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CHAPITRE 06

BRI, LA FILLE DU MAFIEUX

CHAPITRE 06

Marmara

Je viens d'arriver dans notre lieu de regroupement. Je suis Évangéliste, je parle de Dieu à ceux qui ne le connaissent pas, ceux qui sont essoufflés, qui ne savent pas à qui se confier.

J'aime cette vie que je mène. J'ai trouvé la paix dans les bras du Dieu d'amour, du Dieu de toutes les situations, du Dieu des miracles.

J'ai pu trouver mon réconfort avec Lui et il me comble de ses grâces abondantes et sans contrepartie.

J'ai pu très difficilement me rendre chez mes parents après plusieurs années. La honte me rongeait mais j'ai pris mon courage à deux mains. Ils n'ont pas cessé de me dire de rentrer en contact avec Bri. Ce que j'ai finalement fait avec beaucoup de courage.

J'ai foi. Il agira dans le cœur de Bri. Elle saura me pardonner. Dieu est amour et miséricorde. 

J'ai été lâche, oui j'ai fui. J'ai fui devant les épreuves de la vie. Je regrette amèrement. 

Une amie évangéliste se dirige vers moi. 

-Marmara, comment tu vas ? Tu as l'air tourmentée.

- Je vais bien, j'ai eu une entrevue difficile avec ma fille.

-Ta fille que tu n'as pas revue depuis vingt-trois ans?

-Oui, c'est elle.

-A ce que je vois ça ne s'est donc pas bien passé.

-Effectivement, ça s'est très mal passé. Je la comprends, ce n'est pas facile. 

-Tu sais, notre Dieu est amour. Il se chargera d'essuyer tes larmes. 

-J'en suis consciente.

-Voilà. Il y a des fidèles qui attendent l'enseignement. Viens, on ira faire l'enseignement biblique. 

Je la suis.

Tony

Dans quelques jours le déchargement aura lieu. Je compte sur ma fille. Elle sait gérer ce genre de situation  à la perfection. Accompagné du petit Marco, ils feront certainement un duo de choc.

Sur mon ordinateur, je peaufine les derniers détails : la confirmation du lieu de déchargement et le virement.

Les yeux fixés sur l'élément décoratif sur mon bureau. Je réfléchis à ma vie, à tout ce que j'ai construit.

Je suis fier d'être là où je suis aujourd'hui. Je ne dois rien à personne. J'ai été courageux et stoïque. 

Mes pensées basculent sur Marmara. Ah Marmara ! Mon amour de jeunesse. Elle m'a aimé d'un amour vrai et sincère et moi aussi d'ailleurs. On a été ensemble le temps où construire une famille faisait partie de mes priorités. Mais construire une famille n'importe quel imbécile saurait le faire .  Mais la nourrir ? En prendre soin!? Il faut beaucoup d'argent, et l'argent c'est l'amour de sa famille qui aide à le trouver. 

Je repense à cette époque de ma vie et je suis soudainement comme hypnotisé par le passé.

Le bémol c'est qu'elle n'avait pas la même vision des choses que moi. 

Elle ne voulait pas prendre de risques. Elle préférait cette vie monotone et sans saveur. Ce n'était pas mon cas. J'en voulais plus, toujours plus. Les soirées sous la chemin dans le séjour, le ventre à peine rempli ne me suffisaient pas. 

Je me demande quelle vie on aurait eu aujourd'hui si je l'avais écouté.

Pii,pii. 

Auriana entre dans mon bureau.

Auriana c'est ma nouvelle compagne depuis quelques mois.

Auriana est blonde. Je l'observe se diriger vers moi. Elle arbore une coupe carré, elle porte une jupe minue avec de longues bottes qui dépassent son genou. Elle a un haut transparent, accompagné d'une fourrure de couleur mauve. Elle tient dans sa main son téléphone et de l'autre un de ces nombreux sacs qui valent les yeux de la tête.. Son maquillage est un peu trop. Elle ressemble à une caricature. Mais au vingt et unième siècle elles sont toutes comme ça. Les femmes naturelles et sans artifice sont très rares. Elles sont presque  inexistantes.

Elle s'approche de moi et me fait une bise bruyante.

Auriana(d'une voix suave): mon cœur, ça va ?

Moi: oui princesse ça va.

Auriana : t'es vraiment occupé à ce que je vois.

Elle a les yeux braqués sur la pile de dossiers papier qui étouffe mon bureau.

Moi: oui effectivement.

Auriana : je me disais qu'on aurait pu sortir quelque part. C'est la fin de semaine quand même.

Moi: … vois-tu je suis vraiment occupé et….

Elle me coupe

Auriana : oui je sais, tout le temps la même excuse. Je comptais aller au spa, passer faire du shopping…

Elle s'approche machinalement de moi tenant son téléphone dernier cri en main.

Auriana :... Regarde… les nouvelles mèches artificielles en vogue… ça te plairait pas de me voir autant à la mode?...et puis je me prendrai une belle lingerie juste pour toi... imagine tout ce que je pourrais te faire et tout ce que tu pourrais me faire également..

Elle continue par parler mais je ne l'écoute plus. Je pense à ce que Bri dit à propos d'elle. Elle pense qu'elle est fausse et joue un rôle. Elle pense qu'elle est uniquement intéressée par l'argent. Je commence par me demander si elle n'a pas raison finalement.

Elle me tapote l'épaule de ses longs doigts à la manucure de couleur rouge vive.

Auriana :. Bébé je te parle… tu ne m'écoutes pas…

Moi: ne vois tu pas que je suis en plein travail là ?

Auriana: oui mais ..

Moi:... Je suis en train de réfléchir à propos de nous… je pense à …

Je n'ai même pas fini qu'elle éclate déjà en sanglots. Je ne savais pas qu'elle avait des talents d'actrice aussi prononcés. Décidément Bri avait raison à propos d'elle.

J'ai passé l'âge de seulement m'amuser. J'ai besoin de plus. J'ai besoin d'une femme mature qui sait ce qu'elle veut, d'une femme qui saura m'apporter plus que du sexe.

J'ai besoin d'une femme qui sait soutenir un homme et qui saura le faire avancer par des conseils avisés et précieux.

Auriana (pleurnichant): ne me fais pas ça s'il te plaît. Je ne pourrai vivre sans toi…

Moi:... Je n'ai même pas fini.

Je change de tactique.

Moi:.. ces derniers temps je suis surchargé par le boulot. Je pense faire une pause. T'inquiètes rien de grave avec notre relation. Histoire de me préparer un temps soit peu à aller en vacances avec toi.

Elle se met à sourire.

J'essuie une larme sur sa joue.

Moi: Voilà chérie, tu n'as pas à pleurer.

Je me suis rendue compte que je ne pouvais pas rompre avec elle aussi facilement. J'allais l'éloigner tout doucement de moi et on verra la suite après.

Elle se lève.

Auriana: je te laisse travailler alors.

.. Euh, j'ai besoin d'argent pour tout ce que je t'ai dis.

Moi:oui je sais t'inquiètes. L'argent, ce n'est pas un souci. Je te fais un virement à l'instant.

Je m'exécute. Elle vérifie son téléphone et sourit. Elle me fait la bise.

Auriana : On se dit à tout à l'heure chéri. Bye.

Moi : Bye.

Je la regarde de dos. Elle a une démarche de mannequin.

Je reçois sur mon ordinateur le rapport des ventes au casino.

C'est un beau pactole.

J'ouvre une bouteille de vin pour célébrer cette fin de semaine fructueuse.

Tout seul je parle.

Moi: mine de rien, ce casino me rapporte quand même de l'argent apparemment.

Bri

Je rentre enfin chez moi.

J'ouvre la porte du séjour et tombe sur Angela qui nettoie la table à manger.

Moi: Angela, j'ai à te parler.

Elle devient tout paniquée.

Elle s'approche de moi

Angela : oui mademoiselle ?

Moi: Tu as remis mon numéro à ma mère, c'est bien ça ?

Angela : oui c'est bien ça. Je voudrais m'excuser auprès de vous pour le lui avoir remis sans votre accord au préalable. Ça fait des mois qu'elle insistait. 

Moi : je vois. Je veux connaître ta version des faits et je te prie à l'avance de ne pas me mentir.

Elle hésite un peu. 

Elle finit par se décider, dépose le torchon qu'elle tient en mains et s'assied face à moi.

Angela :  Au tout début, votre mère et moi n'étions pas vraiment proches. Nous avons grandi dans le même quartier. Elle était fille de pasteur et était toujours calme. Subitement elle a disparu du quartier. Les rumeurs circulaient sur elle, entre autres qu' elle aurait fugué. Tout le monde était surpris mais la vie reprit son cours. 

Cinq ans après, elle m'a écrit. J'ai été surprise de recevoir son message. Elle était déboussolée et cherchait quelqu'un à qui parler. Quelqu'un  à qui se confier.  J'ai été présente pour elle. Elle me racontait ce qu'elle vivait avec son mari. Je la consolais du mieux que je pouvais. Elle disait qu'elle ne voulait surtout pas que j'en parle à ses parents. J'ai tenu parole.

Elle prit la décision fatidique de vous laisser. Elle sentait sa vie menacée et ne savait plus quoi faire …

Elle s'interrompt.

Moi: mais continue. Je t'écoute. 

Je m'assois dans le fauteuil qui lui fait face.

Angela :.... Je l'ai soutenu et l'ai réconforté. Elle m'a demandé un dernier service : celui de me rapprocher de Monsieur Tony et de prendre soin de vous. Elle était désespérée. J'ai pas eu d'autre choix que d'accepter. Ce que je fais depuis plus d'une vingtaine d'années.

Moi: donc elle avait raison. Elle m'a abandonné parce qu'elle y était obligée ?

Angela : oui mademoiselle.

Moi : donc mon père était vraiment ce monstre ?

Angela : je n'en sais rien mademoiselle. Elle me racontait toutes ces choses également mais je n'étais pas sur le lieu pour vous le confirmer. Tout ce que je pourrais dire c'est qu'elle avait l'air de vraiment subir toutes ces atrocités.

Moi : Je vois. Merci.

Je me lève et elle poursuit.

Angela: Elle vous aimait plus que tout. Vous étiez son bijou. Si elle a pu vous abandonner c'est parce qu'elle y a été contrainte. J'en suis sûre.

Je scrute Angela sous toutes les coutures.

Angela : je vous prie encore de m'excuser. Je ne pouvais plus supporter de se voir se lamenter tous les jours. Je vous prie de ne rien dire également à votre père. Il sera très furieux contre moi.

Moi: Ne t'inquiètes pas. Je te donne ma parole.

Nous nous levons.

Elle part dans la cuisine et moi dans ma chambre.

Deux heures plus tard

Je descends dîner. 

Papa n'est pas encore là.

Je n'ai pas vraiment adopté de position sur cette histoire.

Et pour rien au monde je ne me retournerai contre mon père.

Il a peut être été cet homme là qu'ils décrivent par le passé mais celui que j'ai appris à connaître au fil de ces années c'est un homme intègre, altruiste et qui est prêt à tout pour moi sa fille.

J'ai décidé d'apprendre à connaître ma mère et construire une relation solide mais il me faut du temps.

Angela me sert mon dîner.

C'est appétissant.

Je me régale du mieux que je peux quand j'entends des talons aigus marteler le sol de notre maison.

J'avais déjà entendu le bruit d'un moteur mais je pensais que c'était papa.

Ça doit certainement être cette Auriana.

Elle apparaît dans l'entrée de la salle à manger. 

Nous nous regardons. Personne ne parle.

Auriana : tu ne me salue pas ?

J'éclate de rire.

Moi: tu es sérieuse là ?

Auriana: oui je suis sérieuse. Je suis la petite amie de ton père .

Moi: et ?

Auriana: et .. tu me dois respect. J'ai la trentaine . Je ne suis pas une adolescente comme toi.

Moi: Et si tu as la trentaine ? Tu n'as pas honte de sortir  avec un  homme qui pourrait être ton père? Regardes profiteuse, j'en ai vu défiler des tonnes comme toi dans cette maison, oui des tonnes. Aucune n'est restée. Tu sais pourquoi? Parce que vous êtes toutes fausses et êtes des filles intéressées. Tu es beaucoup trop artificielle pour mon père. Tout ce à quoi tu sers c'est à vider son compte en banque pour des parties de jambes en l'air. 

Auriana : moi intéressée ?

Moi: oui toi Auriana Sandoval. Je n'arrive pas à comprendre comment papa ne voit pas clair dans ton jeu. Où est ce qu'il a bien pu te trouver?

Auriana: écoutes tu ne me parles pas comme ça.

Moi: sinon quoi?

Elle s'approche de moi et lève la main pour me donner une gifle.

La voix de mon père se fait entendre dans la salle à manger.

Papa: que se passe t-il ici ? Auriana tu oses lever la main sur ma fille?

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