Semua Bab SANG SAUVAGE: Bab 41 - Bab 50

ISABELLAL’aube se lève à peine que je suis déjà debout, enveloppée dans une cape légère qui peine à me protéger du vent glacé qui s’engouffre par les grandes fenêtres du palais. La nuit a laissé ses ombres longues et profondes sur chaque pierre, sur chaque souvenir. Le poids de la veille ne m’a pas quittée. Au contraire, il s’est ancré plus fort dans mes entrailles, une lourdeur sourde qui me tire vers le sol.Je sais que ce jour est crucial. Il m’appelle. Je dois aller au Conseil.Ce lieu ancien, sacré, est le cœur battant du pouvoir ici. Là où les voix s’élèvent, où les alliances se tissent et se déchirent dans des murmures à peine audibles. Chaque mot est une arme, chaque silence, une trahison. Je ressens cette atmosphère lourde, presque palpable.Je traverse les couloirs vides, saluant d’un signe de tête les rares gardes qui croisent mon chemin. Leur regard, d’habitude neutre, se charge d’une gravité nouvelle, comme s’ils sentaient la tempête approcher. Certains baissent les yeux

ISABELLALe lendemain matin, les murs du palais vibrent d’une énergie sourde. Pas celle du chaos. Mais celle d’un calme qui précède une fracture. Comme si l’air lui-même retenait son souffle. Les couloirs me paraissent plus étroits, les marches plus raides. Je sens cette tension dans les pierres, dans les regards furtifs échangés entre les gardes, dans le silence pesant de la grande salle. Quelque chose est en train de se fissurer.Lucien marche à mes côtés, plus silencieux que d’ordinaire. Son ombre s’étend sur le marbre, longue, menaçante. Ce n’est pas un allié ordinaire, c’est un homme forgé dans les trahisons et les batailles, et s’il est tendu, alors je dois l’être aussi.— Des murmures circulent, dit-il enfin, sans détourner les yeux de la cour intérieure que nous traversons. Ils parlent d’un vote en préparation. Contre toi.Je m’arrête net.— Ils osent, soufflai-je. Et qui mène la danse ?— Lysandre. Appuyé par trois anciens membres du Conseil. Ils veulent t’éloigner des prépar

ISABELLAJe ne dors pas.Comment le pourrais-je ? Le feu veille. Il ne brûle pas il palpite. Il murmure. Il écoute.Chaque battement de mon cœur résonne avec une clarté nouvelle. Mes pensées sont plus nettes. Mon souffle plus lent. Je me sens à la fois plus lourde et plus légère. Comme si le monde avait ralenti pour me laisser marcher à sa surface sans me briser.Je suis lucide. Trop lucide. Et dans cette lucidité… une vérité.Je ne suis plus celle que j’étais.— Tu vas bien ? murmure Lucien, encore debout à mes côtés.Il ne dort pas non plus. Personne ne dort, pas vraiment. Pas après ce qu’ils ont vu.Je le regarde. Il me parle avec douceur, mais dans ses yeux je lis la crainte. Pas pour moi. Pour ce que je suis devenue.— Je ne suis plus la même, dis-je calmement.Il hoche lentement la tête.— Tu ne l’as jamais été, Isabella. Tu étais simplement… endormie.Ses mots m’effleurent comme une prophétie chuchotée. Peut-être a-t-il raison. Peut-être que je n’ai jamais été faite pour suivre

ISABELLAJe n’ai pas dormi.Le feu ne dort jamais.Il vibre sous ma peau, remue dans mes os, affleure à mes paumes chaque fois que je ferme les yeux. Il ne m’abandonne pas. Il me réclame. Et chaque nuit sans sommeil m’enseigne un peu plus qu’il est vivant. Qu’il me parle.Et je commence à comprendre : ce n’est pas moi qui l’ai choisi.C’est lui qui m’a élue.Depuis mon retour de la Chambre du Souffle, chaque nuit est une veille. Chaque battement de cœur, un tambour de guerre. La Forteresse Blanche est toujours debout, mais ce n’est plus la même. Elle respire à nouveau. Elle tremble parfois sous mes pas. Elle sait que le monde regarde.Elle est vivante.Et moi avec.Lorsque l’aube griffe l’horizon, je suis déjà debout, seule face au vent, au sommet de la Forteresse. Là où la pierre rencontre le ciel. Là où une Reine de feu doit montrer qu’elle tient debout… même quand tout vacille autour d’elle.D’en bas montent les clameurs d’une foule qui enfle.Ils viennent toujours plus nombreux.D

ISABELLALa chaleur de son torse me berce encore.Son odeur aussi.Feu, cuir et sang séché.Je suis contre lui, nue et marquée. Une possession. Une conquête. Ou peut-être… une trahison.Car je le sais maintenant : je l’ai choisi. Lui seul. Pour une nuit. Et dans ce monde-là, c’est un crime.Un crime contre le pacte. Contre la meute.Mais je ne regrette rien.Je le veux encore.Je suis encore tendue, mon corps vibrant d’un feu qui ne s’éteint jamais. Mon souffle est calme, mais sous mes côtes, un orage bruisse.Et soudain : trois coups.Sec. Intransigeants.Puis une voix familière.— Ouvre, Caël. Maintenant.Il ne bouge pas. Moi non plus.Mais quelque chose change dans l’air.Son bras se resserre autour de moi, comme s’il pouvait me cacher, me garder. Il le sait : ils sont là.Les autres.Ses frères !Un battement de silence.Puis la porte explose.Lucien entre en premier, une ombre nerveuse, ses yeux brillants d’une rage froide.Ezra suit. Plus calme, mais son calme est une menace.So