Tous les chapitres de : Chapitre 11 - Chapitre 20

Dès qu’elle est entrée dans la maison, Claire a senti un léger parfum de thé flotter dans l’air.On lui a retiré le bandeau des yeux.Ce qu’elle a vu en premier, c’était un vaste salon luxueux décoré dans un style Louis XVI. Une femme élégante, coiffée d’un chignon, s’est approchée pour lui ôter son manteau en cachemire, puis lui a apporté une bassine en bois remplie d’eau tiède.Claire y a plongé les mains pour se les nettoyer. Une fois ses gestes observés et validés par la femme, on l’a guidée vers l’intérieur de la demeure.Là aussi, c’était une pièce de style Louis XVI.À peine assise, on lui a servi le thé et quelques douceurs, sans qu’aucune parole ne soit échangée. Le silence régnait.Il y avait ici un sens strict de l’étiquette, qui a rappelé à Claire la maison du grand-père de Gabriel, où les règles étaient tout aussi pesantes. Elle s’y était habituée, plus ou moins.Mais s’habituer ne voulait pas dire se sentir à l’aise. Elle a trouvé malgré tout l’atmosphère oppressan

« C’est rien de très important. »En en parlant, Alex a poussé un long soupir et s’est rapproché un peu.« Mon frère est revenu au pays, et il ne repartira pas tout de suite. Il va probablement rester ici cette année. La famille prévoit d’organiser un dîner privé pour lui dans quelques jours, avec seulement les proches et les amis intimes. Vous deux, il faut absolument que vous veniez. »En disant ça, il a totalement ignoré un fait : l’invitation au dîner de famille pour Gabriel est censée inclure sa femme, Claire.Mais pour Alex, Claire n’a aucune raison d’être présente, elle ne ferait que gâcher l’ambiance. La famille Durand ne veut pas d’elle.Gabriel et Sarah, ça suffit.« Olivier est de retour ? »Les jolis yeux en amande de Sarah ont vacillé un instant, puis elle a souri : « Alors évidemment qu’on viendra. Pourquoi tu ne l’as pas dit plus tôt ? J’aurais eu le temps de préparer un cadeau. »Alex a fait un geste de la main : « Pas besoin de cadeau, ta présence suffira. »P

Peu de temps après, la voiture est entrée dans le Manoir Morel.Le grand portail en fer forgé orné de fleurs s’est ouvert dans un léger grincement. Bien que ce fût l’hiver, le jardin est resté verdoyant, éclatant de vie. Un petit pont a enjambé un ruisseau, apportant une touche d’élégance ancienne au paysage.La voiture a suivi l’allée jusqu’à la maison principale, et s’est arrêtée juste devant la véranda chauffée.À peine le véhicule s’est-il immobilisé que Rolland s’est avancé vivement, s’est précipité d’abord vers Lucia. Ce n’est qu’après avoir posé sa main sur son visage et constaté qu’elle était bien tiède qu’il a semblé enfin rassuré. Son regard s’est tourné ensuite vers Claire, qui venait de descendre à son tour. Son expression est devenue aussitôt froide et sévère.Dans la famille Morel, seule Lucia l’a vraiment appréciée. Gabriel et son père n’ont jamais eu d’affection pour elle, mais à cause de Lucia, Rolland a gardé au moins une façade de politesse.« … Papa », a lancé

Rolland et Gabriel ont discuté dans le bureau, mais Claire n’en a rien su.Ce n’est qu’une fois leur conversation terminée, et après que Lucia s’est suffisamment reposée, que la famille, au complet ou presque, s’est réunie dans la salle à manger pour le dîner.Gérard, le frère de Gabriel, n’était toujours pas rentré.Autour de la longue table, Rolland et Lucia occupaient les sièges principaux.Gabriel et Théo étaient assis du côté de Rolland, tandis que Claire, contrairement à son habitude, n’a pas pris place à côté de Gabriel, mais plutôt près de Lucia.Tous les regards se sont tournés vers elle.Avant même que Lucia ne dise quoi que ce soit, Claire a souri : « C’est vrai que je ne suis pas souvent revenue ces derniers temps, j’ai juste envie de passer un peu plus de temps avec maman. »Ce qu’elle voulait surtout, c’était ne pas s’asseoir près de Gabriel.Lucia, de son côté, a semblé ravie et n’a pas insisté pour qu’elle se rapproche de son mari.Gabriel, lui, a légèrement fr

« T’en fais pas ! »Après quelques échanges de banalités, elles ont raccroché.…Le studio Élan n’était plus très loin.Claire a traversé la bambouseraie et s’est arrêtée devant la villa qui lui servait d’atelier. Mais à sa surprise, elle a vu que, juste en face, plusieurs voitures étaient garées devant la maison voisine. Des gens entraient et sortaient, portant des meubles.Un déménagement ?À ce moment-là, une jeune femme qui supervisait le transport des affaires l’a aperçue au loin. Elle lui a fait signe avant de s’approcher d’un pas tranquille.« Élan ! Ça fait un moment qu’on t’a pas vue par ici, tu vas bien ? »Dans le coin, tout le monde connaissait Claire sous son nom d’artiste. Les voisins aussi l’appelaient ainsi.Claire lui a répondu poliment qu’elle allait bien, puis a demandé, en montrant les voitures : « Vous déménagez ? »« Oui ! »À cette évocation, la jeune femme a éclaté de rire, les yeux plissés de bonheur.« Franchement, ce quartier est trop paumé, la vi