Mag-log inDianeLe matin vient non pas comme une aube, mais comme une sentence.La lumière qui se faufile entre les lattes des volets est grise, implacable. Elle ne réchauffe rien. Elle expose. Elle découpe les contours de la pièce, les vêtements en lambeaux sur le parquet, le silence épais entre les deux corps qui ne se touchent plus.Je suis éveillée depuis longtemps, allongée sur le côté, les yeux ouverts. Je sens le vide derrière moi, là où Liam a fini par s’allonger aux petites heures, à une distance calculée. Je sens aussi les échos dans ma chair. Une courbature profonde, familière et étrangère. Un souvenir physique inscrit dans mes muscles, entre mes cuisses, sur la peau sensible de mon cou. Ce n’est plus de la douleur. C’est une carte. Un manuel d’instruction gravé à même mes nerfs.Sans un bruit, je me lève. Les planches du parquet sont glaciales sous mes pieds nus. Je contourne le lit, évitant de regarder la silhouette immobile ensevelie sous les draps. Je passe devant le miroir et n’
DianeLa cage de mes côtes ne contenait plus qu’un oiseau fou, battant des ailes contre ma chair, cherchant une issue. Ma peau était un parchemin en feu, chaque centimètre marqué par lui, par la salive, les morsures, la sueur.Putain.Le mot tournait dans ma tête, syncopé au rythme de ses coups. C’était la seule prière qui me restait. Une obscénité jetée à la face de tout ce qui avait été doux, tout ce qui avait été Liam.Parce que ce n’était plus Liam. Ce n’était plus l’homme aux mains tendres, au rire facile. C’était une créature née de ma propre trahison et de sa rage refoulée. Une vengeance qui prenait chair entre mes cuisses.Le mur contre lequel il me tenait claquait, un son creux et humide qui scandait notre chute. La tapisserie ancienne frottait contre mon dos, éraflant la peau. La douleur était un aiguillon de plus, un fil électrique qui se branchait directement sur le noyau brûlant entre mes jambes.— Tu aimes ça, hein ? Aimer être baisée comme ça ?Sa voix était du gravier
DianeLe marbre froid du sol de la salle de bain pénètre mes genoux, mais la sensation est lointaine, engourdie. Tout est engourdi, sauf cette chose brûlante et acérée qui bat derrière mon sternum. La Haine. Elle a un goût de métal et de cendres. Elle a le visage de Dimitri Volkov.Mes doigts se crispent sur le bord de la vasque. J’ai essayé de m’enfuir. Une tentative désespérée, puérile, conçue dans la panique de cette journée. J’avais un plan, un contact, une route vers la liberté. Ou vers Liam. C’était la même chose, dans ma tête. Liam, c’était la liberté. La douceur, la normalité, un amour qui ne laissait pas d’empreintes bleues sur la peau.Volkov l’a su avant même que je ne bouge. Il avait anticipé chaque pas. Le chauffeur « complice » était à sa solde. La voiture qui devait m’emmener à l’aéroport s’est arrêtée devant les grilles de la propriété moscovite, et l’homme a simplement tourné la tête, un sourire navré aux lèvres.— Monsieur Volkov vous attend, madame.Il attendait. Co
Dimitri VolkovLe silence de ma suite , après son départ, est plus éloquent que n’importe quel tumulte.Je reste près de la grande baie vitrée, les mains dans les poches de mon costume. Je contemple la ville étincelante qui s’étale à mes pieds. Mon empire. Un réseau de lumières et d’ombres que je contrôle d’un simple mot. Pourtant, l’écho le plus vif en ce moment n’est pas celui de mes conquêtes. C’est celui d’un claquement de talons furieux dans le couloir, suivi d’un silence de mort.Diane.Je ferme les yeux un instant, et je la revois. Pas telle qu’elle est partie, humiliée et tremblante. Mais telle qu’elle était dans l’instant qui a précédé la rage. Ce feu dans son regard vert. Cette insolence magnifique qui défiait toute logique. Le goût de ses lèvres, d’abord surprise, puis furieusement résistantes, persiste sur ma langue comme un vin capiteux.Un sourire lent étire mes lèvres.Elle a essayé de me frapper. Une deuxième fois.L’audace est… enivrante. Aussi enivrante que sa stupid
Diane Sa limousine m'attend devant , je monte accompagné de Liam .La limousine glisse dans les rues de la ville, un cocon de silence et d’acier. La nuit, à travers les vitres teintées, n’est qu’un flou de lumières étirées, comme si le monde extérieur fuyait, indifférent à l’effondrement qui a lieu à l’intérieur.Je regarde mes poignets. Les empreintes digitales de Volkov sont déjà visibles, des cercles violacés qui encerclent ma peau fine. Des médaillons de ma défaite. La douleur sourde qui en émane est un rappel constant : prévisible, maîtrisable, punissable. Sa voix résonne encore dans mon crâne, froide et implacable.Mon père, assis en face de moi, n’a pas prononcé un mot depuis que nous avons quitté le repaire du dragon. Son regard, fuyant, s’est accroché une fois à mes mains, puis s’est détourné, préférant contempler le néant urbain. Son silence est plus éloquent qu’un réquisitoire. C’est une abdication. Une ratification de la nouvelle loi : celle de Volkov.Mais c’est Liam, as
DianeJe suis déjà sur lui.La rage est un voile rouge devant mes yeux. Je lance mon bras en arrière, toute la force de mon corps, de mon humiliation, concentrée dans la paume de ma main. Je veux l’effacer. Effacer ce sourire, ce baiser, cette certitude absolue.Cette fois, la trajectoire est plus courte, plus violente. Je suis trop proche, trop rapide.Mais lui l’est encore plus.Sa main n’est pas un éclair. C’est un mur. Elle se lève, intercepte mon poignet à quelques centimètres de son visage avec une précision qui en est presque obscène. L’impact de sa prise est brutal. J’entends presque le craquement de mes os se comprimant sous ses doigts. La douleur, vive, immédiate, me fait hurler de surprise plus que de mal.— Ah !Je suis prisonnière, figée dans ce geste de révolte avorté. Mon bras tremble, tenu en l’air par une force irrésistible. La souffrance au poignet est aiguë, clarifiante.Il ne dit rien. Il me regarde, son visage à présent complètement fermé. La froideur qui en émane







