All Chapters of ALTITUDE INTERDITE: Chapter 11 - Chapter 20

MILAJe serre les sangles du chariot comme si ma vie en dépendait.La cabine est silencieuse, baignée dans cette lumière blafarde qu’on connaît trop bien.C’est notre deuxième vol ensemble depuis… l’implosion.Depuis ce départ en vrille. Depuis ce je te hais déjà que j’ai balancé comme une arme, et qu’il a emporté dans ses bagages, sans jamais le rendre.Je pensais que le premier vol serait le plus dur.Je croyais qu’après ça, tout irait mieux.Je me suis trompée.Parce que ce qui me tue, ce n’est pas ce qu’on s’est dit.C’est ce qu’on ne se dit plus.Nolan Elven.Toujours commandant. Toujours aussi droit.Toujours aussi absent, malgré sa présence écrasante.Je l’ai su à l’avance cette fois. J’ai vu son nom sur le plan de vol.Et j’ai respiré à fond.Je me suis maquillée avec soin. J’ai noué mes cheveux avec précision.Et j’ai promis à mon reflet dans le miroir que cette fois, je ne cillerais pas.Mais dans la cabine, tout en moi se tend.Parce que je le sens.Comme une pression invis

MILALe jour commence à poindre derrière le hublot.Un fil de lumière bleue, froid, coupant.On survole encore l’océan, mais les passagers dorment, emmitouflés sous leurs plaids gris.Le silence est presque apaisant.Presque.Moi, je suis incapable de fermer l’œil.Je revois ses mots.Ses mains.Cette promesse dans son regard : « Alors je ne partirai pas. »Mais il n’a rien fait.Il aurait pu m’embrasser. Il aurait pu tout foutre en l’air ou tout remettre à l’endroit.Il a choisi… l’attente.Et ça me rend folle.— Mila, tu peux m’aider avec les plateaux de l’avant ?Je me tourne.Tania.Toujours tirée à quatre épingles. Mascara impeccable. Lèvres bien dessinées. Et ce sourire poli qui cache mal sa stratégie.Elle me regarde à peine, mais sa voix est mielleuse. Trop douce.— Bien sûr .Je la suis vers l’avant. On réorganise les compartiments.Elle parle doucement, l’air détaché.— Tu trouves pas qu’il a quelque chose… le commandant Elven ?Elle ne me regarde pas. Elle joue avec une boî

MILAEt puis, il m’embrasse avec fougue , avec fureur .Il m’embrasse comme on rattrape une erreur.Comme on rattrape une femme qu’on a failli perdre.Ses mains glissent contre ma nuque, dans mes cheveux.Mes doigts s’agrippent à sa chemise, je la déchire presque.Le baiser devient combat.Un duel de lèvres, de souffles, de regrets mêlés au désir.Il me soulève, me plaque contre le mur, et je m’y abandonne sans une plainte.Nos vêtements tombent.Un à un.Sans élégance.Sans pudeur.Je veux sa peau.Je veux qu’il me sente trembler sous ses mains.Je veux lui rappeler qui je suis.Ce qu’il a failli perdre.Ce qu’il n’aura jamais à moitié.Il me couche sur le lit , ses baisers deviennent plus lents. Plus précis.Il murmure mon prénom comme une prière rauque.Je halète contre sa bouche.— Nolan…— Chut , je suis là.Ses mains sur ma peau sont des feux allumés trop vite.Sa bouche, un raz-de-marée.Son corps, une promesse que j’ai attendue, que j’ai maudite, que j’ai presque suppliée.Et

NOLANJe ne sais même pas comment je suis revenu là, à ce bar qui pue la sueur des souvenirs, où l’éclairage crache son éternel tremblement jaune sur des visages flous, des épaules trop proches, des verres qui claquent, des rires qui sonnent faux, des silences qui gueulent plus fort que tout le reste, et au milieu de ce brouillard saturé de sons, de corps et d’oubli, elle : Tania.Celle qui m’avait déjà regardé tout à l’heure, un peu trop longtemps, un peu trop droit dans les yeux, avec ce regard qui ne cherche pas à séduire mais à survivre, à accrocher quelqu’un qui saigne de la même plaie, et je crois qu’elle a vu, oui, qu’elle a deviné que j’étais creux de l’intérieur, vidé jusqu’à l’os, prêt à me noyer dans la moindre main tendue tant qu’elle me promettait un instant d’oubli.Je suis resté, parce que j’avais plus la force de fuir, plus la colère de dire non, plus le courage de rentrer, alors elle s’est approchée, elle s’est assise à côté de moi comme si c’était normal, comme si c’

MILALe matin s’est levé comme un coup de couteau.Trop vif. Trop clair.Il tranche l’air avec une cruauté sèche, me rappelant que la nuit n’a rien effacé, rien apaisé.Je n’ai pas dormi. Pas vraiment. Le sommeil a refusé de m’emporter, me laissant seule avec mes pensées, ces bêtes féroces qui me dévoraient morceau par morceau. J’ai compté les secondes, les minutes, le cœur battant trop fort, jusqu’à ce que l’aube me trouve encore éveillée, vidée, mais incapable de sombrer.Quand le réveil a sonné, j’avais déjà cette sensation étrange : celle de m’être battue toute la nuit contre quelque chose d’invisible. Et d’avoir perdu.Mon corps est lourd, mon visage tiré, mes yeux brûlent comme si j’avais pleuré sans m’arrêter. Mais je n’ai pas pleuré. Par orgueil. Par défiance. Ou parce qu’une part de moi refuse encore d’admettre à quel point il me manque.Je me lève. Pas parce que j’en ai la force, mais parce que rester dans ce lit froid, figée, c’est accepter de me noyer dans le vide qu’il a