L’enfant

Cela faisait une semaine depuis la visite de Romy. Cette fois, Veronica était seule comme d’habitude. Ses autres camarades de cellule étaient avec leurs proches au parloir et elle, souffrait en silence.

Mais quelque chose cloche. Elle se sent observée. En regardant autour, elle aperçoit quelques femmes l’entourer.

« Regardez la princesse qui reste dans son coin. »

Christelle et ses amies ne l’ont jamais aimé depuis qu’elle est arrivée ici. Toutefois elles ne lui ont rien fait jusqu’à maintenant. Elle les a alors ignorées comme d’habitude. Mais Veronica a dû m’arrêter quand elle a senti une traction sur son cuir chevelu.

Elle a grimacé de douleur, puis a jeté un regard menaçant à la femme qui l’empoignait.

« Qu’est-ce que tu fais ? Lâche-moi ! »

Mais la prise ne s’est pas défaite. Pire, sans qu’elle ne s’y attende, elle a été lourdement jetée au sol. Elle a mis instinctivement ses mains autour de son ventre. Christelle a marché vers elle et a dégagé ses mains avec force.

« Nous sommes ici justement pour nous assurer que tu perdes ce petit bâtard. »

Elles savent que je suis enceinte ? Et elles veulent nuire à ma grossesse.

« S’il te plaît, non. Pas mon bébé. »

Les larmes ont commencé à couler sur ses yeux. Elle ne voulait pas perdre le dernier souvenir de Marco.

Elle a supplié à plusieurs reprises. Mais Christelle a montré un sourire sombre en la regardant.

« Où est passé l’arrogance ? Tu supplies maintenant ? Nous ne sommes pas du tout émues par tes larmes. »

Une autre a ajouté : « Les femmes qui couchent avec les hommes d’autrui, je les déteste particulièrement. Elles polluent la terre et doivent disparaître avec leurs progénitures. »

Elles ont ensuite commencé à rouer Veronica de coups. Elle ne savait pas combien de temps a duré le passage à tabac. Elle savait juste qu’elle avait mal partout.

…

Veronica a ouvert les yeux à l’infirmerie. Elle a entendu une voix douce à côté d’elle.

« Tu as eu de la chance. Ou plutôt, c’est ton bébé qui en a. Il est encore là. »

Elle ne pouvait réprimer un sourire en pensant à cela. Ce sourire manquait cependant de sincérité.

Quelle chance ? Je suis en prison pour le crime de quelqu’un d’autre.

Marco me déteste sûrement. Mais moi je l’aime toujours. Et je suis contente de porter son enfant, même si c’est à son insu.

De l’autre côté du couloir, Christelle parlait au téléphone avec une femme.

« Nous nous sommes bien occupés d’elle-même après qu’elle se soit évanouie. Les filles se sont arrêtées quand elles ont vu une tache rouge sur son pantalon. »

« Parfait ! Cet enfant ne doit pas naître. »

Romy avait eu vent de la grossesse de Veronica. C’est pourquoi elle était allée la voir en prison pour s’en assurer.

Après avoir raccroché, Romy est allée voir sa sœur avec un grand sourire.

« Comment vas-tu aujourd’hui ? »

« Je me sens de mieux en mieux. Mais Marco m’inquiète. Il est bizarre. Tu penses qu’il regrette cette traînée ? »

« Qu’est-ce qu’il y a à regretter ? Tu es beaucoup plus belle qu’elle et tout le monde peut le voir. »

Cette remarque a soulagé Julia un peu. Ses pensées sont revenues à la dernière fête avant le désastre.

« Tu sais, j’avais peur que Marco me demande encore des explications sur ce qui s’est passé ce soir-là. »

« Comment ça ? Ce n’était pas un accident tout simplement ? Tout le monde était tellement ivre que n’importe qui aurait pu se trouver dans le lit de n’importe qui. Heureusement que je n’y suis pas allée. »

Julia voulait raconter à sa sœur ce qui s’était réellement passé. Mais, de ce qu’elle sait, Romy n’était pas du genre à garder un secret.

Si je lui dis que c’est moi qui ait créé cette scène pour ternir la réputation de Veronica, tout le monde le saura demain. Par ailleurs, je ne savais pas qu’elle finirait avec Marco.

Je ne pensais pas que je serais heureuse d’avoir un accident de voiture. Il la déteste maintenant et c’est tant mieux.

« A quoi tu penses, Ju ? »

La voix de Romy la ramène sur terre. Elle secoue tout simplement la tête pour chasser ses idées.

« Non, rien. Comment ça s’est passé en prison ? »

« Très bien. Elle ne nous posera plus de problème. »

…