Les jours glissent sur Porto comme des feuilles humides. Janvier s’épaissit, sans éclat, sans drame. Le ciel reste bas, les façades s’effacent dans une brume légère, et les trottoirs brillent sous les lampadaires comme des souvenirs qui refusent de sécher. Corine marche souvent seule, le regard flottant, les mains dans les poches. Elle ne cherche pas à avancer. Elle cherche à habiter. L’atelier est devenu un lieu poreux. Les murs semblent respirer avec elle. Les toiles s’accumulent, inachevées, fragmentées. Elle ne les termine pas. Elle les laisse ouvertes, comme des phrases suspendues. Elle travaille chaque matin sur le projet du collège, avec une régularité nouvelle. Le thème — Créer depuis l’absence — continue de se déployer en elle, comme une carte qu’elle découvre lentement. Elle échange avec d’autres étudiants. Des voix venues de Berlin, de Dakar, de Buenos Aires. Des récits d’exil, de deuil, de silence. Elle lit, elle répond, elle tisse. Elle ne se sent pas seule. Elle se
Last Updated : 2025-10-06 Read more