Chapitre 3

Elle avait probablement déjà oublié leur rencontre de jeunesse.

Émilie a mordillé sa lèvre, voyant flou et ne pouvant distinguer clairement le visage de l’homme, elle a dit d’un ton embarrassé : « Pourriez-vous m’aider à chercher mes lunettes ? »

Un silence s’est installé quelques instants, Christophe est resté muet.

À ce moment, la jeune femme devant lui, les joues rosies, ses yeux brillants de charme et de douceur, malheureusement, ils ne l’étaient plus et elle ne fixait pas son regard sur lui.

À l’époque, il avait été contraint de quitter le pays puis aller à l’étranger. À son retour, la belle était déjà mariée.

« Humm », a laissé échapper Christophe avec un rire énigmatique, trouvant les lunettes et les tendant vers elle.

« Merci », Émilie a tendu la main pour les prendre, effleurant les doigts rugueux de l’homme et s’est rétractée par réflexe.

« Pardon. »

Émilie a mis ses lunettes, retrouvant enfin une vision claire.

Son expression légèrement assombrie, Christophe a détourné son regard et est rentré dans la grande salle.

Émilie est restée immobile un moment, puis l’a suivi ainsi.

…

« Monsieur Fabre est vraiment impressionnant, en seulement trois ans, il a mené les Fabre à ce niveau. »

« La dame à côté doit être Madame Fabre, elle est tellement jolie, ils forment un couple parfait. »

« Oui, j’ai entendu dire que Madame Fabre gère aussi bien l’entreprise, elle a sûrement beaucoup aidé Monsieur Fabre. »

À peine entrée, Émilie a vu sous la lumière un homme et une femme.

L’homme, en costume blanc, élégant et charmant, et la femme, en robe blanche, gracieuse à ses côtés, à première vue, ils semblaient être faits l’un pour l’autre.

Si seulement cet homme n’était pas son mari.

Les éloges des personnes à côté ont fait sourire Mathieu de satisfaction, et Astrid, un peu gênée, a remis ses cheveux en place, échangeant un regard complice avec Mathieu.

Émilie a senti une poignante douleur au cœur, puis a saisi une coupe de vin sur un plateau d’un serveur passant, marchant d’un pas décidé vers eux.

« Chéri. »

Approchant avec un verre à la main, elle a adressé un sourire doux à Mathieu.

Voyant cela, Astrid a rapidement lâché le bras de Mathieu, minaudant : « Tu es enfin venue, Émilie. »

« Émilie », Mathieu s’est approché d’Émilie comme un mari tendre et attentionné, et l’a enlacé par la taille.

Émilie, retenant son dégoût, a levé les yeux vers lui : « De quoi parliez-vous ? »

« Ah, c’est donc Madame Fabre, nous avons tant entendu parler de vous. »

Ceux qui avaient par erreur pris Astrid Lacroix pour Madame Fabre ont changé rapidement de ton, mais étant des vétérans des affaires, ils ont bien compris les subtilités de la situation.

Émilie a levé son verre en souriant, citant correctement quelques noms : « Monsieur Hervé, Monsieur Marc. »

Mathieu Fabre, les yeux emplis de tendresse pour Émilie, a pris le verre de sa main : « Émilie, ne bois pas trop. »

Un geste affectueux et attentionné, l’image d’un mari aimant et fortuné.

« Monsieur Fabre et sa femme sont tellement heureux. »

« Cela nous rend vraiment jaloux ! »

Les personnes autour ont émis des commentaires opportuns. Émilie, jetant un œil à Astrid, dont le visage s’assombrissait, a senti un frisson de froideur la traverser et a joué le jeu en souriant : « Alors, chéri, bois pour moi. »

Mathieu a accepté son verre et l’a vidé d’un trait.

C’était le signal d’une nouvelle salve d’applaudissements.

« Oh là là ! » Astrid s’est exclamée, se tenant à l’écart, trébuchant soudain, renversant tout le vin rouge sur sa robe blanche.

« Astrid ! » Mathieu, par réflexe, a lâché la main d’Émilie pour aider la jeune femme.

Un éclair de triomphe a traversé le visage d’Astrid, qui a lancé un regard venimeux à Émilie :

« Émilie, ma robe est salie, j’ai des vêtements de rechange dans la voiture de Mathieu, puis-je lui demander de m’y emmener pour que je puisse les chercher ? »