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AURORAL'exaltation de la leçon souterraine est un feu qui brûle trop vite. Elle ne survit pas à la grisaille du lendemain, aux regards fuyants des autres esclaves, à la douleur persistante dans mes mains. Greco m'attend dans la cour, son visage de granit plus impénétrable que jamais. Il ne mentionne pas ma session avec Alessandro. Peut-être ne le sait-il pas. Peut-être s'en moque-t-il.– Tu as tenu une hache, gronde-t-il. Maintenant, tu vas apprendre à quoi elle sert vraiment.Il ne me mène pas au tas de bûches. Il me conduit à l'enclos des bêtes, à l'arrière de la forteresse. L'air est lourd de l'odeur de paille fétide, de sueur et de sang séché. Un sanglier massif, aux défenses recourbées et aux petits yeux injectés de haine, est attaché par une lourde chaîne à un pieu.– Le dîner, annonce Greco avec une simplicité macabre. Tue-le.Le sol se dérobe sous mes pieds. La nausée monte, brûlante, dans ma gorge. Je regarde la bête, ses flancs qui se soulèvent nerveusement, le grognement r

AURORALa nuit n’a apporté aucun repos. Seulement la répétition incessante du moment où la lame a rencontré la chair, le son étouffé, le regard vitreux de la bête. Je me réveille avec l’aube, les draps enroulés autour de mes jambes comme des serpents, l’odeur du sang encore collée à l’arrière de ma gorge. Un rêve, un cauchemar. La réalité.La pierre froide du sol me mord les pieds nus quand je me lève. Dans la pâle lumière qui filtre à travers la fenêtre, je regarde mes mains. Les ampoules ont cicatrisé, laissant des marques roses et tendres. Des mains de meurtrière. Des mains qui ont tenu une hache. Des mains qu’il a touchées.La pensée d’Alessandro s’impose, indésirable, inévitable. Son regard dans le jardin, où je ne lisais plus seulement de la cruauté, mais une forme de compréhension terrible. Comme s’il voyait la faille en moi, l’endroit où la peur pouvait être remplacée par quelque chose de plus sombre, de plus durable.Une servante silencieuse entre, dépose un plateau de nourri

AURORALa nuit a passé dans un tourbillon de fourrure, de chaleur et de souffles mêlés. Je ne me suis pas endormie, pas vraiment. J'ai sombré dans un état de conscience altérée, suspendue entre l'éveil et le cauchemar, chaque sens en alerte, traquant la présence de la créature à mes côtés.Alessandro ne dort pas. Il veille. Je le sens dans la rigidité de ses muscles, dans le rythme irrégulier de sa respiration. Sa main repose sur ma hanche, une lourde affirmation de propriété qui devrait me révolter. Au lieu de cela, une trahison tranquille s'instille dans mes veines. La chaleur de son contact est devenue une ancre dans le chaos, une constante dans la tempête qui a balayé ma vie.À l'aube, il se lève sans un mot. Le matin froid qui succède à la chaleur du lit est une gifle. Je me redresse, les draps enroulés autour de moi comme une armure dérisoire. Il s'habille avec une économie de mouvements qui parle d'une vie entière passée à se préparer pour la violence. Quand il se tourne vers m

AURORALa lune pleure des larmes d’argent à travers les vitraux brisés de la vieille chapelle, striant le sol de pierre de motifs tremblants. L’air sent la cendre et la terre humide, cette odeur lourde qui précède toujours l’orage. Mais la tempête, elle, se tient devant moi. Alessandro. Son nom seul fait vibrer quelque chose de primitif en moi, un écho lointain de hurlements et de griffes. Il m’a traquée, attirée dans ce repaire de pierres et d’ombres, et maintenant, ses bras m’enveloppent comme des chaînes de velours.Je n’ai plus la force de lutter.Ses doigts s’enfoncent dans la chair de mes cuisses alors qu’il me soulève sans effort, comme si je n’étais qu’une plume. Mon corps se colle au sien par instinct, mes bras s’accrochent à ses épaules, mes doigts s’enroulent dans les boucles sombres de ses cheveux. La chaleur qui émane de lui est presque insupportable, une fournaise qui me consume de l’intérieur. Chaque pas qu’il fait vers le lit recouvert de fourrures est un battement de

AURORAL'aube naît, sanglante et froide, déchirant le ciel au-dessus des ruines de la chapelle. Je suis toujours là, debout près de l'autel brisé, le poignard d'Alessandro dans ma main. Ma peau, là où elle n'est pas recouverte de ce duvet de fourrure soyeuse, est marbrée de bleus et de traces d'amour sauvage. La morsure à mon épaule palpite, un rappel constant de ce que je suis devenue.Alessandro m'observe depuis le lit de fourrures. Je sens son regard sur mon dos, pesant, possessif, admiratif. Il ne dit rien. Il n'a pas besoin de le faire. Sa présence est un champ de force qui enveloppe la pièce, qui m'enveloppe.Je ferme les yeux. Je respire.L'air entre dans mes poumons, et c'est comme si je respirais pour la première fois. Je perçois tout. Le parfum musqué de la sueur d'Alessandro séchée sur ma peau. L'odeur de terre et de pourriture venant des fissures dans la pierre. Le parfum lointain et sauvage de la meute, une mosaïque d'odeurs individuelles qui forment un tout cohérent. Kae