Chapitre 2

« Émilie ? » Astrid a agité sa main devant elle, ses yeux innocents fixés sur Émilie : « Tu es sûre que tu vas bien ? Sinon je fais un appel à Mathieu ? Je peux m’occuper des affaires de la société à ta place. »

La jeune fille devant elle avait toujours l’air si innocente et inoffensive.

Émilie a serré les ongles dans sa paume, retenant ses émotions et a esquissé un sourire forcé : « Je vais bien, allons-y. »

À ce moment, se disputer la rendrait seulement plus ridicule.

« Okay, d’accord », a répondu Astrid avec un sourire, essayant de prendre son bras, mais Émilie l’a discrètement évitée.

Le Fabre Conseil Immobilier, avait déjà été en difficulté les années précédentes, pourtant a prospéré sous la direction d’Émilie depuis son mariage avec Mathieu. En trois ans, l’entreprise est passée de l’obscurité au top des entreprises du Dydjan.

Surtout ce mois-ci, avec la réussite de leur collaboration avec les Berthier, leur avenir s’annonçait radieux.

Émilie est sortie des toilettes, la célébration ayant déjà commencé.

Vêtue de son ensemble de travail, sobre et sévère, elle est entrée dans la salle, presque invisible aux yeux des autres.

La foule se pressait autour d’un bel homme en costume blanc. C’était justement son mari, Mathieu Fabre.

Au lieu de s’approcher comme elle l’aurait fait d’habitude, Émilie a pris un verre de vin au hasard et s’est assise dans un coin.

Depuis quand Mathieu et Astrid étaient-ils ensemble ?

Jusqu’où leur relation avait-elle évolué sans qu’elle ne le sache ?

Était-il vraiment tombé amoureux d’Astrid ou méprisait-il Émilie de ne pas pouvoir donner un enfant à la famille Fabre ?

Submergée par ces pensées, Émilie a bu plusieurs verres sans s’en rendre compte, petit à petit sa conscience devenant floue.

Sentant une nausée, elle s’est levée pour prendre l’air dehors.

Traversant la foule, elle a trouvé un calme espéré dans le couloir extérieur.

Elle a ouvert la fenêtre, cherchant plus de fraîcheur, et, enlevant ses talons hauts, s’est hissée sur le rebord. L’air froid a embué ses lunettes. Elle les a nettement retirées et jetées à côté d’elle. Mais alors qu’elle venait de s’asseoir, elle a été soudainement saisie par la taille et emportée dans des bras.

« Ah ! »

Émilie s’est réveillée brusquement de sa frayeur, tombant à la renverse dans une étreinte chaleureuse. En levant les yeux elle a croisé un regard d’un noir profond et glacial.

« Monsieur Berthier... ? »

Émilie a plissé les yeux avant de distinguer clairement l’homme devant elle, puis, prise de panique, elle s’est redressée et l’a repoussé d’une poussée.

L’homme, vêtu d’un costume noir sur mesure, affichait une expression froide. Son menton bien dessiné et acéré s’est légèrement relevé. Voyant cela, il a relâché la taille de la femme, balayant son visage d’un regard détaché, son expression restant froide et calme,

« Madame Seydoux. »

Après cette mésaventure, Émilie, un peu plus sobre, s’est hâtée d’expliquer, pensant que Christophe Berthier avait mal compris : « Je voulais juste prendre l’air, Monsieur Berthier, ne vous méprenez pas. »

Bien que leurs interactions sur les projets aient été limitées, Émilie connaissait bien les méthodes et le style d’action de l’homme d’affaires devant elle.

« Vraiment ? » a-t-il dit, une main dans sa poche, posant son regard sur elle, l’examinant brièvement pendant deux secondes avant de détourner le regard : « Je pensais que Madame Seydoux ne comptait pas honorer ce projet, fuyant au dernier moment. »

Émilie s’est sentie légèrement rougir à ses mots, mais a gardé son sourire : « Vous plaisantez, Monsieur Berthier. »

Alors qu’une brise froide soufflait, Émilie s’est soudain rendu compte qu’elle était pieds nus sur le sol, ne sachant pas où elle avait jeté ses lunettes.

Elle était quelque peu myope, et le couloir était trop sombre pour qu’elle puisse retrouver ses lunettes par elle-même.

Christophe a lancé un regard profond à la femme devant lui. C’était depuis combien d’années ? Depuis qu’elle était avec Mathieu Fabre, il semblait qu’elle avait également dissimulé son éclat.