Tous les chapitres de : Chapitre 21 - Chapitre 30

Son regard profond captait la silhouette confiante de Solène et reflétait une lueur d'admiration sincère.« Mme Mace », est intervenu Roland après qu'elle avait terminé une partie de son exposé, « votre projet évoque une combinaison de soudage et de consolidation. Or, l'un privilégie l'esthétique, l'autre la fonction. Cela ne risque-t-il pas de créer une incohérence visuelle au final ? »La question a surpris Solène. Elle dépassait largement les connaissances d'un simple amateur. Roland se comportait moins en client qu'en expert.Sa surprise fugace a rapidement fait place à l'excitation de trouver un interlocuteur à sa mesure. « Vous touchez le point crucial », a-t-elle répondu avec un sourire enthousiaste, « les méthodes traditionnelles créent effectivement ce conflit. J'ai donc apporté une modification... »Se tournant vers son plan de travail, elle a saisi un schéma détaillé et a expliqué : « Au-delà de la consolidation classique, j'intègre une structure élastique, quasi invisib

« Ton lieu de travail ? » a-t-il rugi. « Nous allons voir si tu es encore d'humeur à travailler aujourd'hui ! »S'emparant de la déposition, il en a lu les accusations point par point devant elle, comme s'il prononçait un verdict, son regard aussi glacial que s'il jugeait une condamnée à mort.« Le chauffeur a avoué. Il affirme que c'est toi qui l'as payé pour renverser Cécilia. Et voici le relevé de virement de cinq cent mille euros », en désignant les documents du menton. « Témoin, preuve matérielle, tout y est. Vas-tu nier ? »Il scrutait son visage, cherchant désespérément la moindre trace de panique, de peur ou de culpabilité.Mais il n'y avait rien. Absolument rien.Contrainte d'écouter cette diatribe absurde, Solène a gardé un calme exaspérant. Elle a levé lentement les yeux, son regard se posant sur le relevé bancaire : « Le montage est grossier. Le sceau officiel de la banque est décalé de 0,5 millimètre vers la droite et son opacité est anormale. »« Par ailleurs », a-t

Une voix a enchaîné immédiatement : « Vous parlez bien de La Femme à l'ombrelle d'Alban Coquelin ? »« Hélas, oui », a soupiré Margot, le visage marqué par l'inquiétude. « L'œuvre a subi des dégâts d'humidité considérables récemment. Hervé en est malade. Il l'a confiée d'urgence à Maître Baume dès hier. Je me demande si elle pourra être sauvée. »La Femme à l'ombrelle d'Alban Coquelin… Maître Baume...La main de Cécilia, qui tenait sa tasse, a imperceptiblement tremblé. Elle avait immédiatement une idée sinistre.Reposant sa tasse et affichant aussitôt une expression mêlée d'inquiétude et de regret, elle a osé déclarer : « Mon Dieu, un authentique Coquelin ! Il faut être extrêmement prudent pour la restauration. »Ensuite, elle a baissé un peu la voix, comme pour partager une information confidentielle : « Mais j'ai entendu Ludovic dire que Maître Baume était surchargé par un projet national en ce moment. Et il paraît qu'il a confié ce Coquelin à un tout petit atelier qui vient d'

Elle a déposé le document devant Gaspard avec une délicatesse qui contrastait avec la tension ambiante.« Peut-être devriez-vous jeter un œil à ceci. C'est le rapport d'analyse des dommages que j'ai préparé cette nuit. » Sa voix, toujours aussi calme, portait désormais la force tranquille de l'expertise.« Les examens microscopiques indiquent que les moisissures ont déjà commencé à ronger les fibres de la toile. Au rythme actuel, un délai d'un seul mois rendrait l'œuvre irrécupérable, même par le plus talentueux des restaurateurs. »« De plus », a-t-elle poursuivi en tournant la page des annexes, pointant un spectrogramme, « sur deux des fleurs, réalisées en blanc de plomb par empâtement, on observe les premiers signes de noircissement par oxydation. Sans un traitement antifongique et de stabilisation immédiat, ces magnifiques fleurs deviendront méconnaissables, noircies, d'ici six mois. »Gaspard était saisi par la densité des termes techniques et la rigueur implacable du rapport.

Ludovic était également informé de l'affaire. Et comment l’a-t-il appris ? Lors d'une réunion de direction du groupe, un responsable des investissements artistiques lui a relaté l'anecdote comme une curiosité amusante circulant dans le milieu.En apparence, il n'avait aucune réaction, se contentant d'un geste de la main pour reprendre la réunion. Mais lui seul savait qu'en entendant les mots « le double dédommagement », son cœur avait inexplicablement manqué un battement.D'un côté, il trouvait Solène d'une stupidité absolue, de s'être mise dans une impasse aussi désespérée pour une fierté mal placée.De l'autre, une inquiétude infime, qu'il refusait de s'avouer, persistait au fond de lui : cette femme pourrait-elle vraiment s'en sortir ?À la fin de la réunion, il a fait appeler Rémi dans son bureau.« Surveille Solène de près », a-t-il ordonné d'une voix dénuée de toute émotion, « tiens-moi informé de la moindre évolution. »...Du côté de Roland, Lucas se tenait respectueus