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Chapitre 4

Bonita tellement heureuse courut à la sortie et se jeta sur Ahmadou…

-j’ai eu ! j’ai eu ! j’ai eu ! j’ai eu !

Elle était tellement heureuse, elle coulait des larmes de joie…

-félicitations Bonita !! je savais que tu allais avoir ton examen ! c’est trop bien !

-je vais aller à l’université ! je suis trop contente ! criait-elle en pleurs.

Dommage que sa tante ne soit pas là pour la voir aussi heureuse. Ils montèrent sur la moto et se rendirent dans la chambre qu’ils occupaient désormais tous les deux.

-maintenant que tu as ton examen, c’est quoi la suite ? demanda-t-il.

-honnêtement je ne sais pas trop…

-pourquoi tu dis ça ?? bon regarde… imagine dans ta tête que je suis ton père. Ton père te demande ce que tu comptes faire après ton examen, tu lui réponds quoi ? demanda-t-il encore.

-bon, je veux faire des concours… l’ENS m’a toujours tenté.

-c’est quoi l’ENS ?

-c’est l’école normale, où on forme les enseignants.

-aaaannnhhhh okay ! et il te faut quoi pour faire ça ?

-hummm… Ahmadou pourquoi tu me poses même toutes ces questions ?

-aka je t’ai dit d’imaginer que je suis ton père ! tu veux faire quoi ? dis moi !

-il faut déposer les dossiers et rejoindre un groupe de travail où on va me former à affronter les épreuves. Si je compose et que je réussis, je peux même sortir au bout de trois ans et commencer à travailler.

-ah bon ? et la pension c’est combien ?

-ça tourne dans les 50mill…

-le mois ?

-non ékié ! l’année non ?!

-aaannnhhh… tu sais que moi je ne connais pas les choses là !

-maintenant tu sais tout… papa ! dit-elle, sarcastique.

-bon okay… viens on part !

-ékié on part où ?

-suis moi juste !

Ahmadou roula jusqu’au marché Mokolo où il lui acheta deux pantalon, une ballerine, quelques hauts et quelques sous-vêtements, pour un total de 16.500fcfa. Bonita était tellement émue par son geste… elle comprenait finalement qu’il ne fallait pas tout voir en noir et que des gens biens existaient encore sur la Terre. Une fois à la maison, elle essaya ses tenues et elles lui allaient à merveille. Ahmadou lui lâcha même un compliment…

-mais didon… tu es très belle ! il te manque seulement la greffe pour que tu sois parfaite…

-merci Ahmadou !

-t’inquiète, je ne dis que la vérité…

-non je veux dire, merci pour tout ! tu es entrain de me redonner espoir, tu es entrain de me donner de nouvelles raisons de vivre et ça, je ne l’oublierai jamais. Malgré les moyens que tu n’as pas, tu te bats pour me faire sourire… je ne sais même pas comment te remercier…

Elle s’assit et éclata en sanglots. Il s’agenouilla devant elle et lui passa la main autour de l’épaule.

-tu sais, je le fais parce que j’en ai la possiblité. Je n’ai pas les moyens c’est vrai, mais je te promets que je ferai du mieux que je pourrais pour que tu aille à l’école. Demain n’est ce pas toi aussi tu vas m’aider ?

En guise de réponse, elle fit un oui de la tête.

-voilà, donc ne pleure plus ! demain tu iras prendre tous les renseignements nécessaires pour ton groupe de travail là et aussi pour déposer les dossiers. Mon souhait est que tu passes…

-merci Ahmadou… merci beaucoup !

-bon, je fonce travailler…

Il quitta la maison aux alentours de 14h, laissant Bonita entrain de sautiller surplace, encore émue par son examen que Dieu lui avait donné.

Les jours passèrent et Bonita avait bel et bien débuté les cours de préparation à son concours. Ahmadou avait pu réunir l’argent à temps pour lui permettre de déposer ses dossiers. Les deux commençaient à très bien s’entendre, comme un vrai couple de mariés. La raison était que Bonita commençait à avoir vraiment de l’affection pour lui… elle le trouvait gentil, drôle et beaucoup trop posé pour quelqu’un qui n’avait même pas fait d’études. Elle prenait soin de lui à sa manière, elle lui lavait les vêtements, les repassait et gardait toujours la maison propre. Elle l’avait convaincu d’acheter un réchaud à pétrole avec deux marmites qu’elle utilisait pour leur préparer à manger quand l’occasion se présentait. D’après elle, c’était beaucoup moins coûteux que d’aller le faire en route. Ses cours se passaient bien et elle en était fière, elle reprenait confiance en elle.

-pourquoi ça sent bon ici ? demanda Ahmadou en entrant dans la chambre qui était toujours très bien rangée depuis que Bonita était venue.

-c’est parce que je t’ai préparé quelque chose…

-quoi comme ça ? questionna-t-il en s’approchant des marmites.

-ehehehehe !!! ne touche pas à ma marmite ! va d’abord te laver…

-tsuipppsss… c’est obligé que je me lave ? est ce que ça donne l’argent ?

-ça ne donne pas l’argent mais ça donne la santé ! va te laver et tu portes les habits ci… dit-elle en pointant une tenue de sport propre qui était déposée sur le lit.

Ahmadou s’empara d’un seau et se rendit dehors en boudant. L’hygiène et la propreté n’avaient pas toujours été le fort du jeune homme, mais depuis que Bonita était arrivée, il était contraint d’adopter ces préceptes et Dieu seul sait comment incorporer de nouvelles habitudes est parfois difficile.

Il réapparut quelques minutes après, tout propre…

-passe moi tes habits sales là ! dit-elle.

Elle les rangea dans un seau où elle rangeait tout ce qu’il y avait de sale. Il prit place sur le lit et elle lui déposa un plat de haricot encore fumant. Il commença à manger avec appetit…

-hummm… toi là… qui t’a appris à préparer comme ça ? j’ai déjà mangé le haricot dans tout Yaoundé, mais personne n’atteint ton carreau…

Finalement, la formation que sa tante lui avait fait recevoir dès son bas âge avait un bon côté. Elle était un imbattable cordon bleu.

-appétit mon chéri…

Ahmadou tiqua à cause de cette appellation… "chéri…" elle était d’une affection que lui n’avait jamais connu.

-merci…

Bonita sentit qu’elle venait de le mettre mal à l’aise, donc elle se dépêcha de changer de conversation.

-tu m’amènes même en ballades quand ? demanda-t-elle.

-en ballade ? où ça ?

-je sais ? tu ne veux pas te balader avec une belle fille comme moi ?

-si mais seulement qu’on ne se ballade pas avec les filles sans argent en poche.

-l’argent pour faire quoi ? est ce que l’argent est nécessaire ? on marche, on s’arrête quelque part et on cause… tu ne t’es jamais baladé avec une fille ?

-non moi ooohhh !!! que ça a commencé comment ? s’exclama-t-il.

-hummm… donc tu n’as jamais eu de go ?

-j’avais un go hein ?! là bas au village… elle s’appelait Blessing Joyce ! moi je voulais même seulement me marier avec elle.

-elle est où maintenant ?

-ah je ne sais pas… on s’est perdus de vue quand je suis venu ici à Yaoundé.

-je vois… et depuis que tu es ici tu n’as pas pu avoir de go ? demanda-t-elle encore.

-hhaaaa… un gars pauvre comme moi ? quelle fille de Yaoundé va vouloir de moi ? quand je serai un boss, j’en aurais !

Bonita pensait intérieurement qu’Ahmadou manquait vraiment de confiance en lui et ça l’amusait.

Il termina de manger et il se coucha…

-tu ne travaille pas cette nuit ?

-non ooohh… c’est le travail de quoi mon frère… je me repose ! je voulais bien aller me coiffer mais j’ai la paresse.

-je t’accompagne si tu veux…

-ah bon ? okay on y va alors…

Bonita alla se doucher et porta une jolie tenue et tous les deux ils se rendirent chez le coiffeur. Ahmadou constatait que les passants avaient toujours les yeux rivés sur la belle et douce Bonita… il lui fit la remarque…

-hummm… les gens ne font que te regarder…

En guise de réponse, elle lui prit la main, ce qui mit une fois de plus Ahmadou mal à l’aise…

-au moins comme ça, ils auront peur de regarder la femme d’autrui…

Ils empruntèrent le chemin le plus long pour rentrer à la maison et ils continuèrent à causer. La semaine se poursuivit dans la routine : Bonita avec ses cours et Ahmadou avec son travail qui le rendait très absent.

Bonita était entrain de rentrer, après une dure journée d’étude… elle était perdue dans ses réflexions lorsque quelqu’un lui prit la main… elle se retourna et c’était sa tante…

-eiiinnnhhh… donc madame a fui la maison… si tu ne veux pas que je fasse un scandale ici, suis moi doucement à la maison et on va terminer de régler nos problèmes.

Elle essaya de tirer Bonita mais celle-ci résistait de toutes ses forces pour ne pas aller avec elle. Tata Rosine haussa donc le ton…

-ne m’énerve pas Bonita ! je peux te faire quelque chose où tu es là ! suis moi simplement à la maison on va régler nos problèmes.

Le vacarme commença à intéresser les passants qui s’érigèrent en arc de cercle autour d’elles.

-tantine, avec tout le respect que je te dois, l’époque où tu me malmenais est terminée ! je ne te demande plus rien… laisse moi tranquille et continue ton chemin !

-attends, c’est à moi que tu parles comme ça ? tu es malade ? regardez moi une petite voleuse de maris comme ça ! tu te prends pour qui ?

Il s’en suivit une petite bagarre durant laquelle Bonita encaissa quelques gifles. Elle voulut s’enfuit mais sa tante la saisit par son tshirt et celui-ci se déchira. Elle n’avait désormais plus que son soutien-gorge et son pantalon. Cette scène fit remonter en elle des souvenirs qu’elle avait pris la peine d’oublier. Elle poussa violemment sa tante et avant qu’elle n’eut le temps de faire autre chose, une autre dame la tira et la traina dans son salon de coiffure pour la cacher.

-ma fille il faut te calmer… la bagarre n’est pas bien !

Elle s’assit et essaya d’expliquer à cette dame ce qu’elle avait enduré. Cette dernière lui donna quelques conseils…

-c’est pas grave ma fille… tout ça ce sont les embûches que le démon met sur ton chemin, pour t’empêcher de rejoindre la porte que Dieu a laissé ouverte pour toi quelque part. Tout ça c’est les petites frustrations, continue seulement à prier et à faire l’école ! une femme qui déshabille son enfant en route c’est juste une sorcière !

-ok mama j’ai compris.

-maintenant tu vas faire comment ? tu peux appeler le gars chez qui tu vis pour qu’il t’apporte un autre vêtement ? dit-elle en lui tendant son téléphone.

Heureusement, Bonita avait le numéro d’Ahmadou noté quelque part et elle l’appela. Il débarqua quelques minutes après avec un habit de rechange qu’elle porta et il la conduisit jusqu’à la maison. Bonita se  remit à pleurer et Ahmadou la prit dans ses bras pour la consoler…

-Bonita ne pleure plus, on va lui faire honte ! c’est elle qui aura honte demain, pas toi ! ça me fait même penser qu’il te faut un petit tchoronko pour souvent m’appeler en cas de besoin.

Bonita ne put s’empêcher de poser ses lèvres sur celles d’Ahmadou et il s’en suivit un long baiser ponctué par des caresses localisées et intenses. Ils se retrouvèrent très rapidement nus tous les deux…

-Ahmadou, doucement stp, je ne l’ai jamais fait.

Il voulut se dérober pour annuler l’opération mais elle l’en empêcha. Elle sentait que son corps réclamait ça… elle en avait envie. C’est ainsi qu’il la pénétra et malgré le fait que c’était douloureux, ils le firent jusqu’à trois fois durant toute la nuit.

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