LOGINMara
Le réveil sonna à peine que je sautai du lit. J’étais déjà éveillée bien avant, la nervosité empêchant tout sommeil profond. Aujourd’hui, c’était différent. Pas un jour comme les autres. C’était… le rendez-vous avec Elias. J’avais encore du mal à y croire. Ce garçon me fascinait autant qu’il m’intriguait. Je ne savais pas ce que je cherchais en acceptant ce café avec lui. Mais j’y allais. Et mon cœur battait plus vite que d’habitude. Je pris une douche rapide, puis choisis une tenue sobre mais soignée : une robe fluide couleur crème, des petites boucles dorées et des sandales compensées. Je m’observai dans le miroir. J’étais simple, mais jolie. Suffisante pour un café, non ? Je descendis les escaliers d’un pas léger. Ma tante était dans le salon, comme d’habitude, en train de feuilleter un vieux magazine. — Tante, je sors, annonçai-je. Elle releva les yeux, ses lunettes glissant presque de son nez. — D’accord, mais ne rentre pas trop tard. Tes grands-parents, ceux de ton père, arrivent aujourd’hui. Ils resteront quelques jours à la maison. Je m’arrêtai net. — Quoi ? Depuis quand tu le sais ? Elle haussa les épaules. — Depuis quelques jours. Mais j’avais oublié de te le dire. Ce n’est pas bien grave, non ? Je plissai les yeux, mi-amusée, mi-agacée. — “Pas bien grave”... Ce sont mes grands-parents, quand même. Elle fit un petit geste vague de la main, comme si ce détail n’avait pas d’importance. — Humm... répondis-je simplement avant de m’éloigner. Je sortis de la maison et pris un taxi. Durant le trajet, je n’arrêtais pas de penser à ce que j’allais lui dire, à comment me comporter. Et s’il me trouvait trop banale ? Trop naïve ? Trop réservée ? Je secouai la tête. Pas la peine de me torturer. Je verrais bien. Arrivée à l’adresse qu’il m’avait indiquée, je descendis. C’était un petit restaurant chic mais discret, en bordure d’un jardin urbain. L’endroit respirait la tranquillité. Je pénétrai à l’intérieur et balayai la salle du regard. Là, au fond, je le vis. Elias. Il portait une chemise noire ajustée et un pantalon beige. Élégant. Raffiné. Il me fit un petit signe de la main, accompagné de ce sourire charmant que je commençais à reconnaître entre mille. Je m’approchai. Lorsqu’il se leva pour m’aider à m’asseoir, son regard se posa sur moi avec une douceur désarmante. — Tu es ravissante, dit-il en s’asseyant à son tour. — Merci... Tu n’es pas mal non plus, répondis-je en lui offrant un sourire sincère. On prit le menu. Le serveur arriva quelques minutes plus tard et, après avoir passé commande, notre conversation débuta. Elias était aussi bavard que galant. Il me faisait des compliments à chaque phrase, me disait à quel point il était content que j’aie accepté de venir, et surtout, il ne cessait de me regarder droit dans les yeux. C’était à la fois flatteur et perturbant. Quand nos plats arrivèrent, l’ambiance devint encore plus détendue. Entre deux bouchées, il me posait mille questions : — Tu aimes la lecture ? Les voyages ? Quel est ton plat préféré ? Tu es plus mer ou montagne ? J’essayais de répondre à tout avec sincérité, parfois un peu gênée par tant d’attention, mais aussi touchée. — Et toi ? demandai-je à mon tour. Qu’est-ce que tu fais exactement ? J’veux dire… pour avoir une Ferrari rouge un jour, une autre voiture le lendemain, et aujourd’hui, tu m’invites dans un resto super classe... Il eut un petit rire en baissant les yeux, comme s’il s’attendait à cette question. — Je suis un homme d’affaires. Disons que je travaille beaucoup. Trop, parfois. Et je récolte les fruits de ce travail. Rien de plus. Il éluda la question avec classe, mais sans trop de précision. J’aurais aimé en savoir plus. Mais bon… il avait peut-être ses raisons. Alors que je portais une cuillère de dessert à ma bouche, il sortit quelque chose de sa poche. Un petit écrin noir en velours. — Qu’est-ce que… ? murmurais-je. Il ouvrit la boîte et révéla un collier fin, délicat, avec un petit pendentif en forme de goutte d’eau sertie de pierres claires. C’était magnifique. Et probablement très cher. — C’est pour toi. J’ai vu ça et je me suis dit que ça t’irait parfaitement. Mes yeux s’écarquillèrent. — Non, Elias… Je ne peux pas accepter ça. C’est trop. — Si tu le peux. Et tu le feras. Parce que ce n’est pas une question d’argent, Mara. C’est une question de plaisir. Et moi, ça me fait plaisir de t’offrir ce bijou. Il me regardait avec tant de sérieux et de tendresse que j’en perdis mes mots. Finalement, je pris une profonde inspiration et attrapai doucement la boîte. — D’accord… merci. — Je peux te le mettre ? proposa-t-il. Je hochai la tête. Il se leva, contourna la table, et posa le collier autour de mon cou, ses doigts frôlant ma peau. Je sentis des frissons courir le long de mon échine. — Parfait, murmura-t-il. On termina notre café en discutant encore. De tout. De rien. De ce qu’on aimait. De ce qu’on détestait. De nos rêves et de nos regrets. En sortant du restaurant, je savais une chose : Elias était loin d’être un garçon ordinaire. Sur le chemin du retour, je me sentais légère, presque ailleurs. Elias m'avait proposé de me raccompagner et j'avais accepté. Dans la voiture, la discussion avait été plus calme que lors du repas, comme si chacun de nous savourait simplement le moment. Juste avant que je descende, il m'a lancé un regard doux, presque tendre. — À une prochaine fois, princesse. Je lui ai souri. — Avec plaisir, Elias. On s’est échangé une bise, et je suis descendue, encore un peu troublée par cette journée inattendue. J’étais à peine devant la porte que j’ai entendu des voix venant du salon. Des voix familières. Mon cœur a battu un peu plus fort. J’ai ouvert la porte doucement et, dès que j’ai posé un pied dans le salon, je me suis figée. — Mamie ! Papy ! Je me suis ruée vers eux, oubliant tout le reste. Ils étaient là, assis sur le canapé, leur présence réchauffant la maison entière. — Ma petite Mara ! Regarde comme tu as grandi, ma chérie ! Je les ai serrés fort dans mes bras, un sourire plaqué au visage. Rien ne me faisait plus plaisir que de les voir ici. On a discuté un peu, je me suis assise entre eux, toujours tout sourire. Mais ma tante est rapidement intervenue. — Mara, va donc préparer quelque chose pour tes grands-parents, ils viennent à peine d’arriver. J’ai tourné la tête vers elle, un peu surprise, mais je n’ai même pas eu le temps de répondre que ma grand-mère l’a devancée. — Mais enfin ! Pourquoi ce serait elle ? Elle vient juste de rentrer. Où sont les autres ? Elle avait toujours cette autorité naturelle, que personne n’osait contredire. Ma tante a haussé les épaules, l’air embarrassé. — Oui, j’ai oublié… Inès ! Viens ici, s’il te plaît ! Un soupir trainant s’est fait entendre depuis le couloir. Inès est arrivée lentement, comme si on l’avait forcée à sortir d’un rêve. — Oui… — Va préparer quelque chose pour tes grands-parents, ( pas biologique) s’il te plaît, dit ma tante. Inès a roulé des yeux discrètement, pensant que personne ne l’avait vue, mais ma grand-mère, elle, l’avait bien capté. — Une vraie princesse, celle-là… murmura-t-elle en secouant la tête. J’ai étouffé un rire et me suis contentée de croiser le regard de mon grand-père, complice silencieux de la scène.Mara La nuit tombait sur la villa, enveloppant les murs de cette lumière dorée qui me rappelait étrangement la chaleur d’un foyer. Pourtant, j’avais du mal à me sentir à ma place. Tout semblait trop calme, trop grand, trop beau pour moi. Je venais de ranger mes quelques affaires dans la commode de la chambre qu’il m’avait montrée. Un parfum d’orage planait dans l’air. Peut-être celui du ciel dehors… ou celui, invisible, qui nous liait depuis que j’avais posé mes valises ici. Un léger coup contre la porte me fit sursauter. — Entre, dis-je d’une voix hésitante. Elias apparut, vêtu d’un simple t-shirt noir et d’un pantalon de détente. Ses cheveux encore humides retombaient sur son front, et l’odeur de son parfum se glissa dans la pièce, subtile, presque enivrante. — Je voulais juste m’assurer que tu ne manques de rien, dit-il doucement. — Non, tout va bien. Merci… pour tout. Il resta là, sans bouger, les mains dans les poches, comme s’il cherchait quelque chose à dire mais n’
MaraLe moteur ronronnait dans la nuit, brisant le silence pesant qui s’était installé entre nous.Je regardais droit devant moi, les yeux secs, le cœur encore en flammes. Mes doigts tremblaient sur mes genoux, comme si la colère refusait de me quitter.Elias jetait de temps à autre un coup d’œil dans ma direction. Ses mains, fermes sur le volant, semblaient prêtes à tout contrôler — sauf moi.— Respire, dit-il doucement, sans détourner le regard.Sa voix grave vibra dans l’habitacle, apaisante, presque trop calme pour la tempête que j’étais devenue.— Je n’y arrive pas, murmurai-je. Pas encore.Il ne répondit pas tout de suite. Le silence reprit, entrecoupé seulement par le bruit du vent contre la carrosserie.Je fermai les yeux un instant, me revoyant face à Margo, ses cris, ses insultes, son regard de haine.— J’aurais dû partir depuis longtemps, soufflai-je.— Peut-être, mais tu l’as fait maintenant. C’est ce qui compte.Je tournai la tête vers lui. Les phares de la voiture projet
Mara Je rentrai à la maison le cœur léger, prête à faire mes valises. Elias m’avait proposé un nouveau départ, et pour la première fois depuis longtemps, j’avais l’impression que ma vie prenait enfin un sens. Mais à peine eus-je franchi la porte d’entrée que je tombai nez à nez avec ma tante. Son regard noir me glaça le sang. — Te voilà enfin, dit-elle d’un ton sec. Je me demandais à quelle heure rentrent les filles qui se prennent pour des dames alors qu’elles traînent avec des mafieux. Je restai figée, surprise par sa méchanceté. — Qu’est-ce que tu racontes ? Elle s’avança, les bras croisés, le visage déformé par la colère. — Ne joue pas l’innocente, Mara ! Les gens parlent dans le quartier. Ils disent que tu montes dans une voiture blanche, celle d’un homme dangereux, riche, un vrai bandit ! Tu fais la pute avec un mafieux ! Cette fois, quelque chose se brisa en moi. Tout ce que j’avais retenu pendant des années, toute la douleur, la rage et les humiliations refoulées, jail
Mara Je descends lentement les escaliers, la main glissant sur la rambarde froide, le cœur battant plus vite que je ne veux l’admettre. La villa est calme, bercée par la lueur tamisée des lampes suspendues au-dessus du grand salon. Elias est là, vêtu simplement, chemise légèrement ouverte, l’air concentré à disposer les assiettes sur la table. Sophia, elle, s’affaire à la cuisine, un sourire doux accroché à ses lèvres. — Tu arrives au bon moment, dit-elle en se tournant vers moi. Le dîner est presque prêt. Je hoche la tête, sans trouver les mots. L’odeur de pâtes fraîches et de sauce au vin flotte dans l’air. L’ambiance a quelque chose d’étrangement paisible, presque normale… comme si tout n’était pas en train de s’effondrer autour de moi. Elias m’adresse un regard bref, puis un sourire discret. — Assieds-toi, on mange dans cinq minutes. Je m’exécute, observant la scène. Sophia parle un peu, de tout et de rien, tentant visiblement de détendre l’atmosphère. Elias, lui, ga
Elias La salle de réunion baignait dans une lumière tamisée. L’odeur du cigare, le bruit sec des verres qu’on posait sur la table, les chuchotements graves des hommes de la mafia… tout formait une atmosphère lourde, presque suffocante. Je restai silencieux, assis en bout de table, observant les visages familiers de mes associés — des hommes puissants, dangereux, qui ne connaissaient ni la pitié ni la faiblesse. Devant moi, des dossiers s’étalaient : chiffres, noms, cargaisons, accords avec des partenaires à l’étranger. Rien que du concret. Rien d’humain. — Elias, fit l’un des hommes, un vieux requin nommé Don Matteo, tu es sûr que ce nouvel itinéraire est sécurisé ? Je hochai la tête. — Oui. J’ai déjà fait placer deux de mes hommes sur le terrain. Aucun risque. Un autre ajouta : — Et le port de Naples ? Les douaniers commencent à poser trop de questions. Je pris une gorgée de whisky avant de répondre, ma voix calme, mais ferme : — Les douaniers seront réglés avant la fin de
MaraLe lendemain matin, je me levai avec les paupières lourdes, les yeux encore gonflés d’avoir trop pleuré. La nuit avait été longue, étouffante. J’avais tourné encore et encore dans mon lit, revivant les mots cruels de Kelly, le regard accusateur de ma tante.Mais je devais aller travailler. Parce que, quoi qu’il arrive, il fallait que je tienne debout.Je pris une douche rapide, attachai mes cheveux en chignon et enfilai mon uniforme. Mon reflet dans le miroir me fit pitié : un sourire forcé, des cernes, et ce regard vide que je détestais.Je pris une profonde inspiration avant de sortir.Là où je travaillais était déjà animé ,les clients pressés, les commandes qui s’enchaînaient… tout semblait normal, presque rassurant.Pendant quelques heures, j’oubliai un peu ma vie. Je souris, je servis, je ris même avec mes collègues.Mais dès que la porte du café se referma derrière moi en fin de journée, la réalité me rattrapa comme une gifle glacée.Je n’avais pas envie de rentrer.Pourtan