La soirée battait son plein, et pourtant, Nafi se sentait de plus en plus étrangère au milieu de cette élite sénégalaise. Les conversations raffinées, les rires maîtrisés, les regards échangés… Tout semblait parfaitement orchestré. Mais sous cette apparence lisse, elle percevait des tensions invisibles, des sous-entendus qui lui échappaient parfois.
Alors qu’elle tentait de se mêler à un groupe discutant d’investissements dans les énergies renouvelables, une main légère se posa sur son bras. Elle se retourna pour découvrir Monsieur Diallo, cet homme aux cheveux grisonnants qui l’avait abordée plus tôt.
— Madame Diagne, pardonnez-moi de vous interrompre.
Puis-je vous emprunter un instant ?
Les autres s’écartèrent avec politesse, et Nafi se retrouva seule face à lui. Monsieur Diallo l’entraîna vers un coin plus tranquille de la pièce, près d’une sculpture imposante représentant une pirogue en bois.
— Alors, dites-moi, madame, qu’est-ce qui vous a conduit à collaborer avec ces fameuses ONG ? demanda-t-il, son regard perçant braqué sur elle.
Nafi sentit son cœur accélérer. C’était une question simple, mais formulée avec une curiosité presque intrusive. Elle esquissa un sourire mesuré, essayant de gagner du temps.
— C’est une longue histoire, monsieur Diallo. J’ai toujours eu une passion pour les causes sociales, et… — Vraiment ? l’interrompit-il doucement, son ton légèrement moqueur. Vous me semblez bien plus complexe qu’une simple passionnée. Quelque chose dans votre façon de parler me dit que vous n’êtes pas ici par hasard.
Nafi sentit un frisson lui parcourir l’échine. Elle voulait répondre, mais sa gorge était sèche. Heureusement, une voix familière la sauva.
— Monsieur Diallo, vous essayez encore d’effrayer mes invités ?
C’était Amadou, qui arrivait avec un sourire amusé, un verre à la main. Il posa une main amicale sur l’épaule de Diallo, qui recula légèrement.
— Je ne faisais que poser des questions, Amadou. Tu sais bien que je suis toujours curieux.
— Et c’est justement ce qui te rend insupportable, plaisanta Amadou, avant de se tourner vers Nafi. Madame Diagne, je crains que mon ami ici présent ne soit un peu trop… direct.
Je vous dois des excuses.
— Oh, ce n’est rien, répondit-elle rapidement, tentant de masquer son trouble. Les gens curieux sont souvent les plus intéressants.
Amadou lui adressa un sourire mystérieux avant de proposer :
— Je vous emprunte à présent. La terrasse offre une vue spectaculaire. Vous devriez venir.
La terrasse était baignée dans une lumière douce, un contraste saisissant avec l’agitation à l’intérieur. L’air marin, frais et apaisant, balaya les mèches qui encadraient le visage de Nafi.
Elle s’approcha de la rambarde, contemplant l’océan scintillant sous la lune.
Amadou, debout à ses côtés, brisa le silence.
— Monsieur Diallo a cette étrange habitude de fouiller dans la vie des gens. Ne le prenez pas personnellement.
— Il m’a seulement surprise, admit-elle, évitant de croiser son regard.
— C’est normal. Vous êtes… intrigante.
Le mot flotta un moment entre eux. Nafi se força à rester calme, même si chaque fibre de son être voulait fuir cette confrontation.
— Je suppose que c’est un compliment, répondit-elle doucement, jouant avec le bord de son verre.
Amadou la dévisagea, son expression indéchiffrable.
— Ce n’est pas seulement un compliment, Madame Diagne.
C’est une observation. Vous êtes différente des autres personnes que je fréquente. Moins… prévisible.
Elle sentit son cœur battre plus vite. Il y avait quelque chose dans son ton, une menace voilée, ou peut-être une simple fascination. Elle ne savait pas encore.
— Et vous, monsieur Diouf ? Vous ne m’avez pas encore parlé de vous.
Amadou esquissa un sourire, mais il ne répondit pas tout de suite. Il se contenta de regarder l’océan, comme s’il cherchait ses mots.
— Ma vie est bien ennuyeuse comparée à la vôtre.
— J’en doute, murmura-t-elle.
Il se tourna vers elle, cette fois avec une intensité qui la cloua sur place.
— Et si nous disions que nous avons tous nos secrets, Madame Diagne ? La seule différence, c’est comment nous choisissons de les protéger.
Le silence qui suivit fut interrompu par le bruit d’un téléphone qui vibrait sur une table à proximité. Amadou le prit, jeta un coup d’œil, puis s’excusa brièvement.
— Je dois m’occuper de quelque chose. Mais restez ici. La vue est encore plus belle dans quelques minutes, quand les lumières de la ville se reflètent sur l’eau.
Et il disparut à l’intérieur, la laissant seule avec ses pensées et cette étrange tension qui refusait de s’éteindre.
Alors qu’elle contemplait les vagues, une ombre se dessina derrière elle. Sur le coup, elle pensa qu’Amadou était revenu, mais la voix qui s’éleva était celle de Diallo.
— Vous jouez un jeu dangereux, Madame Diagne. Soyez prudente.
Avant qu’elle ne puisse répondre, il s’éloigna, ses pas disparaissant dans le bruit de la soirée.
Nafi, figée, sentit le poids des mots de cet homme s’ajouter à celui d’Amadou. Elle commençait à se demander si elle avait sous-estimé les dangers de cette mission.
Les jours suivants, Nafi tenta de rester aussi discrète que possible. Les sorties se faisaient de plus en plus fréquentes, et Amadou continuait à la chercher, sans jamais se douter du plan qu’elle tissait autour de lui.Pourtant, chaque rencontre avec lui laissait une empreinte sur elle. Elle se retrouvait à mentir et à manipuler, à jongler avec ses sentiments et sa mission, tout en essayant de garder son masque intact.Un après-midi, alors qu'elle venait de rentrer après une autre rencontre avec Amadou, elle trouva sa mère dans la cuisine, occupée à préparer le repas du soir. Les arômes d’épices et de riz embaumaient la pièce, et l'atmosphère était chaleureuse, familière. Mais il y avait quelque chose dans l’air qui rendait l’instant un peu plus tendu que d’habitude."Tu es sortie encore ce matin, Nafi," dit sa mère, sans lever les yeux de sa tâche. "Tu ne m'as pas dit où tu allais. C'est presque tous les jours, maintenant. Il faudrait peut-être me dire ce que tu fais à l'extérieur,
La soirée avançait lentement, chaque minute semblant suspendue dans l'air. Nafi s’efforçait de rester calme, malgré l’agitation qui bouillonnait en elle. Amadou semblait plus détendu maintenant qu’il avait pris place sur le canapé, un verre de jus à la main. Il l’observait, comme s’il attendait qu’elle se confie. Mais Nafi savait qu’elle devait rester maîtresse de la situation, ne pas laisser tomber le masque qu’elle avait mis tant d’efforts à construire."Je trouve cet endroit... particulier," dit-il, balayant la pièce du regard. "Il y a quelque chose de mystérieux, de calme.C’est comme si cet appartement avait son propre caractère."Nafi sourit, répondant avec une légèreté étudiée. "C’est un endroit que j’apprécie beaucoup. Il m'apporte latranquillité que je recherche." Elle marquait une pause, luttant contre l'envie de tout dévoiler. "J’aime bien ça me permet d’échapper au quotidien, prendre du recul."Amadou la fixait, son regard plus pénétrant qu’auparavant, cherchant à percer
Les jours suivants la soirée au yacht-club, Nafi se retrouvait submergée par les événements. Chaque interaction avec Amadou, chaque regard qu'il posait sur elle, semblait lui rappeler à quel point son jeu devenait risqué. Elle savait que chaque pas qu'elle faisait vers lui la rapprochait du moment où elle devrait dévoiler la vérité, mais elle n'était pas encore prête.Ce matin-là, alors qu'elle se rendait au marché pour acheter des légumes, son téléphone vibra. C'était Amadou. Elle hésita un moment avant de répondre."Nafi, j’aimerais venir chez toi ce soir. Nous avons beaucoup à discuter, et je pense qu’il serait préférable de le faire en toute intimité. Dis-moi quand ça te conviendrait."Un frisson parcourut son corps. Elle savait que recevoir Amadou chez elle était tout simplement impossible. Non seulement l'endroit était trop modeste, mais il risquait de découvrir qu'elle n'était pas la femme qu'elle prétendait être. Elle n'avait ni l'appartement chic, ni la vie qu'il pensait qu'
La soirée battait son plein, et pourtant, Nafi se sentait de plus en plus étrangère au milieu de cette élite sénégalaise. Les conversations raffinées, les rires maîtrisés, les regards échangés… Tout semblait parfaitement orchestré. Mais sous cette apparence lisse, elle percevait des tensions invisibles, des sous-entendus qui lui échappaient parfois.Alors qu’elle tentait de se mêler à un groupe discutant d’investissements dans les énergies renouvelables, une main légère se posa sur son bras. Elle se retourna pour découvrir Monsieur Diallo, cet homme aux cheveux grisonnants qui l’avait abordée plus tôt.— Madame Diagne, pardonnez-moi de vous interrompre. Puis-je vous emprunter un instant ?Les autres s’écartèrent avec politesse, et Nafi se retrouva seule face à lui. Monsieur Diallo l’entraîna vers un coin plus tranquille de la pièce, près d’une sculpture imposante représentant une pirogue en bois.— Alors, dites-moi, madame, qu’est-ce qui vous a conduit à collaborer avec ces fameuses
Les jours qui suivirent leur rencontre au café furent marqués par une série d’échanges subtils entre Nafi et Amadou. Ils s’appelaient parfois, échangeant des banalités et quelques anecdotes personnelles. Chaque conversation semblait renforcer le lien entre eux, mais Nafi sentait qu’Amadou ne se livrait jamais complètement.De son côté, elle jouait parfaitement son rôle. Mamadou l’aidait à préparer chaque détail, chaque réponse, chaque geste. Pourtant, malgré son calme apparent, Nafi sentait un poids croissant sur ses épaules. Le jeu devenait de plus en plus complexe.Un matin, alors qu’elle se préparait à sortir pour un rendez-vous fictif qu’elle avait mentionné à Amadou, elle reçut un appel inattendu.— Nafi, c’est Amadou. Vous avez une minute ?Sa voix, calme mais autoritaire, la surprit.— Bien sûr, monsieur Diouf. Que puis-je pour vous ?— J’organise une réception privée ce vendredi soir, chez moi. Un petit rassemblement d’amis et de partenaires. J’aimerais que vous soyez là.Le
Nafi passa les jours suivants à réfléchir à sa prochaine étape. La carte de visite d’Amadou Diouf trônait sur la petite table de sa chambre, à côté d’une tasse de thé refroidie. Elle la fixait, le regard chargé d’un mélange d’appréhension et de détermination.Mamadou lui avait conseillé d’attendre avant de le contacter.— Tu ne veux pas avoir l’air trop pressée, cousine. Les hommes comme lui aiment les défis. Laisse-lui croire que c’est lui qui te cherche, pas l’inverse.Elle suivit son conseil, mais l’attente n’était pas simple. Chaque soir, elle repassait dans sa tête leur conversation au club. Elle se demandait si elle avait dit quelque chose qui aurait pu trahir ses intentions. Amadou était intelligent, cela se voyait dans son regard perçant. Mais il semblait aussi curieux d’en savoir plus sur elle.Un matin, alors qu’elle sirotait son café dans la cour, Mamadou arriva avec un sourire triomphant.— Bonne nouvelle, Nafi. Je crois qu’il t’a trouvée intéressante. Il a demandé à que