La table est dressée. Un petit repas, sans prétention mais plein d’attention. Poulet rôti, haricots verts sautés, pommes de terre fondantes, et ce riz au jasmin qu’Eliott aime tant. Madame Desvelt nous sert avec douceur, comme si ce dîner était un moment sacré. Et peut-être que ça l’est.Pour moi en tout cas.Je m’efforce de sourire, de plaisanter un peu, de paraître à l’aise. Mais à l’intérieur, quelque chose s’est brisé. Depuis que sa mère a parlé de Lena. De ce coup de fil. De ce prénom qu’il n’a pas cessé prononcé depuis plusieurs jours.Il n’a rien dit. Mais ses yeux ont parlé pour lui. Ce mélange de surprise, de nervosité, d’attente. Je trouve que Lena est égoïste. Elle lui fait du mal. Elle le laisse s’inquiéter. Et je me demande pourquoi tout ça. J’aimerais savoir ce qui a pu se passer entre eux pour qu’ils soient dans cet état tout les deux. — Jessy, tu veux encore un peu de sauce ? demande sa mère en me tendant la louche avec un sourire.Elle me tire de mes pensées. — Oui
Jessy et ma mère discutent comme si elles se connaissaient depuis toujours. Elles rient, se racontent des souvenirs, cuisinent à deux, les mains pleines de farine et le cœur léger. Ce genre de complicité me surprend toujours. Ce n’est pas fréquent de voir ma mère aussi détendue, aussi bavarde, surtout avec une fille avec qui je suis en couple . Mais avec Jessy, tout semble naturel.Et plus je les écoute, plus je découvre des fragments d’elle que je ne connaissais pas. Des détails enfouis, des blessures qu’elle laisse entrevoir, sans trop appuyer. Comme si elle avait attendu qu’enfin quelqu’un l’écoute vraiment. Qu’on lui laisse une place.Je crois que je suis en train de comprendre à quel point elle compte. Que je n’ai pas le droit de tout foutre en l’air. Si un jour je venais à lui briser le cœur, ce sourire qu’elle me réserve — celui qui éclaire tout son visage quand elle me regarde — disparaîtrait à jamais. Et je ne me le pardonnerais pas.Elle m’a choisi. Et maintenant, c’est à mo
Quelques minutes plus tôt .Je sens encore ses lèvres contre les miennes. Mon cœur bat à une vitesse ridicule. Comme s’il courait après un train que je sais déjà perdu.Eliott.Je le regarde se lever pour aller ouvrir la porte, et d’un geste presque involontaire, je le retiens. Ma main se referme autour de son bras, tremblante. Je n’arrive pas à contrôler ce frisson qui me traverse. Ce n’est pas que je n’ai pas envie de rencontrer sa mère… c’est juste que je suis terrifiée.Et si elle me regardait comme une intruse ? Comme une fille de passage ?Et si elle sentait… ce qu’on a failli faire, lui et moi ?J’ai encore son souffle sur ma peau, la trace de ses doigts au creux de mes reins. Je suis dans un état entre vertige et lucidité. Et tout mon corps hurle une seule chose : je l’aime. Peut-être un peu trop. Il s’assied en face de moi et caresse doucement ma joue. Ce geste-là, il est simple, doux… et pourtant, j’ai l’impression qu’il me recolle les morceaux.— Ne t’inquiète pas Jess. M
Jessy…Que dire d’elle ?Cette fille, c’est un concentré de lumière. Un éclat doux et imprévisible qui illumine chaque instant passé en sa compagnie. Elle a cette façon d’être là, pleinement, sincèrement, avec une innocence presque désarmante. Son amour pour moi est pur, brut, sans calcul.Et je dois l’admettre : il y a des moments où je me surprends à croire que, dans une autre vie — une vie où Lena n’existerait pas, où ses yeux n’auraient jamais croisé les miens — Jessy aurait peut-être été celle que j’aurais aimée. Celle avec qui j’aurais tout construit. Mais voilà… tout, absolument tout, me ramène à Lena. Même là, maintenant, alors que je suis dans les bras d’une autre. Une autre avec qui, il y a à peine une heure, j’étais prêt à franchir une limite.Putain.Quand j’y repense, j’ai encore la sensation de son corps contre le mien. La chaleur de sa peau. La manière dont elle frissonnait sous mes caresses. Ce désir sincère qui brûlait dans ses yeux verts. C’était intense. Et beau. Et
Mon cœur s’emballe. J’ai peur, et je frissonne. Mes mains tremblent alors je les cache derrière mon dos. Mon regard, humide et effrayé, vient se planter dans celui d’Eliott. Je suis à deux doigts de pleurer, de tout envoyer valser, de me laisser submerger par ce trop-plein d’émotions.Je l’aime tellement. Mon Eliott. Mon rayon de soleil.Et pourtant… parfois, j’ai l’impression qu’il y a quelque chose—ou quelqu’un—entre nous. Un obstacle invisible. Une barrière silencieuse. J’ai la gorge serrée, en feu, comme si un poids énorme y était coincé. Mes lèvres frémissent encore, entre la peur et l’excitation. J’ai chaud. Trop chaud sous cette peau que j’aimerais pouvoir retirer, comme si ce n’était qu’un simple vêtement.Je l’attends. J’attends qu’il dise quelque chose. Qu’il me rassure. Qu’il fasse taire toutes mes inquiétudes, tous mes doutes.On a failli s’embrasser. Juste là, à l’instant. Mais Eliott n’a pas vraiment répondu. Et je le comprends… Il ne s’y attendait pas. C’était la premiè
''Eliott ''C’est le week-end ! Après avoir passé une semaine chargée, il est temps de se relaxer un peu. Cela fait trois jours que je n’ai pas de nouvelles de Lena. Après notre discussion à Nashville, j’ai décidé de m’éloigner d’elle et de me concentrer sur Jessy. Cette fille est très…particulière. Être en couple avec elle depuis à peine 72 heures est plutôt agréable. Nous avons enchaîné les rendez-vous à la sortie des cours. Resto, ciné etc. Je voulais qu’on passe le plus de temps possible ensemble afin d’apprendre à mieux se connaître. ‘’ Ou plutôt, j’essaie de me convaincre que je n’ai pas fais le mauvais choix en me mettant avec elle’’.Aux dernières nouvelles, j’ai appris par Eloise que Lena est chez sa mère et sa sœur. Elle reviendra dans quelques jours. Seb’ a dû reporter notre week-end entre potes dans le chalet de son père à cause de ce voyage. Aujourd’hui c’est samedi et j’ai décidé de passer la journée avec ma mère. C’est notre moment privilégié à deux. Elle vient dans