Les jours qui suivirent leur rencontre au café furent marqués par une série d’échanges subtils entre Nafi et Amadou. Ils s’appelaient parfois, échangeant des banalités et quelques anecdotes personnelles. Chaque conversation semblait renforcer le lien entre eux, mais Nafi sentait qu’Amadou ne se livrait jamais complètement.
De son côté, elle jouait parfaitement son rôle. Mamadou l’aidait à préparer chaque détail, chaque réponse, chaque geste. Pourtant, malgré son calme apparent, Nafi sentait un poids croissant sur ses épaules. Le jeu devenait de plus en plus complexe.
Un matin, alors qu’elle se préparait à sortir pour un rendez-vous fictif qu’elle avait mentionné à Amadou, elle reçut un appel inattendu.
— Nafi, c’est Amadou. Vous avez une minute ?
Sa voix, calme mais autoritaire, la surprit.
— Bien sûr, monsieur Diouf. Que puis-je pour vous ?
— J’organise une réception privée ce vendredi soir, chez moi. Un petit rassemblement d’amis et de partenaires.
J’aimerais que vous soyez là.
Le silence qui suivit fut si long qu’elle réalisa trop tard qu’il attendait une réponse.
— Oh, je suis flattée, balbutia-t-elle en cherchant ses mots.
Mais… êtes-vous sûr que ma présence serait appropriée ? Je ne voudrais pas m’imposer.
Amadou rit doucement.
— Je n’invite jamais quelqu’un par politesse. J’espère vous voir là-bas. Je vous enverrai les détails.
Avant qu’elle ne puisse refuser, il avait raccroché.
Mamadou, lorsqu’il apprit la nouvelle, parut d’abord enthousiaste, puis inquiet.
— C’est une bonne chose qu’il t’intègre à son cercle, mais ça pourrait aussi devenir risqué. Les gens qu’il fréquente ne sont pas du genre à se laisser berner facilement.
— Tu veux que je refuse ? demanda Nafi, hésitante.
— Non. Tu ne peux pas refuser. Il faut juste qu’on prépare tout à la perfection. Il faut que tu sois irréprochable.
Les jours précédant la réception furent une course effrénée.
Mamadou utilisa ses contacts pour découvrir qui serait présent, quels sujets seraient abordés, et même les goûts vestimentaires de l’élite que Nafi allait côtoyer.
Le soir venu, elle enfila une robe élégante mais sobre, d’un vert profond qui mettait en valeur son teint. Ses cheveux, relevés en un chignon sophistiqué, étaient ornés de quelques perles discrètes. Elle était prête, ou du moins elle essayait de s’en convaincre.
La résidence d’Amadou était un chef-d’œuvre d’architecture moderne. Située dans un quartier huppé de Dakar, elle surplombait l’océan, offrant une vue imprenable sur les vagues qui se brisaient contre les rochers en contrebas.
En entrant, Nafi fut accueillie par un majordome, puis escortée dans un salon spacieux où une vingtaine de personnes discutaient en petits groupes. Amadou, vêtu d’un costume noir impeccable, la repéra immédiatement.
— Madame Diagne, vous êtes ravissante, dit-il en s’approchant d’elle, un verre de champagne à la main.
— Merci, monsieur Diouf. Votre maison est magnifique, répondit-elle, feignant l’admiration.
— Laissez-moi vous présenter à quelques amis.
Amadou la guida à travers la pièce, lui présentant des hommes et des femmes influents : des investisseurs, des politiciens, et même un célèbre écrivain. Chaque présentation était soigneusement orchestrée, mais Nafi remarqua que certains regards semblaient peser sur elle un peu trop longtemps.
Un homme en particulier, grand et élégant, avec des cheveux grisonnants, l’observait avec une intensité troublante.
Amadou, remarquant son intérêt, sourit.
— Ah, je vois que Monsieur Diallo a déjà remarqué notre charmante invitée.
Monsieur Diallo lui tendit la main, son sourire énigmatique accentuant le mystère qui émanait de lui.
— Enchanté, Madame Diagne. Vous êtes consultante, si j’ai bien compris ?
— Oui, en effet, répondit-elle en lui serrant la main.
— J’aimerais beaucoup en savoir plus sur votre travail.
Peut-être pourrions-nous discuter un peu plus tard ?
Nafi acquiesça avec un sourire poli, mais intérieurement, elle sentit une tension monter. Ce genre de soirée était censé être une simple étape dans le plan, mais elle commençait à comprendre que chaque interaction pouvait devenir un piège.
Amadou, lui, semblait apprécier de l’observer évoluer parmi ses invités. À un moment, alors qu’elle riait doucement à une remarque anodine de l’écrivain, elle croisa son regard. Il la fixait avec une intensité qui la fit frissonner.
Plus tard dans la soirée, alors que la plupart des invités s’étaient dispersés dans les différentes pièces de la maison, Amadou la retrouva près de la baie vitrée.
— Alors, que pensez-vous de mes amis ? demanda-t-il, son ton léger mais son regard sérieux.
— Ils sont fascinants, répondit-elle. Chacun semble avoir une histoire à raconter.
— Et vous, Madame Diagne ? Quelle est votre histoire ?
Le cœur de Nafi se serra. Elle savait que ce genre de question n’était jamais posé innocemment.
— Oh, mon histoire est bien ordinaire, comparée à celle de vos amis.
Amadou esquissa un sourire, mais ses yeux semblaient chercher quelque chose au-delà de ses mots.
— Je doute que vous soyez aussi ordinaire que vous le prétendez.
Le silence qui suivit fut lourd, mais Nafi se força à soutenir son regard.
— Et si je préférais rester un mystère, monsieur Diouf ?
murmura-t-elle finalement, un sourire énigmatique sur les lèvres.
Amadou éclata de rire, un rire sincère qui résonna dans la pièce vide.
— Alors je suppose que je devrai prendre le temps de vous découvrir.
Mais alors qu’il s’éloignait pour répondre à un autre invité, Nafi sentit une étrange sensation l’envahir. Amadou jouait peut-être son propre jeu, et elle n’était pas sûre d’en connaître toutes les règles.
Les jours suivants, Nafi tenta de rester aussi discrète que possible. Les sorties se faisaient de plus en plus fréquentes, et Amadou continuait à la chercher, sans jamais se douter du plan qu’elle tissait autour de lui.Pourtant, chaque rencontre avec lui laissait une empreinte sur elle. Elle se retrouvait à mentir et à manipuler, à jongler avec ses sentiments et sa mission, tout en essayant de garder son masque intact.Un après-midi, alors qu'elle venait de rentrer après une autre rencontre avec Amadou, elle trouva sa mère dans la cuisine, occupée à préparer le repas du soir. Les arômes d’épices et de riz embaumaient la pièce, et l'atmosphère était chaleureuse, familière. Mais il y avait quelque chose dans l’air qui rendait l’instant un peu plus tendu que d’habitude."Tu es sortie encore ce matin, Nafi," dit sa mère, sans lever les yeux de sa tâche. "Tu ne m'as pas dit où tu allais. C'est presque tous les jours, maintenant. Il faudrait peut-être me dire ce que tu fais à l'extérieur,
La soirée avançait lentement, chaque minute semblant suspendue dans l'air. Nafi s’efforçait de rester calme, malgré l’agitation qui bouillonnait en elle. Amadou semblait plus détendu maintenant qu’il avait pris place sur le canapé, un verre de jus à la main. Il l’observait, comme s’il attendait qu’elle se confie. Mais Nafi savait qu’elle devait rester maîtresse de la situation, ne pas laisser tomber le masque qu’elle avait mis tant d’efforts à construire."Je trouve cet endroit... particulier," dit-il, balayant la pièce du regard. "Il y a quelque chose de mystérieux, de calme.C’est comme si cet appartement avait son propre caractère."Nafi sourit, répondant avec une légèreté étudiée. "C’est un endroit que j’apprécie beaucoup. Il m'apporte latranquillité que je recherche." Elle marquait une pause, luttant contre l'envie de tout dévoiler. "J’aime bien ça me permet d’échapper au quotidien, prendre du recul."Amadou la fixait, son regard plus pénétrant qu’auparavant, cherchant à percer
Les jours suivants la soirée au yacht-club, Nafi se retrouvait submergée par les événements. Chaque interaction avec Amadou, chaque regard qu'il posait sur elle, semblait lui rappeler à quel point son jeu devenait risqué. Elle savait que chaque pas qu'elle faisait vers lui la rapprochait du moment où elle devrait dévoiler la vérité, mais elle n'était pas encore prête.Ce matin-là, alors qu'elle se rendait au marché pour acheter des légumes, son téléphone vibra. C'était Amadou. Elle hésita un moment avant de répondre."Nafi, j’aimerais venir chez toi ce soir. Nous avons beaucoup à discuter, et je pense qu’il serait préférable de le faire en toute intimité. Dis-moi quand ça te conviendrait."Un frisson parcourut son corps. Elle savait que recevoir Amadou chez elle était tout simplement impossible. Non seulement l'endroit était trop modeste, mais il risquait de découvrir qu'elle n'était pas la femme qu'elle prétendait être. Elle n'avait ni l'appartement chic, ni la vie qu'il pensait qu'
La soirée battait son plein, et pourtant, Nafi se sentait de plus en plus étrangère au milieu de cette élite sénégalaise. Les conversations raffinées, les rires maîtrisés, les regards échangés… Tout semblait parfaitement orchestré. Mais sous cette apparence lisse, elle percevait des tensions invisibles, des sous-entendus qui lui échappaient parfois.Alors qu’elle tentait de se mêler à un groupe discutant d’investissements dans les énergies renouvelables, une main légère se posa sur son bras. Elle se retourna pour découvrir Monsieur Diallo, cet homme aux cheveux grisonnants qui l’avait abordée plus tôt.— Madame Diagne, pardonnez-moi de vous interrompre. Puis-je vous emprunter un instant ?Les autres s’écartèrent avec politesse, et Nafi se retrouva seule face à lui. Monsieur Diallo l’entraîna vers un coin plus tranquille de la pièce, près d’une sculpture imposante représentant une pirogue en bois.— Alors, dites-moi, madame, qu’est-ce qui vous a conduit à collaborer avec ces fameuses
Les jours qui suivirent leur rencontre au café furent marqués par une série d’échanges subtils entre Nafi et Amadou. Ils s’appelaient parfois, échangeant des banalités et quelques anecdotes personnelles. Chaque conversation semblait renforcer le lien entre eux, mais Nafi sentait qu’Amadou ne se livrait jamais complètement.De son côté, elle jouait parfaitement son rôle. Mamadou l’aidait à préparer chaque détail, chaque réponse, chaque geste. Pourtant, malgré son calme apparent, Nafi sentait un poids croissant sur ses épaules. Le jeu devenait de plus en plus complexe.Un matin, alors qu’elle se préparait à sortir pour un rendez-vous fictif qu’elle avait mentionné à Amadou, elle reçut un appel inattendu.— Nafi, c’est Amadou. Vous avez une minute ?Sa voix, calme mais autoritaire, la surprit.— Bien sûr, monsieur Diouf. Que puis-je pour vous ?— J’organise une réception privée ce vendredi soir, chez moi. Un petit rassemblement d’amis et de partenaires. J’aimerais que vous soyez là.Le
Nafi passa les jours suivants à réfléchir à sa prochaine étape. La carte de visite d’Amadou Diouf trônait sur la petite table de sa chambre, à côté d’une tasse de thé refroidie. Elle la fixait, le regard chargé d’un mélange d’appréhension et de détermination.Mamadou lui avait conseillé d’attendre avant de le contacter.— Tu ne veux pas avoir l’air trop pressée, cousine. Les hommes comme lui aiment les défis. Laisse-lui croire que c’est lui qui te cherche, pas l’inverse.Elle suivit son conseil, mais l’attente n’était pas simple. Chaque soir, elle repassait dans sa tête leur conversation au club. Elle se demandait si elle avait dit quelque chose qui aurait pu trahir ses intentions. Amadou était intelligent, cela se voyait dans son regard perçant. Mais il semblait aussi curieux d’en savoir plus sur elle.Un matin, alors qu’elle sirotait son café dans la cour, Mamadou arriva avec un sourire triomphant.— Bonne nouvelle, Nafi. Je crois qu’il t’a trouvée intéressante. Il a demandé à que