Semua Bab SANG SAUVAGE: Bab 21 - Bab 30

IsabellaLe matin arrive sans un bruit. Il ne s’agit pas du bruit habituel du monde extérieur, des sons de la vie qui commencent à gronder. Non, ici, dans ce palais, le temps semble suspendu, comme si l’aube elle-même avait été choisie pour m’accueillir en silence. La lumière qui pénètre par les fenêtres me réveille, douce et chaleureuse, et pour un instant, je me demande si je rêve encore. Si tout cela n’est pas une illusion.Le soir précédent m’a laissée dans un état étrange, partagé entre l’acceptation et la rébellion. La lumière, l’opulence, l’accueil si respectueux, tout cela m'a envahie. Ils m'ont traitée comme une reine, comme une déesse qu’on vénère. Mais dans leur regard, il y avait toujours ce poids, cette pression subtile qui me disait que rien n’était vraiment gratuit. Leur générosité, aussi bienveillante qu'elle puisse sembler, n’était pas sans condition.Je me lève lentement, mes pieds effleurant le sol frais et lisse. Il est si doux sous mes orteils que cela me fait fri

IsabellaIls m’ont nourrie comme une reine, bercée comme une enfant. Et maintenant, le banquet est terminé.Je me tiens debout, un peu à l’écart, les doigts serrés autour du dossier d’une chaise. Mes jambes tremblent. Pas de fatigue. D’émotion. D’un trop-plein que je n’arrive plus à contenir.Lucien éteint les dernières bougies. L’ambiance bascule. La lumière se fait plus douce, plus intime, plus dangereuse aussi. Ezra s’approche, prend ma main sans un mot. Je ne bouge pas. Il m’attire lentement, vers le fond de la salle, vers ces tentures sombres derrière lesquelles s’ouvre un salon privé, plus feutré, plus silencieux.Je les entends refermer les portes derrière moi. Tous les quatre sont là. Je suis enfermée de nouveau. Mais ce soir, ce n’est pas la peur qui m’envahit.C’est l’inconnu.— Assieds-toi, Isabella, murmure Mikhaïl.Je m’exécute, les sens en alerte. Sur un divan de velours bordeaux, je m’installe, les mains posées sur mes genoux. Mes doigts tremblent. Et leurs regards sont

IsabellaJe n’ai plus de voix.Plus de pensée cohérente.Mon corps est un champ de cendres encore brûlant, fumant de désir, d’extase, de soumission volontaire.Et pourtant, je veux encore.Je les veux tous. Différemment. Plus profondément. Jusqu’à l’oubli. Jusqu’à l’extase la plus noire.Je suis nue, haletante, collée contre Ezra, la joue posée sur sa poitrine qui se soulève en rythme régulier, comme une mer calme après la tempête. Mais ce n’est plus suffisant. Ce calme me dérange. Ce silence me donne faim.J’ai goûté à leur désir, à leur soif inavouée, et maintenant… je suis accro.Enchaînée non plus par la peur, mais par le plaisir. Par cette sensation de brûlure exquise, cette soumission qui n’en est pas vraiment une, parce qu’elle naît de ma volonté.— Elle tremble, murmure Ivan derrière moi, en glissant ses doigts sur ma colonne avec une lenteur diabolique. Mais ce n’est plus de la peur. C’est du manque.Je frissonne violemment. Mon dos se cambre vers lui sans même que je le comm

IsabellaJe suis restée là, blottie contre eux, pendant ce qui aurait pu être des heures. Ou des minutes. Le temps a perdu toute consistance. Il se dilue dans leur chaleur, dans la lenteur de leurs gestes, dans le poids apaisant de leurs silences. Je n’ai plus envie de fuir. Plus envie de lutter. Juste… ressentir.Mais les premières lueurs du matin filtrent à travers les rideaux, et une tension subtile remonte dans l’air, comme une bête tapie dans l’ombre qui s’étire après une nuit d’accalmie.Lucien est le premier à se lever. Il passe une main dans ses cheveux en bataille, attache ses cheveux en une queue rapide, puis se tourne vers moi.— Il faut qu’on parle, dit-il simplement.Je me redresse lentement, tenant le plaid contre moi. Pas par pudeur, non. Juste parce que mon corps a encore besoin d’une barrière, fragile, symbolique.— De quoi ? je demande.Mikhaïl se lève aussi. Il marche vers une armoire, en sort une chemise blanche et me la tend.— De ce que tu veux. Maintenant.Je lè

IsabellaLa nuit est tombée. Lourde. Étouffante. Elle semble aspirer toute lumière, engouffrant tout dans une obscurité oppressante. Le monde dehors reste invisible, mais je sais qu'il est là. Tout comme l'ombre de ce qui se profile à l’horizon. J’ai le sentiment d’être dans un vide, un espace où chaque seconde semble s'étirer, où chaque pensée me fait me recroqueviller davantage dans le canapé. Mes bras autour de mes genoux, je me sens piégée, sans échappatoire.Mikhaïl fait les cent pas devant la baie vitrée, son téléphone collé à l'oreille, sa voix trop basse pour que je parvienne à saisir les mots. Il a toujours ce regard tendu, comme un prédateur qui attend, prête à bondir. De l'autre côté de la pièce, Ivan reste là, immobile, presque trop calme. Il est assis dans un fauteuil, ses yeux rivés sur Naeva, qui semble avoir sombré dans un état de veille, ses bras repliés autour de son ventre comme une protection, ou peut-être une tentative de dissimulation. Les gestes de Naeva, trop c