LUCIELe vent d’automne me fouette le visage alors que je quitte l’immeuble, les talons claquant contre le pavé. La tension entre Lior et moi est encore palpable, comme un fil invisible qui relie nos âmes malgré la distance qui se creuse. Je sens encore le goût de son baiser sur mes lèvres, la brûlure de son rejet dans ma poitrine. Mais je ne suis pas venue ici pour lui permettre de fuir une nouvelle fois. Non, cette fois-ci, il n’a pas d’échappatoire.Lior, ce connard têtu, croit pouvoir me repousser comme une simple intrusion dans sa vie. Mais il me sous-estime, comme toujours. J’ai attendu trop longtemps pour le laisser partir de cette façon. Je l’ai aimé pendant des années, sans jamais qu’il sache à quel point. À quel point il m’a marquée. Il m’a oubliée, mais je n’ai jamais cessé de l’aimer. Et aujourd’hui, il est à nouveau à portée de main. Le tout est de savoir comment jouer mes cartes.Je monte dans ma voiture, les mains toujours tremblantes, la tête pleine de pensées contradi
LUCIEJe suis assise dans ma voiture, les mains serrées sur le volant. Le regard figé sur l’immeuble qui se dresse devant moi, majestueux et froid, je respire profondément pour calmer l'agitation dans mon ventre. C’est étrange, cette sensation. Comme si le temps m’avait ramassée dans ses bras et m’avait déposée ici, dans ce présent où rien n’a changé. Lior. C’est toujours Lior. Il est là, derrière ces portes, comme un mirage que je n’ai jamais pu effacer. Mais aujourd’hui, je suis prête à tout pour le ramener à moi.Je m’extirpe du véhicule, attrapant mon sac d’une main tremblante. Une partie de moi veut fuir, revenir en arrière, mais l’autre sait que c’est le moment. Le moment où je peux reprendre ce que j’ai perdu, ce que j’ai toujours voulu. Il m’appartient, et je vais lui rappeler. Parce qu’il l’a toujours su, il a toujours su qu’il reviendrait vers moi. Mais peut-être qu’il a oublié. Peut-être qu’il m’a oubliée.Je monte les marches du bâtiment, l’ascenseur m’emportant dans une m
MAYAJe me réveille un peu plus tôt que d'habitude, cette fois sans lui près de moi. Le vide dans le lit est palpable, et je me redresse, cherchant la chaleur qui, d'ordinaire, aurait dû m'envahir. Mais la pièce est froide, l’atmosphère lourde de non-dits. Je l'entends dans la pièce d'à côté, parler au téléphone, sa voix basse, autoritaire. Il a déjà commencé sa journée, comme si de rien n’était.J’aurais voulu qu’il me parle davantage hier, qu’il brise le silence sur ce qu’il cache. Mais je sais aussi que le temps n’est peut-être pas venu. Il a cette façon de se refermer sur lui-même, de créer des distances entre nous, comme si chaque mot prononcé à voix haute pouvait tout faire éclater. Et pourtant, je ressens cette urgence, cette nécessité de tout comprendre. Pas seulement de lui, mais de son monde. De ce qui le fait tenir. De ce qui le fait fuir.Je sors du lit et me glisse hors de la chambre, me dirigeant vers la salle de bains. L’eau chaude tombe sur ma peau, mais elle ne me réc
MAYALa porte de la salle de réunion se ferme doucement derrière nous, et Lior se dirige vers son bureau sans un mot. Il semble plongé dans ses pensées, et moi, je reste là, figée, observant son dos droit, ses gestes calmes et mesurés. Je n’arrive pas à oublier la scène. Les regards échangés. La tension palpable.Je savais que cette femme n’était pas là juste pour des affaires, mais maintenant, je le ressens dans chaque fibre de mon être. Quelque chose entre eux. Quelque chose de lourd et de vieux, comme un nuage qui refuse de se dissiper. Mais il ne m’en parle pas. Pas encore.Il dépose les dossiers sur son bureau, un peu plus brusquement que d’habitude, avant de se tourner vers moi. Ses yeux sont sombres, un peu plus froids. Il s’arrête un instant, me scrutant comme s’il cherchait une réaction. Je fronce légèrement les sourcils, prête à lui poser les questions qui me brûlent les lèvres, mais je me retiens. Parce que je sens que ce n’est pas le moment. Pas encore.— Tu veux bien… m’a
MAYALa salle de réunion est vaste et moderne, tout en verre et en acier. L’air est légèrement frais, mais l’ambiance est lourde, pleine de tensions à peine dissimulées. Je suis assise dans un coin, discrète, un café à la main, observant Lior. Il est là, à la tête de la table, son regard concentré, ses gestes précis. La réunion a commencé depuis une dizaine de minutes, et pourtant, je n’arrive pas à me détacher de l’agitation qui naît dans mon estomac.Je sens les regards. Non seulement ceux de tous ces cadres autour de la table, mais aussi celui d’une personne en particulier. La femme qui entre maintenant dans la salle, avec cette démarche assurée, ce regard perçant. C’est elle. La femme que je reconnais immédiatement. Elle porte un tailleur sombre parfaitement coupé, un maquillage subtil mais percutant. Elle dégage une aura de confiance qui semble tout à fait naturelle. Mais au fond de ses yeux, il y a quelque chose d’autre. Quelque chose que je perçois, un éclat que je n’arrive pas
MAYAJe suis assise dans le fauteuil en cuir noir, observant Lior qui travaille sans relâche. La pièce est calme, trop calme, et le léger bourdonnement des conversations lointaines dans les couloirs me parvient comme une sorte de musique d’ambiance. Mais ce qui me frappe, c’est la distance qui se creuse entre nous, comme une mer invisible mais persistante. Il est là, en face de moi, et pourtant, je ne me sens pas près de lui. L’espace entre nous semble plus vaste que jamais.Il parle d’un projet, d’une réunion qu’il doit organiser dans l’après-midi, mais ses mots sont comme des sons éloignés. Ce qui occupe mes pensées, ce sont les regards, toujours présents, ces regards qui s’immiscent dans mon esprit comme des intrus invisibles. À chaque fois que j’entends un bruit de pas dans le couloir, je me tend, consciente que des yeux me scrutent, m’évaluent. Je suis toujours la même inconnue dans cet endroit, un élément perturbateur qu’ils ne savent pas comment traiter.Je soupire, un peu lass