t’intéresser à lui. Il a ce je-ne-sais-quoi qui trouble les esprits, surtout ceux des jeunes femmes trop protégées comme toi.

Je rougis, vexée malgré moi.

— Je ne sais pas pourquoi je pense à lui, ce n’est pas raisonnable.

Émilie sourit, presque tendre.

— Ce sont souvent les choses interdites qui attirent le plus fort. Mais sois prudente, Léna. Ces bas-quartiers ne sont pas faits pour toi.

Je hochai la tête, consciente du fossé qui nous séparait. Ma vie avait toujours été réglée comme un métronome : études, bals, devoirs, mariage arrangé. Lui, il semblait nager dans un monde de chaos, d’incertitudes et de violence.

Pourtant, cette distance, cet interdit, nourrissait un feu nouveau en moi.

---

Les jours suivants, je me surpris à écouter avec attention les conversations dans le manoir, les murmures discrets qui filtraient entre les invités. On parlait de Noah comme d’une tempête prête à tout dévaster, d’un homme dangereux qu’il fallait éviter. Mais plus je l’entendais dépeint en monstre, plus je voulais comprendre.

Un soir, dans la bibliothèque, mon père évoqua son nom avec un éclat de dédain.

— Ce Blackwood est un parasite pour notre ville, un élément perturbateur. Il a peut-être grandi dans la misère, mais il ne devrait pas prétendre à autre chose. Il faut qu’il reste à sa place.

Je sentis un serrement dans ma poitrine. Cet homme était bien plus qu’un simple docker, et il représentait, pour moi, une brèche dans le mur que mes parents avaient construit autour de ma vie.

---

Ce même soir, alors que je regagnais ma chambre, je croisai Anna, la servante au regard vif. Elle me lança un regard entendu, chargé de sous-entendus.

— Mademoiselle, si vous cherchez des histoires, le port en regorge. Mais ce n’est pas un endroit sûr pour une jeune dame de votre rang.

Je souris, consciente que, malgré les mises en garde, mon esprit s’aventurait déjà sur ces quais sombres et mystérieux.

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