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CHAPITRE 05

BRI, LA FILLE DU MAFIEUX

CHAPITRE 05

Bri

Je suis bouleversée,sous le choc.

Elle revient après tant d'années et est très insistante à l'idée de me rencontrer. De plus, elle est juste là devant chez nous.

Je ne contrôle plus mes gestes, la curiosité l'emporte. Je cours, je dévale les marches, haletante Je n'ai même pas de chaussures.

Je ne réfléchis même pas vraiment, j'ai oublié de prendre une voiture.

Je reviens sur mes pas et prends n'importe quelle voiture. Cette fois si je ne m'attarde pas sur la marque.

Je conduis les mains moites glissant sur le volant.

L'un de nos gardiens, Thomas, m'ouvre machinalement. Il me parle mais je n'entends pas.

Tout juste après être sortie, je freine brusquement. Je descends et regarde de tous les côtés machinalement et là je la vois s'avancer : Elle a les cheveux longs et volumineux. Ses cheveux sont bruns comme les miens. Les yeux bleus, comme les miens. Je la regarde et la ressemblance me frappe machinalement. On dirait moi à 50 ans.

-Bri chérie !...

Elle hésite à s'approcher de moi ou non. 

Je reste loin d'elle

-Tu as tellement grandi…. Tu es devenue une belle jeune femme.

-Comment t'appelles tu?

Mon ton est dur et teinté de mépris.

-... Je m'appelle Marmara, je suis ta mère.

J'éclate de rire.

-Ma mère ? Tu es ma mère ? Et que faisais tu pendant toutes ces années loin de moi, je te signale que ça fait plus de 23 ans que tu m'as ABANDONNÉ. 

-Ne sois pas dure avec moi s'il te plaît…Je...J

Je la coupe d'un ton sec.

-Comment as tu eu mon contact ?

Elle hésite à répondre, comme si elle voulait protéger la personne.

-.. c'est … c'est Angela.

-Je vois. Et Pourquoi maintenant? Pourquoi tu apparais maintenant pour ruiner ma paix et ma quiétude. J'ai vécu difficilement durant toutes ces années. J'ai vécu SANS TOI.

-... Chérie, écoutes moi s'il te plaît….

-Non, tu n'as rien à me dire. Que veux-tu? De l'argent ? Une maison ? Une voiture ? …

-Ecoute ce que j'ai à te dire s'il te plaît.

J'étais tentée de la laisser là et de retourner sur mes pas. Mais j'avais besoin de réponses, toutes ces années j'ai vécu dans le flou. Papa ne m'a jamais répondu quoi que ce soit de concret. Il a toujours esquivé mes questions et a voulu compenser ma soif de réponses avec des cadeaux,avec l'argent. Le seul langage que j'ai connu c'est celui de l'argent.

Je reste muette. Elle commence.

-Ton père Tony et moi, c'était l'amour fou. J'avais vingt et un an à l'époque et lui vingt-trois. Nous nous aimons d'un amour fou. Ou plutôt je l'aimais d'un amour fou. Je suis tombée enceinte. Mes parents étaient furieux contre moi. Je les avais déçu. Je venais d'une famille très pieuse avec des principes et des valeurs.

Je l'ai avaient déçu. Mon père et ma mère ont quand même voulu me garder avec l'enfant. Ils ne voulaient pas de Tony. Je l'aimais trop pour m'imaginer séparée de lui. On a donc fui ensemble. 

La vie n'était pas toujours rose. Il était simple employé de bureau et moi une ménagère. Tony (elle regarde en l'air), Tony rêvait du luxe, mais du luxe exagéré. Il voulait vivre comme un empereur. Il avait soif de souveraineté.  Bien évidemment son pauvre salaire d'employé de bureau nous permettait difficilement de nous tenir. On avait des fins de mois très difficiles. Mais on s'en sortait quand même.

Puis vint ce soir où il rentra Tess joyeux tel un enfant qui avait découvert une mine d'or. Il me parla de substances illicites. Il voulait les commercialiser. J'ai été catégorique : non je ne voulais pas de ça. Une vie parsemée de peur, où nous devrions rester tout le temps sur le qui vive.

Il s'est mit en colère, qu'il ne voudrait pas d'une femme qui allait le retarder, que je n'avais pas d'autres choix que d'accepter.

Je n'ai pas changé de position.

Il a essayé de me convaincre par tous les moyens. Au début c'était par la douceur…… et puis il a commencé par boire: c'était le début de mon calvaire. 

Il rentrait saoul et me battait jusqu'à ce que je perde connaissance. 

Ma vie était dangereusement menacée. Je trouvais mon refuge dans les prières et dans les mains de Dieu. J'ai longuement prié et jeûné.

Pour me consoler je me disais qu'il allait changer. Ce n'était pas le Tony que j'ai connu ça.  Je me disais aussi que je méritais tout ça pour avoir désobéi à mes parents.

Je décidai donc de m'enfuir avec toi. 

J'avais fait nos bagages et je m'apprêtais à m'en aller. Mais il est rentré, il m'a vu te tenir par la main et les valises en main. 

Il t'a demandé d'aller dans la chambre. Il m'a entraîné dehors par les cheveux. Nous vivons dans un petit coin très reculé, il n'y avait personne aux alentours.

Ce jour il m'a battu comme jamais il ne l'avait fait. Il criait que je suis libre de partir mais pas avec sa fille.

Je le soupçonnais d'avoir commencé par ingurgiter ces substances toxiques. Je ne le reconnaissais plus.

J'ai trouvé le refuge dans les mains du Seigneur. Je n'ai pas cessé de prier jusqu'à ce que je prenne la plus douloureuse décision de ma vie : celle de partir sans toi. 

J'ai préféré prier de loin et veiller sur toi par mes prières..

Je ne peux plus supporter de l'écouter.

Bri : Non, c'est faux. Tu mens . Oui tu mens. Mon père n'est pas le monstre que tu décris.

Marmara: je ne le peints pas en noir pour me faire voir en bien mais je me dois de rétablir la vérité. Tu dois connaître la vérité.

Je la laisse là. Je démarre la voiture et roule en destination inconnue.

Marmara

Elle ne me croit pas. J'ai les larmes qui ruissellent sur mon visage.

Je ne me pardonnerai jamais le fait de l'avoir laissé dans les mains d'un monstre sans cœur. Il lui a lavé le cerveau.

Je tiens fébrilement mon sac sur la poitrine.

Je me rends compte que je suis seule devant cette gigantesque demeure et que Tony pourrait apparaître à tout moment.

Je me dépêche de quitter les lieux et remercie mon Dieu d'avoir permis que j'ai cette entrevue avec elle.

Bri

Pii,pii.

Un conducteur klaxonne furieux.

-Ça va pas la tête non? Regardez où vous allez.

Je me rattrape de justesse.

Je me gare sur le bas-côté. 

Ça fait près d'une dizaine de minutes que je conduis.

J'essuie rapidement les litres de larmes que j'ai coulés. Mon visage est tout bouffi et rouge.

Je décide  d'aller à la plage.

Le beach's restaurant est l'endroit idéal.

Je m'y rends.

Je me couche directement sans un tarmac. 

Le serveur vient. Il veut prendre ma commande mais je ne veut rien prendre. 

Bri:(au serveur): repassez dans trente minutes s'il vous plaît.

Il s'exécute.

Je repense à toutes ces dernières minutes. 

En me levant ce matin je n'avais pas prévu tout ce flot d'informations.

Mon père, un monstre ? J'ai beaucoup de mal à y croire. Elle ment sûrement. Elle veut se faire bien voir. Elle veut aussi peut-être de l'argent. Les gens sont prêts à tout pour de l'argent. Mon père n'a jamais cessé de me le répéter. La scène de tout à l'heure en est la preuve flagrante.

Je m'avance vers la mer. J'observe les vagues. La mer m'a toujours apaisée, petite, quand j'étais en colère ou de mauvaises humeurs,mon père m'y emmenait.

Le bruit sourd des vagues réussit à me calmer. Au loin, j'observe des adolescents qui nagent. Ah! L'insouciance, ces bambins ne savent pas la chance qu'ils ont.

Je pense que ça ne sera plus jamais le cas pour moi.

Près de vingt-cinq minutes , je reviens sur mes pas.

Je me recouche dans le tarmac et prend mon téléphone. J'ai besoin de discuter avec quelqu'un. Mais il n'y a personne.

Je téléphone à Ramona.

Elle décroche à la deuxième sonnerie.

Ramona : Chérie ça va ?

J'éclate en  sanglots. Je ne peux pas empêcher les larmes couler.

A l'autre bout du fil, je la sens paniquer.

Ramona : hey, hey, qu'il y a t-il?

Je ne réponds pas. Elle continue.

Ramona: .. t'as renversé quelqu'un ? Il est mort ?.... T'es enceinte ?... Mais réponds moi Bri… Je suis totalement en panique là.

Bri: Non,rien de tout ça.

Ramona: et quoi alors ?... T'es où ? Je te rejoins. 

Bri: Non, j'ai envie de rester un peu seule.

Ramona : d'accord mais qu'est ce qui se passe. Bon sang parle moi.

Bri: l'autre fois quand on étaient ensemble j'ai oublié de te dire….

Ramona : … quoi ?

Bri :.... Un numéro inconnu m'a texté en disant qu'elle est ma mère.

Ramona: Ta mère ? Ça doit être une fausse blague.. sûrement un pauvre con qui veut jouer avec tes nerfs. T'es la fille la plus convoitée de toute la Côte Est. Il y a des informations sur toi partout sur les réseaux sociaux. Tout le monde sait que ta mère a disparu depuis vingt-deux ans.

Bri: Non vingt-trois. Bah ce matin le même numéro m'a encore texté disant qu'elle est devant notre maison. 

Ramona : J'espère que t'es pas partie..

Bri : la curiosité l'a emporté et je suis partie.

Ramona : Et?

Bri: c'était elle.

Ramona : comment tu peux le savoir?

Bri : la ressemblance est flagrante. On a pas besoin de test de maternité pour en être sûr..

Elle étouffe un rire au bout du fil

Ramona: … Bri, les tests de maternité n'existent pas. On ne fait que des tests de paternité.

Bri :... Ah…

Ramona: elle a dit quoi?

Bri: en gros elle dit que mon père est un monstre et qu'il m'a séparé d'elle parce qu'elle ne voulait pas traîner dans les mêmes magouilles que lui.

Qu'elle a dû fuir parce que sa vie était menacée.

Ramona: et pourquoi elle n'a pas cherché à te voir depuis toutes ces années ? 

Bri: … je ne sais pas. Je n'ai pas voulu  entendre le reste. C'était trop à digérer pour moi.

Ramona : je te comprends chérie. Sache que je serai toujours là pour toi et que je te soutiendrai quelle que soit ta décision.  Tu sais dans la vie il y a toujours trois versions: celle d'une partie, celle de la seconde partie et LA VÉRITÉ. Donc tu dois chercher à connaître la vérité. Déjà tu ne peux pas demander à ton père parce qu'il ira certainement dans le sens opposé à ta mère. Tu ne pourras jamais connaître la vérité comme ça. Donc tu fais des recherches toi-même. Comment a-t- elle eu ton Contact ? 

Bri: elle dit que c'est Angela qui lui a donné.

Ramona: Angela ? Votre gouvernante ?

Bri: oui c'est elle.

Ramona(pensive): mais si ta mère était si toxique que ça elle ne lui aurait jamais donné.

Bri : ...oui tu as raison.

Ramona : En plus, elle a pris un risque en le faisant. Si jamais ton père apprend, elle ne risque pas seulement d'être renvoyée. Il lui fera des choses bien pires.

Bri: tu as raison.

Ramona: donc ce que je propose, vas écouter ce que Angela dit sur toute l'histoire, ça fera un autre avis. L'avis des personnes qui sont moins impliquées importe beaucoup. Souvent il peut y avoir du mensonge mais la vérité aussi s'y cache. Et Bri s'il te plaît laisse la rancune et la colère de côté puis essaye de faire la part des choses. Ça ne sert à rien de fuir tes problèmes comme tu en as l'habitude. Sois mature et fonce. 

Bri: je vais faire ça. Merci de m'avoir écouté.

Ramona : c'est rien chérie. Les amies sont faites pour ça. 

Bri: tu faisais quoi avant que je t'appelle.

Ramona: Ohh! rien de vraiment intéressant. J'examinais le crâne humain à la loupe.

Bri: Beurk! Vous, les étudiants en médecine, vous êtes trop chelou.

Ramona; mais je ne fais rien de grave. C'est le cours qui demande. C'est un devoir de maison en plus.

Nous éclatons de rire .

Bri: Allez ! Je te laisse à ton crâne. 

Ramona : bisous chérie, à plus.

Je raccroche.

Ça m'a fait un bien fou d'avoir pu discuter avec elle. J'en avais vraiment besoin.

Je me lève du tarmac, je laisse cinquante dollars et me dirige vers ma voiture.

Je suis décidée à avoir une vraie conversation avec Angela.

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