Semua Bab SOUS SA LOI: Bab 31 - Bab 40

ElinaLe jour s’étire, lourd et sourd, comme une promesse à demi murmurée, une tension suspendue dans l’air épais de la chambre.Je reste là, allongée sur le lit, mon corps encore brûlant de sa présence, mes doigts hésitants effleurant les marques qui palpitent doucement sous ma peau, comme si elles avaient trouvé un nouvel écho dans mon propre sang.Le feu qui coule dans mes veines est une lave douce et terrible à la fois, une braise sourde qui brûle sans consumer, un feu qui réclame attention, contrôle, maîtrise.Je sens son souffle chaud contre ma nuque, ses doigts tracent des chemins incertains sur mon épaule, hésitant, comme s’ils cherchaient à comprendre, eux aussi, ce qui grandit entre nous.— Tu sens ? murmure-t-il, la voix rauque, presque fragile.Je hoche la tête, les mots coincés dans ma gorge.— Oui. Il est là. En nous.Il se redresse lentement, s’appuie sur ses mains, ses yeux creusés d’une lumière nouvelle, crue, sauvage, celle d’un homme qui découvre enfin la vérité de

ElinaLe crépuscule a tout avalé.Les dernières lueurs du jour se sont fondues dans l’horizon, étouffées par un ciel bas, lourd, menaçant. Le silence s’est épaissi autour de nous comme une couverture de plomb. Je sens dans l’air l’odeur de la terre qui attend la tempête. L’appel des origines. Celui qu’on ne peut ignorer sans se trahir.Nous sommes prêts.Ou du moins, nous faisons semblant de l’être.Je serre mon sac contre moi, un sac chargé de presque rien et pourtant si lourd. Ce que j’emporte tient dans quelques vêtements, une lame effilée, et une poignée de souvenirs que je refuse de laisser mourir. Le reste, je le laisse derrière. Avec la maison. Avec la vie que nous n’aurons plus jamais.Deux 4x4 noirs nous attendent au bord du sentier, moteurs ronronnant comme des bêtes tapies dans l’ombre. Ils sentent l’huile, la poussière, et le danger. Des véhicules taillés pour les terres sauvages, pour les routes qui n’en sont plus, pour les chemins dévorés par les bois et les cendres du p

ElinaLa lumière du matin perce à travers les lourdes tentures.Elle glisse doucement sur ma peau, comme une caresse timide venue briser la nuit. Je suis encore lovée contre lui, sa respiration lente contre ma nuque, son bras en travers de ma taille, possessif même dans le sommeil. Chaque souffle qu’il relâche semble dire : tu es à moi maintenant.Mais ce matin… ce matin, c’est moi qui me lève la première.Je quitte le lit à pas feutrés, laissant glisser une couverture sur mes épaules. Le sol est froid sous mes pieds nus, mais je n’en frémis pas. Ce froid-là, je le comprends. Il est ancien. Noble. Chargé d’histoires que je commence à entendre.Le palais est silencieux. Mais ce n’est pas un silence vide.C’est un silence habité. Profond. Comme si les murs eux-mêmes retenaient leur souffle.J’ouvre les lourdes portes de la chambre.Et je découvre le reste.Le couloir s’étire comme une veine vivante, la pierre noire vibrante sous mes doigts. Chaque mur, chaque colonne, chaque arche sembl

DamiánLa nuit ne dort pas.Elle veille.Comme moi.Elina est allongée à mes côtés, le souffle calme, les paupières closes, mais je sais qu’elle n’est pas tout à fait endormie. Elle écoute. Chaque craquement du bois sous le vent, chaque murmure étouffé par les murs du Palais. Elle est comme moi désormais : en éveil, même dans le sommeil. À l’écoute de ce que le monde tait.Sa main repose contre ma poitrine. Légère. Mais présente. Comme un sceau invisible.Je repense à cette salle. À leurs visages.À la façon dont certains souriaient sans chaleur, à la façon dont d’autres se taisaient trop longtemps. À cette tension à peine contenue entre deux serments. À leurs regards qui tentaient de la mesurer sans parvenir à la cerner.Elle a marché dans leur antre et ne s’est pas brisée.Ils la respectent. Ou, à défaut, la craignent.Et c’est bien suffisant pour l’instant.Je me lève avant l’aube. Sans bruit. Je prends le temps de l’observer encore. Il y a sur son visage quelque chose de neuf. Une

ElinaElina Il y a un grondement dans l’air.Un murmure sous la terre.Quelque chose qui se lève. Lentement. Inévitablement.Je le sens dans le creux de mon ventre, dans la tension de mes muscles au réveil, dans le froid étrange de mes nuits.Je le sens avant de le savoir.Je le reconnais avant même qu’on m’en parle.Ma sœur.Cela faisait des années que je n’entendais plus son nom.Et pourtant, il n’a jamais quitté ma nuque.Je dors avec son silence. Je me réveille avec son absence.Chaque aube est une trahison de plus : je suis en vie, et elle me hait toujours.— Il y a eu du mouvement dans le Sud.La voix de Kaelen est basse, tendue.Ses mains sont croisées dans son dos, mais je vois le tremblement léger de ses doigts.Il sait ce que ces mots déclenchent en moi.Il sait ce que j’ai sacrifié pour que ce royaume, son royaume, ne devienne pas un champ de cendres.Je ne réponds pas tout de suite.Je me lève. M’approche de la grande verrière.Le Nord s’étale devant moi, pur et glacé, dr