All Chapters of Sous les plis du Destin: Chapter 51 - Chapter 60

La pluie tombait sans relâche sur les vitres, dessinant des rivières argentées qui brouillaient la vue de Lina. La nuit avait été longue, trop longue, et les éclats de voix du chapitre précédent résonnaient encore dans son crâne comme une cloche brisée. Elle sentait ses muscles crispés, son souffle court, et ce goût métallique dans sa bouche, signe qu’elle n’avait pas cessé de serrer les dents. La taupe. Ce mot tournait en boucle, s’infiltrant dans chaque silence. Le masque était tombé, la vérité avait jailli comme une lame dans l’obscurité, et rien, absolument rien, ne serait plus jamais comme avant. Pourtant, ce matin-là, un autre combat s’annonçait. Pas dans les hangars poussiéreux ni dans les couloirs de la résistance. Un combat plus intime, plus dangereux encore : celui du cœur, de la famille, des racines.Aïssatou, assise sur le vieux canapé de l’appartement qu’elle partageait autrefois avec sa sœur, fixait la porte d’entrée avec un froncement de sourcils. Cela faisait des jours

La fumée n’avait pas encore fini de s’élever que déjà le silence s’était abattu sur l’appartement éventré. Les vitres brisées jonchaient le sol, et l’odeur âcre de poudre se mêlait à celle du bois brûlé. Lina respirait avec difficulté, ses poumons protestant à chaque inspiration, mais elle restait debout, immobile, le regard fixé sur la silhouette allongée de Malik. Son souffle était faible, presque imperceptible, et le sang s’étalait en une mare sombre sous son flanc gauche.Aïssatou, figée, ne comprenait pas tout ce qui venait de se passer. Ses grands yeux cherchaient une logique dans ce chaos, et ses mains tremblaient, serrées l’une contre l’autre. Elle avait entendu les tirs, vu les hommes casqués, senti la violence envahir l’espace, et désormais, elle voyait l’homme qu’elle connaissait à peine, Malik, étendu, entre la vie et la mort. Elle voulut s’approcher, mais Awa la retint par le bras.— Ne regarde pas… murmura la mère, la voix cassée.Mais c’était trop tard. L’image s’était

Le hangar vibrait sous le martèlement sourd des hélices et le crissement des pneus blindés. Les projecteurs découpaient la nuit en lames blanches, révélant par instants la poussière en suspens et les silhouettes accroupies derrière des barricades improvisées. Lina, le fusil contre l’épaule, sentait le poids de chaque respiration. Son discours venait d’embraser les écrans de la ville. Elle savait qu’en cet instant précis, des milliers de regards avaient douté, des milliers de consciences avaient vacillé. Mais le prix allait tomber. Moreau n’était pas homme à encaisser sans frapper plus fort.— Ils nous encerclent, murmura Ethan, l’œil rivé à la fente d’une paroi métallique. Trois camions à l’est, deux à l’ouest. Et j’entends un drone.Clément, penché sur son ordinateur portable posé à même le sol, tapait frénétiquement. Ses doigts volaient comme s’il tentait d’arrêter une avalanche avec un simple clavier.— Donne-moi trente secondes. J’essaie de brouiller leurs communications locales.

L’aube pointait à peine lorsque Lina ouvrit les yeux. Dans la petite maison décrépite où ils avaient trouvé refuge, le silence régnait, troublé seulement par le goutte-à-goutte régulier d’une canalisation percée. L’air sentait le renfermé, mais c’était un parfum de survie, bien différent de l’odeur des flammes et du sang qui hantait encore ses narines. Elle resta immobile quelques instants, écoutant le souffle paisible d’Aïssatou roulée en boule contre elle. La cadette avait fini par sombrer dans un sommeil agité, les larmes séchées sur ses joues. Lina aurait voulu s’autoriser à fermer les yeux encore, mais la réalité ne lui laissait aucun répit. Elle se redressa lentement, son dos protestant sous la fatigue accumulée. Ethan, assis près de la porte, montait la garde, son fusil posé en travers de ses genoux. Son regard se leva vers elle, grave, mais il ne dit rien. Ils savaient tous deux que le moindre bruit au-dehors pouvait signifier leur fin. Dans la pièce voisine, des voix basses

La nuit n’avait pas encore cédé sa place à l’aube que la ville tout entière semblait vibrer d’une tension nouvelle. Dans les ruelles les plus sombres, derrière les portes fermées à double tour, un murmure naissait. Ce n’était plus le silence pétrifié de la veille, mais le bruissement sourd d’un peuple qui avait vu l’impossible se produire : des familles arrachées aux griffes de Moreau, des chaînes brisées, une illusion de toute-puissance fissurée.Lina, assise contre un mur décrépit d’une arrière-cour, observait les survivants qui se réchauffaient autour d’un feu de fortune. Leurs visages, encore marqués par la peur, reflétaient aussi une lumière nouvelle. Des enfants riaient timidement, comme si leurs voix testaient les limites de la liberté retrouvée. Des femmes se tenaient par la main, se murmurant des prières de gratitude. Même les vieillards, les yeux rougis par les larmes, semblaient rajeunis par l’étincelle de la survie.Mais Lina, elle, n’éprouvait qu’un vertige amer. Chaque s