Chapitre 4

Le silence s'épaississait derrière la porte, sans même la moindre réponse glaciale.

Les minutes s'étiraient, et alors que le désespoir menaçait de m'engloutir, un grincement s'est fait entendre. Mais ce n'était pas Gwenaël qui se tenait devant moi, c'était Myriam, le visage empreint d'une étrange complexité. D'une main, elle poussait ma valise soigneusement préparée ; de l'autre, elle tenait mon téléphone tombé au sol.

Elle m'a tendu les deux objets en murmurant : « Je croyais à un jeu de séduction, mais tu comptais vraiment partir ? »

À cet instant, une vague de gratitude a submergé mon cœur pour cette ancienne rivale. Sans elle, j'aurais probablement passé les derniers jours avant ce maudit mariage enfermée dans cette chambre.

Mon regard a balayé le salon : aucune trace de Gwenaël, seulement un repas encore fumant sur la table. Myriam devait être venue m'apporter à manger sur son ordre.

Soulagée, j'ai attrapé mes affaires et me suis dirigée vers la sortie. En passant devant elle, j'ai hésité une seconde et a fini par lui dire : « Merci à toi. »

Elle a éclaté d'un rire cynique : « Pourquoi me remercier ? Je me réjouis de ton départ. Tu sais ? Je suis enceinte. »

Stupéfaite, je l'ai regardée sortir son téléphone et m'exhiber un examen prénatal déjà photographié : « C'est l'enfant de Gwenaël. Je refuse qu'il naisse dans l'ombre. Sans toi, nous serions déjà mariés. C'est pour ça que je t'avais envoyé ces messages. »

« Je ne pensais pas que tu prendrais conscience de la réalité si vite. Tu l'aimais donc à ce point... »

Son sourire enjôleur trahissait une nuance de pitié là où brûlait autrefois la jalousie dans ses messages provocateurs.

Mes yeux se sont posés sur son ventre légèrement arrondi. Aucun commentaire ne m'est venu.

Elle devait croire que j'aimais Gwenaël au point de m'effacer pour son bonheur. Mais si j'avais su dès le début qu'il avait une première histoire d'amour... Jamais je n'aurais accepté ce mariage. Mon père, sur son lit de mort, lui avait seulement demandé de prendre soin de moi, pas de m'épouser.

À cette pensée, j'ai senti le besoin de la corriger : « C'est lui qui, pour obtenir mes actions, a caché votre relation et m'a manipulée pas à pas. Je ne suis pas l'intruse dans votre histoire, tu te trompes de cible. »

Myriam a agité la main avec désinvolture, arborant un sourire de vainqueur. Sa réponse est tombée à côté : « Tu as remboursé à Gwenaël l'argent des actions, et tu oses prétendre ne pas l'aimer ? »

« Une femme comprend une femme. Peu importe, mon but est atteint. J'épouserai Gwenaël. Tournons la page de nos différends. »

Refusant d'écouter plus longtemps ce monologue triomphant, je me suis dirigée vers la porte. Mais à peine avais-je fait un pas qu'elle m'a saisi le bras, balayant d'un coup les derniers restes de ma gratitude.

« Lâche-moi ! » ai-je lancé d'un ton glacial. Sans sa grossesse, je l'aurais repoussée sans ménagement.

Myriam, feignant d'ignorer mon irritation, a sorti une carte bancaire qu'elle m'a fourrée dans la main : « Je m'inquiète pour toi, sans un sou à l'étranger. Voici 20 mille euros. Prends-les et ne reviens JAMAIS ! Compris ? »

J'ai inspiré profondément, levant les yeux avec exaspération. Son expression de bienfaitrice a mis le feu aux poudres et ma colère a explosé immédiatement.

D'un geste vif, je lui ai asséné une gifle cinglante, avec toute ma force !

Elle a poussé un cri perçant. Alors qu'elle s'apprêtait à riposter, son regard a accroché Gwenaël qui arrivait en hâte. Changeant instantanément de tactique, elle a porté la main à sa joue et s'est effondrée au sol avec une théâtralité parfaite :

« J'ai mal au ventre ! Aïe ! Gwenaël, au secours ! »

Les sourcils froncés, je ne comprenais pas ses intentions, jusqu'à ce qu'une force brutale me repousse violemment. La poussée était si forte que, déséquilibrée et gênée par ma lourde valise, je suis tombée à mon tour.

Une douleur aiguë dans les lombes m'ont fait blêmir instantanément. Mais Gwenaël est passé devant moi sans un regard, trop occupé à soulever Myriam avec une sollicitude et une nervosité frénétique. Quand il est repassé près de moi, ses yeux ne se sont même pas arrêtés sur ma silhouette.

J'ai compris alors qu'il était au courant pour sa grossesse.

Mais leurs histoires ne me concernaient plus.

Me relevant péniblement, je me suis massé les reins endoloris avant de descendre prudemment et de héler un taxi pour l'aéroport.

Malgré ma hâte, ma blessure a ralenti mes mouvements. J'ai raté mon vol et ai dû en reporter un autre. Après m'être soignée avec une pommade, j'ai trouvé un siège relativement confortable pour passer la nuit sur place. J'en ai profité pour transformer mon visa court séjour en un visa long durée, car je ne comptais pas revenir de sitôt.

Le lendemain, à l'aube, mon téléphone a sonné au moment d'embarquer.

« Bonjour, vous êtes Mme Sonia Duret ? »

« Oui, c'est moi. »

« Nous vous contactons car un donneur compatible pour votre greffe cardiaque a été identifié. Pourriez-vous vous rendre d'urgence au pays M ? »

J'ai contemplé le numéro inconnu, perplexe : « Vous ne faites pas erreur ? Je n'ai pris aucun rendez-vous là-bas. »

« Connaissez-vous Thibaud Duret ? »

Mon souffle s'est bloqué. « C'était mon père. »

« C'est lui qui nous a chargés de ces recherches. Étant donné la rareté de votre cas, cette opportunité est exceptionnelle. »

Après une courte communication, j'ai raccroché, submergée par une vague d'émotion. Puis, résolue, j'ai franchi la passerelle d'embarquement sans me retourner.