Corine vit entourée de spirales : sur les murs de son atelier, dans ses carnets, sur les tissus qu’elle manipule. Ces formes, d’abord abstraites, deviennent des indices. À la mort de son père, elle découvre un carnet scellé, une spirale dessinée, une phrase énigmatique. Ce fil la mène vers une boîte oubliée, une carte annotée, un jardin qui n’existe que dans les souvenirs fragmentés d’un homme qu’elle croyait connaître. À travers une narration éclatée, faite de fragments et de silences, Corine remonte le fil d’une mémoire familiale trouée. Elle interroge les gestes, les absences, les objets, et les voix qui résonnent sous sa peau. Dans cette quête, elle vit aussi l’amour — discret, profond, tissé entre les lignes — qui l’aide à entendre ce que son corps n’a jamais su dire. Corine, fragments d’une obsession est un roman psychologique et intimiste, une traversée intérieure où chaque trace devient une voix, chaque spirale une carte, et chaque silence une réponse possible.
View MorePrologue — Là où le vent ne dort jamais
Le vent souffle, mais rien ne bouge. Le saule est là, immobile, comme s’il écoutait. Sous ses racines, une pierre. Sur la pierre, une spirale. Et dans la spirale, une mémoire. Elle ne sait pas encore qu’elle est là. Elle ne sait pas encore qu’elle cherche. Mais déjà, quelque chose l’appelle. Un carnet oublié. Un pendentif enfoui. Une phrase griffonnée : “Là où le vent ne dort jamais.” Il fait beau dehors. L’air est frais et le soleil est à son comble ce matin. Je sens le vent qui souffle doucement et caresse mes cheveux châtains, légèrement bouclés, qui retombent sur mes épaules. Par chance, j’ai glissé mon petit veston en coton bleu clair dans mon sac à main à bandoulière — juste au cas où le vent déciderait de soulever le sable sur le sol, en ce jour d’automne. À l’intérieur, mon carnet m’accompagne toujours, prêt à accueillir mes pensées. Je marche tranquillement sur le bord de la route, en direction du Cégep de St-Jean. Mon allure est généralement calme et paisible, mais aujourd’hui, ma démarche est un peu plus pressée — j’ai toujours cette énergie en moi qui me pousse à avancer. C’est d’ailleurs pour cela que la nature m’apaise autant, quand j’en ressens le besoin. Je viens d’emménager ici en Montérégie à Saint-Jean-sur-Richelieu, il y a environ deux semaines. J’ai acheté une maison sur la rue Fortin. Mes parents sont décédés dans un accident de voiture il y a déjà deux ans. À l’époque, je vivais en ville avec des amis. Ma sœur et moi sommes devenues héritières d’un patrimoine familial, grâce à notre père qui œuvrait dans le domaine de l’archéologie depuis plus de trente ans. Les deux familles — celle de papa et celle de maman — ne se voyaient pas souvent. Elles étaient constamment en chicane depuis des années. Nos parents ont décidé de tout nous déléguer, à part entière. Stella, ma sœur cadette, âgée de 26 ans, vivait déjà chez son copain Steve depuis trois ans, en ville. Ils ont choisi d’y rester, de moderniser leur maison et d’agrandir leur terrain pour de futurs projets. Moi, je suis tout le contraire. Je fuis le vacarme des moteurs et la pollution qu’ils traînent avec eux, les cris des enfants à la garderie d’à côté, les alarmes de voitures qui se déclenchent par erreur et projettent des sons assourdissants à travers ma fenêtre le matin… Comme je n’ai pas d’enfants, et que je suis encore célibataire à 28 ans, j’en ai profité pour déménager en toute tranquillité, près de la nature, et poursuivre mes études. Je porte généralement un pantalon noir bien taillé, accompagné d’un chandail à la fois décontracté et glamour. Mes chaussures de marche me suivent partout, sauf l’été, où je ne quitte jamais mes sandales assorties. Mes lunettes de vue encadrent mon regard, et je porte toujours les boucles d’oreilles de ma mère — un bijou précieux, hérité de mes parents. La maison que j’ai achetée est loin d’être aussi moderne et splendide que celle de Stella. Évidemment, nos états d’âme sont différents. J’aurais très bien pu choisir une maison tout aussi grande et charmante que celle de ma cadette, mais ce n’était pas dans mes convictions. La maison que j’ai choisie est accompagnée d’une grande cour et d’un immense saule pleureur à l’arrière. J’adore les arbres. Très pratique pour lire ou faire la sieste lors d’un bel après-midi ensoleillé. Le décor est chaleureux et le voisinage, très calme. À l’intérieur, on trouve une jolie salle à manger au style un peu champêtre, avec des murs jaune pâle. Une petite fenêtre au-dessus de l’évier donne sur ma cour arrière. Je trouve que cela apporte beaucoup de lumière à la maison et laisse entrer le soleil dans les pièces voisines. Quand je lave la vaisselle, je peux sentir l’odeur du vent qui amène l’arôme des plantes et du gazon. Cette pièce donne aussi accès au salon, et mène au sous-sol par la droite en entrant. Ma chambre se trouve à l’étage, avec une salle de bain et une autre pièce que j’utilise comme espace de détente, quand j’en ressens le besoin. J’aime bien peindre et dessiner pour me changer les idées. La maison a été construite dans les années 1950. Normal que les planchers craquent à certains endroits. Il y aurait quelques rénovations à faire, mais pour le moment, cela me suffit. Alors voilà. Depuis peu, je suis résidente en Montérégie et j’étudie en enseignement au collège du quartier. J’aime apprendre, approfondir mes connaissances et les partager. Surtout avec les enfants — c’est fascinant de voir à quel point ils comprennent vite et réalisent les choses avec une spontanéité désarmante. La seule chose qui m’a dérangée en arrivant ici, c’est de devoir faire face à l’inconnu, en quelque sorte. Je me rappelle avoir ressenti cette angoisse, comme quand on entre dans une nouvelle école, remplie de gens inconnus qui te dévisagent comme si tu étais une créature étrange sur deux pattes. Comme si j’avais une maladie contagieuse et que personne ne devait m’approcher. Ça me rappelle mon enfance en ville, quand j’ai changé d’école pour la première fois au secondaire. On dirait que toute la population de l’école devient ton propre centre d’attention. Les étudiants semblent déjà te détester, comme si tu venais de commettre la pire gaffe de ta vie. Tout est fait pour te faire sentir minable et seul au monde pendant des semaines. Jusqu’au jour où quelqu’un d’autre devient nouveau à son tour, et que tu te fais des amis, des connaissances. Heureusement, avec les années, j’ai pu développer une certaine confiance en moi. Mes premières semaines à St-Jean-sur-Richelieu n’ont pas été si pénibles. Je suis juste choquée de constater qu’il y a encore des préjugés dans ce monde — surtout de nos jours. Me voilà presque arrivée à l’entrée du collège. Il n’y a pas beaucoup d’étudiants dehors ce matin. Le vent semble s’être levé, les feuilles tourbillonnent devant les marches. J’entends la cloche qui sonne. Je me dirige vers mon casier. Il me reste dix minutes pour rejoindre ma classe. Je me demande sur quoi portera le cours d’aujourd’hui… Le premier examen approche à grands pas.L’examen est terminé. Les couloirs se vident lentement, comme si l’école elle-même expirait un long soupir de soulagement. Je marche aux côtés de Sofia, encore un peu sonnée par la concentration, par le stress… et par ce qui s’est passé ce matin. Rien ne semble réel. Le froid sur ma peau, le parfum de Sofia qui flotte encore dans l’air, le silence de la salle d’examen… tout se mélange dans ma tête comme un rêve fiévreux. Nous ne parlons pas. Pas encore. Nos regards se croisent parfois, furtifs, comme pour vérifier que l’autre a bien vécu la même chose. Que ce moment volé dans les toilettes n’était pas une illusion. En arrivant chez moi, je m’effondre dans le fauteuil du salon. Le tableau de maman me regarde depuis le mur, paisible. Je sens le besoin de peindre à nouveau, de poser sur la toile ce que je n’arrive pas à dire. Mais avant ça, je prends mon carnet. J’écris. Des mots, des pensées, des fragments de ce matin. Et surtout, cette question qui me hante : Pourquoi So
Il est 6h30 du matin. Le réveille sonne a la même heure la semaine d’école. Sofia est toujours étendue près de moi. Elle ouvre ses yeux tranquillement et me regarde tendrement avec un sourire sur ses lèvres. On se lève et ont se prépare pour se rendre à l’école. Nous avons décidé de partir plus tôt pour étudier encore un peu avant les cours. De toute évidence les portes de l’établissement scolaire sont toujours ouvertes et accessible avant le commencement des cours, deux heures à l’avance. Ainsi, certains étudiants peuvent se permettre de terminer leurs devoirs ou tout simplement de déjeuner à la cafeteria avant les cours. C’est toujours tranquille le matin à ces heures l’a. Pendant que Sofia et moi marchions sur le chemin de l’école, je pouvais sentir un vent froid d’automne qui soufflait sur nos visages. Un froid de plus en plus intense qui annonçait un hiver. Fini les feuilles et les décors d’halloween. A travers le vent je constatais même que quelques flocons de
J’entends le téléphone sonner dans la salle à manger. Je me dépêche de déposer mes ustensiles sur le comptoir et de m’essuyer les mains. Après trois sonneries, j’arrive enfin au combiné et décroche. — Allô ma sœur ! Comment tu vas ? J’avais hâte de t’appeler. Avec les travaux et les rénovations, Steve et moi sommes complètement débordés. Je profite que les murs du salon soient en train de sécher pour te passer un petit coup de fil. — Allô Stella ! Comme je suis contente d’entendre ta voix. Je vais bien, merci. Je commençais à m’ennuyer un peu. Alors, les rénovations avancent, à ce que j’entends ? C’est génial ! — Oui, on agrandit le sous-sol pour y installer une table de billard. Et on va faire tomber un mur pour créer un accès direct à la piscine depuis la maison. J’ai hâte de voir le résultat. — Oh wow, ça va être superbe ! Et merci pour les photos que tu as glissées dans mes boîtes. Je les ai contemplées pendant des heures le week-end dernier. — De rien, ça me fait p
– Dring, Dring dring! Le réveil sonne. Il est 7h00 du matin. Lundi. Le week-end est terminé, les cours reprennent, et la routine s’installe à nouveau. J’ai l’impression de n’avoir presque pas dormi de la nuit. Je me suis couchée très tard hier soir. J’ai passé la soirée à peindre dans ma chambre. Évidemment, ça m’a détendue… mais je n’ai pas succombé à la fatigue. Comme je suis parfois un peu orgueilleuse et bien têtue, j’ai décidé de continuer à peindre malgré l’heure tardive. Je voulais absolument terminer mon tableau. Le résultat sera parfait, j’en suis certaine. Il me représente, il parle de moi, de mes émotions, de mes souvenirs. C’est comme une thérapie silencieuse. Une bonne douche me fera certainement du bien. Je commence les cours à 9h00, ce qui me laisse un peu de temps pour me réveiller doucement. J’habite à dix minutes de marche du Collège, ce qui est plutôt pratique. Bien souvent, j’aime m’arrêter au petit dépanneur du coin pour prendre mon café et un muffin aux
Me voilà encore étendue dans mon lit, enveloppée dans mes draps, les paupières lourdes de sommeil. Le soleil rayonne à travers les rideaux, dessinant des formes dorées sur les murs de ma chambre. Une douce chaleur s’installe lentement, comme une caresse matinale. J’entends les oiseaux chanter dans la cour, tout près de ma fenêtre. Leur mélodie légère me berce, me rappelle que c’est dimanche… et que je peux enfin prendre le temps. Quel réveil relaxant. Pas de cours, pas d’obligations. Juste moi, mon cocon, et le silence du matin. Aujourd’hui, j’ai envie de me détendre. Après le déjeuner, je vais planifier une journée d’art plastique à la maison. J’ai besoin de me reconnecter à mon monde intérieur, à mes couleurs, à mes pinceaux. Ça fait si longtemps que je n’ai pas pris le temps de barioler une toile, de laisser mon imagination s’exprimer librement. Je suis de nature artistique, mais ces derniers mois, entre le déménagement, les études et les souvenirs qui me hantent, j’ai mis cett
En revenant de l’école, je décide de prendre un détour pour rentrer chez moi. Une marche un peu plus longue, juste pour visiter les environs et respirer le grand air. C’est agréable de contempler le paysage. Le soleil commence à se cacher derrière les nuages. Des enfants jouent sur la pelouse, font des pirouettes, se lancent des feuilles en riant. Ce tableau me ramène à ma propre enfance, avec Stella. À l’Halloween, maman adorait décorer la maison. Chaque année, elle nous montrait fièrement ses trouvailles. Stella et moi nous asseyions à la table de la cuisine avec elle, pour l’aider à préparer les décorations. Elle collait des citrouilles et des fantômes autocollants dans les fenêtres. Il y avait des banderoles orange et noir suspendues sous les plafonds. Maman nous avait même appris à les fabriquer : on découpait des languettes de carton, qu’on enchaînait en anneaux pour former de longues guirlandes. On en accrochait dans chaque pièce, sous les fenêtres. C’était comme une fête
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