EiraLa main de Bastian dans la mienne est un point d’ancrage,solide et réel, tandis que nous entrons dans le poste de police. L’air y est toujours le même : un mélange de café rance, de sueur et de tension contenue. Mais aujourd’hui, il me semble plus lourd, plus dense. Les regards se posent sur nous, sur nos mains entrelacées, avec une curiosité brutale.Je sens les pensées des autres avant même d’entendre les murmures. Des flashes d’étonnement, de méfiance, de moquerie grasse. « Bastian ? Avec cette illuminée ? Qu’est-ce qu’il lui prend ? » , « Il a craqué, c’est sûr. L’affaire lui est montée à la tête. » , « Elle lui a jeté un sort, p’t’être bien. »Je serre plus fort les doigts de Bastian. Il ne bronche pas. Son visage est un masque de granite, mais je perçois l’orage qui gronde en lui. Une colère protectrice, brûlante. Il avance, ignorant les regards, traçant un sillon à travers l’open space jusqu’à son bureau.— Lâche pas, me murmure-t-il sans me regarder, comme s’il avait sent
Last Updated : 2025-11-20 Read more