RaphaëlJe fixe la montre à mon poignet, le tic-tac régulier martelant le silence de la pièce. Deux heures du matin. Gabriel a fixé la rencontre avec Matthias pour demain soir, dans un entrepôt désaffecté en périphérie de la ville. C’est un piège parfait. Trop parfait, peut-être.Emma dort dans la chambre voisine, mais je sais qu’elle ne trouve pas le sommeil. Pas plus que moi. Chaque fibre de mon corps est tendue, prête à l’attaque. Je sens l’ombre du danger planer au-dessus de nous, et pourtant, je n’ai jamais été aussi calme.Gabriel entre sans frapper, comme à son habitude.— Tu es prêt ? demande-t-il en refermant la porte derrière lui.Je me lève lentement, mes muscles se tendant sous le tissu de ma chemise.— Je le serai demain soir.— Il faut que Matthias te voie brisé. Tu le sais, n’est-ce pas ?Je hoche la tête.— Si c’est ce qu’il veut voir, je lui donnerai ce spectacle.Gabriel sourit en coin, son regard brillant d’une lueur dangereuse.— Tu es sûr que tu tiendras le rôle ?
RaphaëlLe crépitement du feu dans la cheminée est le seul son qui emplit la pièce. Emma est assise sur le canapé, les genoux repliés contre sa poitrine, le regard perdu dans les flammes. Gabriel est debout près de la fenêtre, son profil découpé par la lueur vacillante du feu. Quant à moi, je suis adossé au mur, les bras croisés sur ma poitrine, mes pensées tournant en boucle.— Il va falloir un plan, répète Gabriel pour la troisième fois.— Et je t’ai déjà dit que je n’allais pas envoyer Emma comme appât, répliqué-je sèchement.Gabriel se retourne, son sourire sarcastique flottant sur ses lèvres.— Tu crois vraiment que Matthias se laissera avoir par autre chose qu’une faille évidente ? Il ne tombera pas dans un piège classique. Il a besoin de croire qu’il a gagné pour se montrer vulnérable.— Donc tu proposes quoi ? Qu’on lui livre Emma sur un plateau d’argent ?Gabriel hausse les épaules.— Si c’est ce qu’il attend…Je serre la mâchoire, une colère sourde me dévorant de l’intérieur
RaphaëlLe silence qui suit les mots de Gabriel est étouffant. Je sens le cœur d’Emma battre violemment contre ma poitrine, son souffle saccadé effleurant ma peau. Ses doigts tremblants sont ancrés dans ma main, mais elle ne recule pas.— Il n’aura rien, murmuré-je.Gabriel me fixe avec ce regard froid et indéchiffrable qui me rend fou.— Matthias ne fait jamais d’offre sans avoir déjà envisagé la réponse.— Alors il a déjà perdu, rétorqué-je d’un ton tranchant.Gabriel secoue lentement la tête, son sourire cynique s’élargissant.— Tu le connais mal si tu penses qu’il n’a pas anticipé ton refus.Je sens le sang battre à mes tempes. La rage monte en moi, une chaleur sombre et destructrice, prête à exploser à la moindre provocation.— Il n’aura pas Emma. Il n’aura pas Adrien. Il n’aura rien.Gabriel croise les bras, s’adossant nonchalamment au mur.— Ce n’est pas à toi qu’il a donné le choix.Mon regard s’assombrit. Je me tourne vers Emma, son visage pâle encadré par ses longs cheveux é
EmmaLa nuit est sombre, mais le sommeil ne vient pas. Je suis allongée dans le lit de Raphaël, fixant le plafond, le cœur battant à tout rompre. Les mots de Gabriel résonnent dans ma tête comme une malédiction : Matthias a promis à Adrien qu'il pourrait m'avoir.Je me redresse lentement, repoussant les draps. Raphaël est assis sur le rebord de la fenêtre, torse nu, un verre de whisky à la main. Les ombres de la nuit sculptent les lignes tendues de son dos, la lumière de la lune glissant sur sa peau dorée. Il est tendu, silencieux, perdu dans ses pensées.Je m’approche doucement, mes pieds nus glissant sur le parquet froid.— Tu ne dors pas ?Il tourne lentement la tête vers moi, son regard sombre s’attardant sur mon visage.— Non.Je m’assois à côté de lui, posant une main sur sa cuisse nue. Il ne bouge pas, mais je sens la tension vibrer sous sa peau.— Tu penses à Adrien ?Sa mâchoire se crispe.— Je pense à ce que je vais devoir faire pour le stopper.— Et ?Il vide son verre d’un
EmmaLe silence dans la maison est devenu oppressant. Depuis que Gabriel nous a révélé la vérité sur Adrien, une tension sourde flotte dans l’air. Raphaël n’a presque pas parlé depuis cette conversation. Il s’est enfermé dans son mutisme, la mâchoire serrée, le regard sombre, toujours sur le qui-vive.Je le retrouve dans le salon, assis dans l’ombre, le regard perdu dans le feu crépitant dans la cheminée. Ses mains sont croisées devant lui, les muscles de ses bras tendus comme s’il s’attendait à devoir se battre à tout instant.— Raphaël ?Il ne lève pas les yeux immédiatement. Quand il le fait, son regard est voilé par une noirceur que je ne lui avais pas vue depuis longtemps.— Tu ne dors pas ? murmure-t-il.Je secoue la tête.— Toi non plus.Il esquisse un sourire sans joie.— J’ai connu des nuits plus calmes.Je m’approche de lui, hésitante. Il ne bouge pas, mais son regard reste ancré au mien, comme s’il essayait de lire dans mes pensées. Finalement, je m’assieds à côté de lui. L
EmmaLe silence règne dans la maison. Une maison trop grande, trop froide. Gabriel ne plaisantait pas quand il disait qu’elle serait à l’abri des regards. Les murs en pierre grise, les larges baies vitrées ouvertes sur une étendue boisée, le feu qui crépite doucement dans la cheminée tout semble trop calme, trop parfait. Comme le calme avant une tempête.Je suis assise dans le grand canapé du salon, les jambes repliées sous moi. Une couverture épaisse recouvre mes épaules, mais le froid persiste. Pas le froid de la pièce — le froid en moi, celui que Matthias a laissé derrière lui.Raphaël est debout, appuyé contre le mur. Il ne parle pas. Il ne bouge presque pas non plus. Il fixe le feu, les mâchoires serrées, le regard sombre. Son poing droit est fermé, si fort que ses jointures sont blanches.— Raphaël…Il ne répond pas immédiatement. Son regard est dur, perdu quelque part entre la colère et la peur. Finalement, il prend une inspiration profonde et tourne la tête vers moi.— Il va n