All Chapters of Les flammes du désir : Chapter 11 - Chapter 20

CassandraLe disque dur repose entre mes mains. Il est tiède à force d’avoir été serré, transporté, protégé. Objet banal, rectangle gris, froid, sans beauté. Mais à l’intérieur, ce n’est pas du plastique, ni de l’acier. Ce sont des années d’ombre. De contrôle. De peur. D’humiliations enregistrées, dissimulées, utilisées comme des chaînes.J’ai souvent imaginé que la vérité ferait mal. Qu’elle m’ouvrirait en deux comme une lame, qu’elle me laisserait pantelante, incapable de me relever. Mais ce que je ressens maintenant… ce n’est pas la douleur. Ce n’est pas la délivrance non plus. C’est un vide. Une cavité étrange, béante. Comme si quelque chose d’ancien, d’ancré en moi depuis trop longtemps, avait été arraché d’un coup sec. Une gangrène que je croyais être un organe. Ce n’est pas encore la liberté. Mais c’est un commencement.Noah est assis sur le canapé éventré de cette vieille maison en ruines. Sa chemise est maculée de terre, de pluie séchée, de sueur. Ses mains tremblent encore u

CassandraLa première ne parle pas tout de suite.Elle entre dans la pièce en silence, la démarche hésitante, comme si chaque pas était une épreuve. Elle s’assoit au bord de la chaise, presque prête à se relever à tout instant. Ses mains tremblent, ses doigts s’agrippent à l’ourlet de sa manche, blêmissant la peau au point de faire presque mal à voir. Elle me fixe intensément, ses yeux cherchent quelque chose – une preuve, une faille, une promesse silencieuse qu’elle ne sera pas abandonnée.Je ne bouge pas. Je reste là, immobile. Je respire doucement, longuement. Je suis là. Juste là.Le silence s’étire, lourd, pesant.Puis elle finit par murmurer :— C’est toi… Celle qui a fui le manoir.Je hoche la tête lentement, mes yeux ancrés dans les siens.Elle cligne des paupières, l’émotion la submerge, mais aucune larme ne coule encore. Pas maintenant. Pas ici.Peu à peu, elle se redresse, un frêle fil de courage qui se tend. Ma présence semble lui donner la force de s’autoriser à exister d

NoahLe lendemain matin, la lumière filtre à peine à travers les rideaux épais de notre appartement. L’air est lourd, chargé des émotions d’hier. Je me réveille avant Cassandra, le cœur battant encore au rythme de ses mots, de sa force. La pièce est silencieuse, mais j’entends, au plus profond de moi, la tempête qui gronde encore.Je la regarde dormir, ses traits détendus pour la première fois depuis longtemps. Sa poitrine se soulève doucement, paisible, comme si le poids de la peur s’était un instant envolé. Pourtant, je sais que la bataille ne fait que commencer. Que la route sera longue, qu’elle portera sur ses épaules bien plus que ce que je peux imaginer.Je me penche doucement vers elle, effleurant sa joue de la pulpe de mes doigts. Elle frissonne, ouvre les yeux lentement, encore enveloppée de sommeil.— Noah… murmure-t-elle, comme pour se raccrocher à une ancre dans la tempête.Je souris, un sourire chargé de promesses silencieuses.— Je suis là. Toujours.Elle se redresse, le

CassandraJe ferme la porte à clé. Lentement. Le clic résonne dans l’appartement comme une détonation douce, une frontière invisible entre le dehors et ce que nous sommes ici. L’air semble s’épaissir autour de moi, chargé de cette tension que je refuse d’affronter en pleine lumière. Noah est là, appuyé contre le mur, les bras croisés, son regard posé sur moi avec une gravité nouvelle. Ce soir, tout brûle plus bas. Pas les mots. Pas la colère. Autre chose.Je reste figée un instant, hésitante, comme si franchir cet espace était un défi. Je sens ses yeux qui brûlent sur ma peau, et ce poids me fait vaciller. Mais je reprends pied, déterminée. Mes gestes sont mesurés, précis. Chaque pas me rapproche de lui, et pourtant, je redoute ce que cette proximité va réveiller.Il ne bouge pas, mais je sens sa tension dans l’air, ce fil d’électricité fragile qui vibre entre nous, prêt à s’embraser. Une part de moi voudrait fuir encore, se réfugier dans le silence, la solitude, ou n’importe quoi d’a

Le matin s’insinue lentement dans la chambre, tel un soupir tiède sur une peau encore frémissante de la nuit. Une lumière pâle, dorée, touche le bord du drap froissé. Le monde, là-dehors, s’éveille à peine. Mais ici, entre ces murs, un autre monde respire encore. Plus lent. Plus vrai.CassandraJe me réveille dans la chaleur de ses bras, ma joue posée contre sa peau. Il dort encore, mais je sens son souffle régulier sur ma nuque, sa main large toujours posée sur ma hanche comme une ancre silencieuse. Ce contact, si simple, me bouleverse. Je n’ai jamais su ce que signifiait vraiment l’abandon, pas jusqu’à cette nuit.Je me tourne, très lentement, et mes yeux croisent les siens.— Tu ne dors pas.NoahSa voix est douce, éraillée par le sommeil. Un murmure qui me traverse comme un frisson. Je la regarde, son visage encore marqué par la fatigue, mais éclairé d’une lumière que je n’ai vue chez personne d’autre. Pas même dans les instants de victoire. Pas même dans les moments où je pensais