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Au revoir, ma vie antérieure misérable !
Au revoir, ma vie antérieure misérable !
Auteur: L’insouciant

Chapitre 1

Le 14 février, jour de la Saint-Valentin.

Julie Dubois, âgée de 31 ans, a perdu sa bataille contre le cancer.

Une odeur âcre d’eau stérilisée emplissait les couloirs de l’hôpital de Paix de Rouen.

« Roland, aujourd’hui, je passe une séance de dialyse pour fixer l’aiguille. C'est tellement douloureux. »

« Je suis en train de mourir, peux-tu me rendre visite ? »

« Je t’en prie, Roland... »

Julie inclinait faiblement la tête, scrutant la boîte de dialogue sur l’écran de son téléphone : Elle avait envoyé plusieurs messages à cet homme, mais ils semblaient se perdre dans le néant, sans réponse...

Allongée, une perfusion au bras, son visage était pâle et émacié. Ses yeux étaient enfoncés et cernés, et le cancer affecte gravement ses membres. Elle se sentait totalement impuissante, abandonnée à son sort. Même l’infirmière qui s’occupait d’elle n’était pas venue la voir depuis deux semaines, estimant que dans son état actuel, les traitements ne servaient plus à rien.

En réalité, elle était une femme d’une grande délicatesse, terriblement effrayée par la douleur. Pourtant, elle avait supporté la douleur d’un cancer en phase terminale, et sa seule raison de vivre était l’amour qu’elle ressentait pour Roland Bernard.

Mais après la perte de cet amour, il ne restait d'elle qu’un corps fragile et malade.

Julie a éteint son téléphone portable, plongée dans le désespoir et attendant silencieusement la fin de sa vie.

La douleur l'envahissait. Allongée sur son lit, elle repensait avec amertume à ses huit années de mariage avec Roland. À l’époque, elle avait surmonté tous les obstacles et ignoré toutes les objections pour l’épouser. Après le mariage, elle avait tout donné pour être la parfaite épouse, le soutenant de tout son cœur et de toute son âme. Mais que lui avait-il donné en retour ?

À présent, tous ses amis et sa famille l'avaient abandonnée, la laissant dans la pauvreté et la désolation.

Elle pensait que Roland serait peut-être plus heureux après sa mort car il serait enfin libre. Il n’aurait plus à voir son visage marqué par la maladie et pourrait épouser Inès Gauthier, comme il le désirait tant.

Huit mois plus tôt.

Le jour de l’anniversaire de Roland, Julie était assise sur le canapé, attendant son retour jusqu’à deux heures du matin.

Sur la table, les plats qu’elle avait soigneusement préparés avaient refroidi. Mais ce qu’elle attendait, ce n’était pas son homme, mais un accord de divorce envoyé par son assistant.

Ce dernier lui a dit avec dépit : « Madame, ne blâmez pas M. le directeur. Comme vous le savez, la famille Bernard et ses entreprises ont besoin d'un héritier. »

Julie, le visage pâle, affichait un sourire narquois.

En réalité, quelques années auparavant, elle avait été enceinte. Mais un accident survenu lors de sa grossesse lui a fait perdre son bébé, lui volant ainsi son droit d’être mère : son utérus, endommagé, l’empêchait désormais de concevoir.

Roland, dans la trentaine, voulait devenir père, mais elle ne s’attendait pas à ce qu'il veuille divorcer et trouver une autre femme capable d’enfanter.

Julie a congédié l’assistant et a appelé Roland d’une main tremblante. Elle ne voulait pas leur divorce lui soit annoncé par quelqu’un d’autre. Elle souhaitait que Roland le lui dise en personne.

Elle a réussi à joindre Roland, mais au bout du fil, c’était la voix d’Inès qu’elle entendait.

À cet instant, une douleur fulgurante a envahi son corps, comme si on lui plantait un couteau dans le cœur.

Elle n’a dit rien et a immédiatement raccroché le téléphone. Puis, elle a éclaté de rire, nerveusement, les larmes coulant à flots.

Le père de Roland lui avait confié l’entreprise avant sa mort et, en moins de cinq ans, ce jeune homme est devenu le président exécutif du Groupe Super-Nard. Il s’est totalement investi dans le monde des affaires, a obtenu un immense succès et a développé un vaste réseau tant dans le monde politique que dans le milieu mafieux.

Un homme aussi remarquable attirait toujours l’attention de toutes sortes de femmes, quelles qu’elles soient. Parmi toutes celles qui ont croisé sa route, seule Inès Gauthier est restée à ses côtés pendant de nombreuses années. Elle venait d’une famille ordinaire et était devenue l’assistante de Roland après avoir obtenu son diplôme universitaire. Tout le monde avait pu constater sa force et ses compétences.

Beaucoup ont pensé que Roland et elle étaient des âmes sœurs, qu’ils formaient un beau couple.

Si Julie n’était pas apparue dans sa vie au départ, ces deux-là se seraient peut-être mis en couple il y a bien longtemps, au lieu d’avoir une liaison depuis toutes ces années.

En pensant à cela, Julie a poussé un profond soupir : un mariage dépourvu d’amour, quelle tragédie !

Elle a fini par apposer sa signature sur les papiers du divorce. Selon le contrat, elle pouvait recevoir une somme d’argent considérable, mais était bannie à jamais de Rouen, ne pouvant y revenir que sur l’autorisation de son ex-mari.

Parfois, la vie est une succession de drames. Une semaine seulement après son divorce, un diagnostic implacable lui est tombé dessus : elle avait un cancer en phase terminale.

Soudain, un bruit a retenti, comme un coup de feu.

C’était la Saint-Valentin et, à l’extérieur, des feux d’artifice splendides illuminaient le ciel.

Julie est sortie de ses pensées, a ouvert les yeux et a contemplé le spectacle par la fenêtre. Son visage, pâle comme du parchemin, s’est figé instantanément.

Sur l’immense écran LED, Roland, vêtu d’un élégant costume noir, se tenait droit. Sa stature imposante captivant tous les regards. Il semblait noble et distingué, tel un prince du XVIIIe siècle. Son visage d’une grande beauté dégageait également une sérénité impressionnante propre à un homme de la haute société.

Il tenait dans une main un petit garçon âgé de cinq ou six ans, dont les traits rappelaient fortement les siens. De l’autre main, il étreignait Inès.

Des questions fusaient de la foule : « M. Bernard, est-ce là votre enfant avec Mlle Gauthier ? » « Mlle Song est si ravissante aujourd’hui ! Après une longue attente, pourriez-vous nous dire quand votre mariage sera célébré ? »

Inès, qui était tenue dans les bras de l’homme, a relevé doucement la tête, arborant un sourire radieux. Elle exhibait fièrement la grosse bague en diamant ornant sa fine main. « Dorénavant, appelez-moi Mme Bernard. Aujourd’hui, nous avons déjà officialisé notre union. »

Nous avons déjà officialisé notre union… ces mots résonnaient dans la tête de Julie comme une bombe, elle a fermé les yeux tandis que des larmes coulaient enfin.

« Roland, je regrette ! Si seulement je ne t’avais jamais aimé !  Si seulement tout pouvait recommencer... Je ne me laisserais plus jamais prendre par ton charme... »

Dehors, une neige légère comme des plumes d’oie tombait silencieusement, accompagnée par les éclats des feux d’artifice qui illuminaient le visage de Julie à travers la fenêtre, ses yeux reflétant leur splendeur.

C’est ainsi que Julie s’est éteinte, le jour du mariage de Roland et d’Inès.

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