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CHAPITRE 55 — LES TISONS DU PASSÉ

Author: L'invincible
last update Last Updated: 2025-06-14 21:04:24

LUCIA

Il est deux heures du matin.

L’odeur de fumée flotte encore dans l’air, tenace, acide. Même si l’incendie a été maîtrisé, même si les pompiers ont confirmé qu’il ne restait plus de braise. Ce n’était pas chez nous, non. Mais c’était trop près. À deux rues. Juste assez pour que les murs tremblent, que l’ombre de la peur glisse sous les portes, comme une brume vénéneuse.

Le feu n’a fait que noircir un vieux local abandonné, disent-ils. Aucun blessé. Rien de grave. Un malheureux court-circuit, probablement. Le genre de conclusion rapide qu’on sert pour rassurer. Calmer les riverains.

Mais moi, je sais.

Ce n’était pas un accident.

C’est une signature.

Elle.

Je suis assise sur le sol de la chambre, dos contre le mur, les genoux repliés contre moi. Mes bras les enserrent avec une force inutile, comme si je pouvais me contenir, empêcher ma poitrine de se fendre sous le poids de ce que je ressens. La lampe de chevet diffuse une lumière chaude, trop douce pour la violence en moi.

Lior es
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    MAYAQuand je rouvre les yeux, le plateau est vide.Le soleil s’est levé un peu plus haut, filtrant à travers les rideaux comme un rappel discret que le monde continue à tourner, même si nous, on a décidé de l’arrêter pour une nuit.Lior n’est plus allongé à côté de moi. Un frisson me traverse non pas de froid, mais de ce vide que son absence immédiate laisse toujours derrière lui.Je tends l’oreille.Dans la pièce d’à côté, un murmure. Une voix grave, posée, basse. Il parle au téléphone. Son ton est calme, presque détaché, mais je reconnais cette tension feutrée quand il évoque des chiffres, des lieux, des noms que je ne comprends pas. C’est son autre monde. Celui qu’il garde à distance de moi… mais qui finit toujours par nous rattraper.Je reste immobile, les bras serrés autour de moi, le drap remonté jusqu’au menton. Le silence est doux, oui, mais un peu plus fragile qu’il ne l’était tout à l’heure. Comme si le refuge qu’on s’était construit pendant la nuit commençait déjà à se fis

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