Semua Bab Sous les plis du Destin: Bab 71 - Bab 80

Le boulevard résonnait encore du martèlement des pas quand la marche atteignit le seuil du palais. Là, la ville semblait s’arrêter d’un seul souffle. Devant les grilles noircies par la fumée, se dressait l’armée de Moreau, formée en muraille. Boucliers serrés, fusils pointés, blindés immobiles comme des bêtes de métal prêtes à rugir. Lina leva les yeux. Les colonnes du palais, autrefois symbole de puissance, semblaient désormais fissurées par l’écho des cris qu’elles avaient enfermé. Ce n’était plus une forteresse invincible, mais une carcasse. Pourtant, derrière ces murs, Moreau tenait encore les leviers du pouvoir. Ethan serra la main de Lina. — Si on franchit ce seuil, il n’y a plus de retour. — Il n’y en a jamais eu, répondit-elle. Aujourd’hui, c’est ici ou jamais. Clément, carnet toujours en main, murmurait : — Le peuple est arrivé jusqu’aux portes de son bourreau. Maintenant, l’histoire décide si ces portes s’ouvrent ou si elles nous engloutissent. Autour d’eux, la foule

Le palais vibrait comme une bête blessée. Ses colonnes craquaient, ses vitraux brisés laissaient s’engouffrer la nuit et les flammes, et chaque écho dans ses couloirs sonnait comme un glas. Moreau, revolver à la main, avançait en titubant parmi les couloirs tapissés de marbre fendu. Sa respiration haletante résonnait comme un souffle de bête traquée. Pourtant, ses yeux brûlaient d’une flamme démente : il refusait de tomber en silence. Dehors, la foule hurlait encore, martelant les marches, portant les flammes comme des torches de justice. Le nom d’Ethan roulait de bouche en bouche, plus fort que les balles, plus fort que les ordres de mort. Lina, ses vêtements imprégnés du sang d’Ethan, avançait au premier rang. Sa pierre brandie n’était plus une arme, mais un symbole. Ses yeux, rougis par les larmes, ne reflétaient plus la douleur seule, mais une détermination inébranlable. Clément courait à ses côtés, carnet trempé par la pluie et la sueur, mais sa plume continuait de gratter malgr

La fumée s’était dissipée, mais l’odeur des cendres persistait dans chaque ruelle. La ville, éventrée par la guerre et les flammes, ressemblait à un corps qui respirait avec peine. Les maisons éventrées laissaient voir des pans de murs où s’accrochaient encore des rideaux brûlés. Les pavés portaient des traînées noires, et les places où jadis régnaient les défilés militaires n’étaient plus que des champs de débris. Pourtant, dans ce décor mutilé, quelque chose de fragile mais tenace s’élevait : un souffle. Celui d’un peuple qui, malgré tout, refusait de plier. Lina marchait au milieu des gravats. Ses mains étaient couvertes de poussière, ses vêtements usés, mais sa démarche demeurait droite. Chaque pas réveillait la fatigue accumulée dans son corps, mais aussi une force étrange qu’elle n’avait jamais ressentie. Elle n’était plus la femme de ménage silencieuse, ni l’ombre d’une révolution incertaine. Elle était devenue, malgré elle, l’écho de cette liberté arrachée. Et le peuple, par

Le vent avait changé. Ce n’était plus la brise tiède qui glissait entre les ruelles, portant les odeurs de pain chaud et de poussière neuve. C’était un souffle plus sec, chargé de murmures, de soupçons, de mots que l’on ne disait pas tout haut. Dans les marchés, on chuchotait désormais des phrases incomplètes, des demi-vérités, des noms suivis de silences lourds. Le peuple, hier uni par la douleur, commençait à se diviser sous le poids de ses propres espoirs.Lina le sentait sans qu’on le lui dise. En marchant parmi les siens, elle lisait dans les regards un mélange de respect et de crainte. Certains s’inclinaient encore sur son passage, d’autres détournaient les yeux. Ce n’était pas la haine — pas encore — mais cette gêne subtile qui précède la défiance.Ce matin-là, sur la grande place, des cris éclatèrent. Un attroupement s’était formé autour du puits. Lina s’y rendit, son pas rapide trahissant son inquiétude. Deux hommes se battaient, couverts de poussière et de sang séché. L’un,

La nuit tomba comme une sentence.Sur les toits éventrés, la fumée dessinait encore des fantômes, silhouettes noires flottant entre les éclats de braise. Le port n’était plus qu’une blessure ouverte, et les ruelles alentours se vidaient dans un chaos de cris, de torches, de pas fuyants. Le monde, une fois encore, semblait basculer.Lina courait, le souffle court, les doigts encore tachés de poussière et de peur. Clément avait tenté de la retenir, mais elle avait choisi la fuite. Pas pour se cacher — pour comprendre. Quelque chose, dans cette explosion, portait la marque d’un piège trop parfait pour être un hasard.Et dans ce piège, elle sentait déjà l’ombre d’un nom qu’elle n’osait pas prononcer.Elle s’arrêta près du vieux marché, là où autrefois les enfants jouaient à lancer des cailloux dans la fontaine. La place était déserte. Une lune pâle, presque malade, baignait les pierres d’une lueur froide.Sous cette clarté, la ville semblait morte.Des bruits de pas résonnèrent. Lina se r